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Prophétie

Prophétie

Titel: Prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom , Georges-Michel Sarotte
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de jusquiame. « Merci. Tu as travaillé vite et bien. »
    Alors qu’il s’apprêtait à sortir, je le rappelai. Me levant, je plantai sur lui un regard sévère.
    « Votre maître et moi discutions d’une affaire d’État. Si vous soufflez le moindre mot hors de ces murs sur ce que vous avez entendu ici, vous échouerez à la prison de Fleet Street ou à la Tour, et c’est moi qui vous y aurai fait envoyer, même si je dois m’y retrouver moi-même.
    — Je n’ai pas entendu grand-chose, répondit Piers, d’un ton à la fois humble et plein de reproche. Mais je promets de ne rien dire, monsieur. Je le jure.
    — Alors, tenez bien votre promesse, mon garçon !
    — Tu peux disposer, Piers », dit Guy d’un ton las. L’apprenti inclina le buste et referma la porte derrière lui.
    « Je répète que vous le laissez prendre trop de libertés, Guy.
    — Cela ne regarde que moi ! rétorqua-t-il, avant de secouer la tête.Désolé, je suis troublé par les horribles choses dont nous avons parlé. Je vais m’assurer qu’il se taira.
    — Il le faut, Guy. »
    Il resta coi, tandis que je m’absorbais dans mes pensées. Pendant que Guy lui faisait des reproches, j’avais constaté que son apprenti l’avait regardé, non pas avec humilité, mais avec un air de froid défi. J’avais l’impression que, pour quelque mystérieuse raison, Guy avait peur de lui.
    ----
    1 . Voir Dissolution , de C. J. Sansom, Belfond, 2004.

16
    J e remontai à cheval et regagnai Lincoln’s Inn . Le soleil me réchauffait le visage, et le vent était agréable pour la première fois de l’année. D’habitude, j’appréciais l’arrivée du printemps, surtout après un hiver aussi rude que celui que nous venions de subir, mais, vu les visions d’horreur qui m’assaillaient, ce jour-là le beau temps semblait me narguer. Il ne fallait pas que je me laisse abattre ! Je réfléchis à la façon dont les terribles histoires de meurtres que Guy avait étudiées l’avaient ébranlé jusqu’au plus profond de lui-même. Puis je pensai à Piers et à mon étrange impression que Guy avait, pour une raison ou une autre, peur de lui. S’il était tout à fait compréhensible que Guy voie en lui une sorte de disciple, voire de successeur, j’avais néanmoins le sentiment que le jeune homme utilisait Guy, comme un enfant gâté manipule sans vergogne un parent trop indulgent.
    Passant sous le grand portail, je pénétrai dans Lincoln’s Inn et confiai Genesis au palefrenier. Je me rendis tout de suite à l’appartement de Dorothy. Margaret m’ouvrit la porte et m’apprit que Dorothy était sortie, accompagnée du vieil Elias, afin d’organiser l’enterrement de Roger. Je lui demandai alors d’envoyer Elias me chercher à leur retour, soit à la bibliothèque, soit dans mon cabinet.
    M’efforçant de me convaincre que l’angoisse qui m’étreignait était sans fondement, je me dirigeai vers la bibliothèque de Lincoln’s Inn. J’avais beaucoup de travail en retard, d’autres audiences devant avoir lieu à la Cour des requêtes le lendemain, mais je souhaitais d’abord effectuer une certaine recherche.
    Le dimanche, Gatehouse Court était très calme et on ne voyait âme qui vive. Soudain j’aperçus une silhouette vêtue de noir qui se dirigeait vers moi. C’était Bealknap revenant de son cabinet. De près je constatai qu’il avait plus mauvaise mine que jamais. Pâle, fiévreux, les yeux injectés de sang, il était hors d’haleine après ce court trajet.
    « Salut, Bealknap ! » lançai-je. Je le plaignais de n’avoir comme médecin que cet arrogant imbécile d’Archer. Malgré les traitements, il souffrait toujours.
    « Vous avez détruit ma réputation d’avocat ! siffla-t-il, dissipant ainsi tout sentiment de compassion.
    — Pardon ?
    — Vous auriez pu m’aider à propos de ce document que j’avais omis de faire enregistrer par le greffier. Vous savez que j’ai été malade, mais en refusant de m’aider, vous m’avez fait perdre mon meilleur client. Sir Geoffrey Coleswyn espérait tirer profit de cette propriété. Il va prévenir tous les propriétaires terriens qu’il connaît.
    — Dieu du ciel, mon ami ! m’écriai-je, agacé. Ne soyez donc pas ridicule ! C’était votre faute.
    — J’ai construit ma réputation sur mon habileté à faire expulser les mauvais locataires et ceux qui s’installent chez les autres sans autorisation, autrement dit les gens que vous

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