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Prophétie

Prophétie

Titel: Prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom , Georges-Michel Sarotte
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agir volontairement à marée basse, dit Barak. Comme en ce moment. Quand la marée est montée sous la glace, l’eau rougie par le sang a dû passer dessous, recouvrir la berge et se déverser dans la mare. »
    La marée… De l’eau changée en sang. Ces termes résonnaient dans ma cervelle, comme lorsque l’intendant avait parlé d’une « fontaine de sang ». Je connaissais ces formules. Mais d’où venaient-elles ?
    Barak se pencha tout près de nous. « Ne tournez pas la tête, mais quelqu’un est en train de nous regarder. Un court instant, sur une élévation de terrain derrière nous, j’ai vu une tête se profiler contre le ciel. Le vieil homme avait raison.
    — Tu en es sûr ? demandai-je.
    — Je vais lui courir après ! s’écria-t-il, ses yeux retrouvant leur éclat.
    — Ce sont des marécages, lui dis-je en posant la main sur son bras. Tu n’as aucune idée de la profondeur de la boue et de l’eau.
    — Je vais tenter le coup, répliqua-t-il en s’élançant sur le sentier, avant de s’enfoncer dans les roseaux. Il y eut un grand éclaboussement et l’eau lui monta jusqu’aux cuisses, mais il continua à avancer en pataugeant. À une centaine de coudées un coteau tapissé de vert se détachait sur la mer et, l’espace d’un instant, je vis une tête se profiler dans le ciel gris, avant de disparaître.
    « Je vais le suivre », dit Harsnet. Force me fut d’admirer la façon dont le coroner se jeta dans les roseaux à la suite de Barak, la boue éclaboussant son beau manteau. Je l’imitai, le souffle coupé par le choc de l’eau glaciale contre mes jambes.
    Devant nous Barak monta sur la terre ferme et s’immobilisa, le ciel en toile de fond, puis lança un coup d’œil alentour. « Merde ! » hurla-t-il.
    Je suivis Harsnet et grimpai sur le petit coteau. Barak parcourait du regard les marécages constellés de cahutes de maraîchers, mais entre elles et nous s’étendait seulement un vaste champ de roseaux se balançant dans le vent.
    « J’avais cru qu’en montant sur le coteau j’aurais pu le voir ! dit Barak. Il a disparu.
    — Mais vers où s’est-il enfui ? fit Harsnet en fixant l’immenseespace vide. Il ne s’est écoulé que quelques minutes à peine et on devrait le voir courir.
    — Je suppose qu’il est tapi quelque part dans les roseaux, dis-je. C’est la cachette idéale.
    — Alors il ne nous reste plus qu’à attendre ! lança sèchement Harsnet. Personne ne peut rester longtemps couché parmi ces roseaux. L’eau est glaciale.
    — Regardez ! » s’exclama Barak en désignant quelque chose sur le sol. C’était une simple paillasse. Il posa la main dessus. « Elle est encore chaude. Il est resté allongé dessus pour nous regarder.
    — Ce qui veut dire qu’il savait que nous allions venir, dit Harsnet, les sourcils froncés. Mais comment ? » Ses yeux errèrent sur les marais, guettant le moindre mouvement. Mais on ne voyait rien. Je frissonnai. Le meurtrier était-il en train de nous épier, tapi là, dans l’eau et la boue glaciales ? Harsnet prit une profonde inspiration. « Je ne vais pas bouger d’ici jusqu’à la tombée de la nuit… Ah bien, vous avez apporté votre épée », ajouta-t-il en s’adressant à Barak.
    Celui-ci regarda le ciel, qui était devenu plus gris. « Il me semble qu’il va pleuvoir.
    — Tant mieux, car cela va le forcer à sortir de là. »
    Nous attendîmes tous les trois, surveillant les marais à nos pieds. De temps en temps, un oiseau aquatique s’envolait dans un bruit d’ailes, mais, à part cela, nous n’aperçûmes aucun mouvement, même lorsque nous fûmes tous trempés par une violente averse. Je me sentais de plus en plus mal à l’aise et mon dos me faisait souffrir. La situation de quelqu’un accroupi dans ces marais devait être encore plus inconfortable.
    Harsnet me jaugea du regard, pensant sans doute que je ne serais pas de grande utilité dans une bagarre. « Rentrez, me dit-il. Barak et moi pouvons faire face à la situation. » Barak s’était assis sur la paillasse mais le coroner se dressait tout droit, tel un roc.
    « Souhaitez-vous que j’ailler chercher du renfort ? demandai-je. Pour faire ratisser les roseaux ?
    — Non. Il pourrait se trouver n’importe où là-dedans. L’opération risquerait de durer plusieurs heures. Nous allons attendre qu’il se déplace. Si Barak peut demeurer avec moi.
    — Bien sûr. »
    Les laissant faire le

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