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Prophétie

Prophétie

Titel: Prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom , Georges-Michel Sarotte
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provoqué moult moqueries et sarcasmes.
    Je rédigeai une longue missive à l’intention de Harsnet et l’apportai au portier, le priant de la lui faire remettre de toute urgence. Je jetai un coup d’œil à Chancery Lane, regardant les rares passants et me rappelant la vive impression que j’avais ressentie un peu plus tôt d’être suivi. Comme je revenais à mon cabinet, j’aperçus le vieil Elias qui marchait rapidement vers moi. Dorothy était rentrée. Je retraversai Gatehouse Court en compagnie du serviteur. Au moment où je passai devant la fontaine, je tentai de chasser de ma tête les crimes de Strodyr et des autres meurtriers. Avec une certaine difficulté, puisque Roger était la victime, semblait-il, d’un tel individu.
     
     
    Margaret me fit entrer dans le salon. Toujours vêtue de noir, Dorothy était assise à sa place habituelle, près de la cheminée, sous la frise en bois. Je fus ravi de la voir occupée à broder de petites fleurssur une robe et d’apercevoir un peu de couleur sur ses joues. Elle leva les yeux et me sourit.
    « Comment vas-tu ? demandai-je doucement.
    — La vie doit continuer, n’est-ce pas ? Même si Roger n’est plus, la pendule continue à égrener les heures.
    — En effet.
    — Samuel arrive demain. Et j’ai prévu l’enterrement pour mardi. Aujourd’hui, cela fait une semaine que Roger est décédé.
    — Je le sais.
    — J’essaie de m’occuper. Je brode, comme tu le vois. Et j’ai surveillé les préparatifs d’un bon repas. Pour te remercier de tout ce que tu as fait pour moi.
    — Ce n’est pas grand-chose, Dorothy. La quantité de dossiers que j’ai à traiter m’empêche de me charger d’un seul de ceux de Roger, mais Bartlett m’a remis une liste d’avocats qui le peuvent, et ce sont des hommes de bien.
    — Parfait. Je vais avoir, en effet, besoin de cet argent. L’intendant est venu me voir aujourd’hui. Il s’est répandu en condoléances, tout en m’indiquant qu’un nouvel avocat allait être recruté et qu’il allait s’installer dans cet appartement.
    — Disposes-tu d’assez d’argent pour louer une maison ? Sinon, je peux… »
    Elle leva la main. « Non, merci, Matthew. Roger était un homme prudent et nous avons assez d’économies pour que je vive, en faisant attention. Mais je ne sais pas où je vais m’installer. Dans sa lettre, Samuel suggère que je retourne à Bristol.
    — Tu en as l’intention ? » La pensée manqua de me faire défaillir.
    « Je n’en sais rien, répondit-elle, après un brève hésitation. As-tu des nouvelles ?
    — L’enquête progresse. Je crains de ne pouvoir en dire plus.
    — Sais-tu pourquoi Roger a été tué ? demanda-t-elle, chuchotant presque.
    — Non. Toutefois, Dorothy… » J’hésitai, puis repris : « Nous savons maintenant que cet individu a tué trois hommes. Tous les trois victimes de quelque atroce rituel. Tant qu’il est libre, je crois… Je crois que tu ne devrais pas sortir seule.
    — Tu penses que ma vie est en danger ? fit-elle du même ton.
    — Non. Mais… autant prendre des précautions. » Elle fixa sur moi un regard grave puis hocha la tête. Une bouffée de colère monta de nouveau en moi en pensant à ce qu’on leur avait fait, à elle et à Roger.
    Un valet apparut, chargé d’un grand plateau de viandes et de sauces odorantes. Nous passâmes à table.
    « Voilà, fit-elle. C’est une selle d’agneau. Quelle joie que le carêmesoit terminé ! Il paraît qu’on arrête des bouchers qui ont vendu de la viande durant cette période.
    — C’est exact.
    — Je ne suis pas allée à l’église aujourd’hui. J’avoue avoir du mal à éprouver un autre sentiment que la colère envers un Dieu qui permet qu’une telle chose arrive à un homme aussi vertueux que Roger. Penses-tu que je blasphème ?
    — Non. Je te comprends. Moi non plus je n’y suis pas allé. Même si, soupirai-je, on pourrait te répondre que ce n’est pas la faute de Dieu si l’une de ses créatures utilise son libre arbitre pour commettre un aussi atroce péché. »
    Elle eut un petit sourire sardonique. « Réponse fort raisonnable. Mais la raison n’a rien à voir avec ce que je ressens en ce moment. Nul doute que la prière m’aiderait, mais je suis trop en colère pour prier. Peut-être qu’avec le temps…, conclut-elle en fronçant les sourcils.
    — Certes. Quand tu seras prête. » Je me sentais hypocrite car je priais rarement

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