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Prophétie

Prophétie

Titel: Prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom , Georges-Michel Sarotte
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S’il vous plaît, maître Shawms, refermez le guichet ! »
    Celui-ci opina du chef, referma le panneau et se tourna vers moi. « Vous voyez ! Il vous grifferait le visage s’il le pouvait. Sa famille paie pour qu’on le garde ici. Autrement, Dieu seul sait ce qu’il risquerait de faire. Bon. Je vais vous conduire auprès du Dr Malton. Je l’ai fait attendre dans le parloir pour distraire les patients. Ceux qu’on met là vont bien, précisa-t-il. Ils sont pas violents. » Je lui emboîtai le pas, toujours sous le coup de la brutale tentative d’agression de l’Érudit.
     
     
    Le parloir était plein ce jour-là. La vieille Cissy cousait dans son coin, tandis qu’assis à une table un homme et deux femmes jouaient aux cartes. La scène paraissait plutôt normale. Je notai l’absence d’Ellen, lagardienne qui s’était occupée de Cissy la fois précédente et qui m’avait expliqué qu’elle ne quitterait jamais Bedlam. Je fus déçu, car elle m’avait intrigué. Guy était assis sur un tabouret près de l’âtre, insoucieux des regards curieux que lui décochaient Cissy et les joueurs de cartes, ses mains brunes nouées devant lui. Comme à son habitude lorsqu’il se trouvait parmi des gens qui risquaient d’être hostiles, il semblait s’être tranquillement replié sur lui-même.
    « Merci d’être venu, Guy. Je vous ai fait attendre ?
    — Je suis arrivé de bonne heure, répondit-il avec un aimable sourire. Les pensionnaires me trouvent intéressant, semble-t-il.
    — Bon. Allons voir Adam ! » Je me dirigeai vers la porte, désireux de le soustraire aux regards indiscrets. C’est alors qu’une des deux joueuses de cartes, une grande femme âgée d’une quarantaine d’années, se mit sur pied d’un bond, envoyant dinguer sa chaise dans un grand fracas, ce qui me fit violemment sursauter.
    « Jane… » L’autre femme lui attrapa le bras, mais elle s’arracha à son emprise et se planta devant nous. À mon grand étonnement, elle se pencha en avant, saisit le bas de ses jupes, les souleva et révéla ses parties intimes couvertes de poils gris sur une peau blanche, tout en nous fixant d’un œil égrillard.
    « Vous ne pouvez pas partir sans avoir vu cela ! lança-t-elle en riant à gorge déployée.
    — Quelle honte ! Quelle atroce impudeur ! » s’écria Cissy dans son coin. Les deux autres joueurs de cartes saisirent les bras de Jane pour faire retomber ses jupes, tandis qu’elle continuait à rire aux éclats.
    « Venez », me dit Guy en posant une main sur mon bras. Nous sortîmes du parloir.
    « Grand Dieu ! » fis-je.
    Derrière nous, comme les autres patients la réprimandaient, la traitant de friponne et de vile catin, les éclats de rire de Jane se changèrent en sanglots.
    « Pendant que j’attendais, derrière le regard curieux de tous ces gens je percevais la souffrance dans cette pièce.
    — Vous allez voir quelque chose de pire… Shawms ! » appelai-je.
    Le chef gardien ne reparut pas, mais Ellen émergea d’une pièce toute proche, un trousseau de clefs accroché à la ceinture de sa blouse grise. Elle dévisagea Guy quelques instants, avant de se tourner vers moi.
    « Que se passe-t-il, monsieur ? Quel est ce bruit dans le parloir ?
    — L’une des femmes s’est… (Je me sentis rougir.)… exhibée…
    — C’est Jane, j’imagine, soupira-t-elle. Vous êtes venu voir Adam Kite ? Je vais vous faire entrer chez lui et il faudra ensuite que je me rende au parloir. »
    Elle nous conduisit à la cellule d’Adam, tira le guichet, regarda àl’intérieur, avant de déverrouiller la porte. On entendait des prières murmurées à toute vitesse.
    « Il est comme d’habitude, monsieur, dit-elle. Bon. À présent je dois m’occuper des autres. » Elle repartit en direction du parloir après avoir esquissé une brève révérence et étouffa le brouhaha en refermant la porte. L’Érudit enchaîné semblait s’être calmé.
    « Une gardienne ! s’émerveilla Guy. Tout à fait remarquable.
    — Elle, au moins, paraît être gentille avec les patients. Elle m’a mis en garde contre Shawms. Mais il est temps d’entrer. Je vous préviens, c’est peu… ragoûtant.
    — Je suis prêt », répondit-il d’un ton serein.
    Je passai devant. La notification du tribunal avait porté ses fruits : il régnait une odeur plus agréable dans la chambre, les joncs du sol avaient été changés et Adam avait des vêtements propres.

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