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Quelque chose en nous de Michel Berger

Quelque chose en nous de Michel Berger

Titel: Quelque chose en nous de Michel Berger Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Yves Bigot
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sans un mot, sans autre préavis que ces chansons confessions, vitrines béantes sur son cœur en manque.
    Encore une fois, c’est Bernard de Bosson qui est au cœur de l’imbroglio. « J’étais très copain avec Steve Stills, que j’avais connu quand j’étais encore chez Barclay. Il était venu à Paris avec Ahmet Ertegun, flanqué d’un jeune assistant de vingt ans, déjà manager de Crosby, Stills and Nash, David Geffen. Le lendemain, je l’emmène dîner à la Montagne-Sainte-Geneviève, chez Boris. Pendant tout le repas,Steve me fait la gueule parce que j’ai l’air d’un jeune cadre dynamique avec ma mallette et mon costard. Je lui demande pourquoi il me tire la tronche, et finalement, il m’emmène boire des coups au Plaza Athénée – c’est là que j’ai vraiment bu du whisky pour la première fois –, me joue de la guitare en open tuning de folie jusqu’à six heures du matin. Il avait besoin de parler, d’un psy ; il en a toujours eu besoin. On s’est acolyté, à tel point que par la suite il revenait même spécialement à Paris me faire entendre les mix de Crosby, Stills and Nash. Le 25 février 1972, il prépare sa tournée en Europe avec Manassas, son nouveau groupe, qui débute au Concertgebouw d’Amsterdam le 22 mars et m’appelle. Il a trois jours off et veut me voir. Au bureau, je lui fais écouter le test-pressing d’ Amoureuse . Il devient fou : “Il n’y a aucune fille comme ça chez nous, ni Joni, ni Judy.” Il sait de quoi il parle, ayant eu avec chacune le même type de relation que Michel avec Véronique. Il la trouve insensée, est déjà dingue d’elle, alors qu’il n’a même pas vu de photo d’elle, ni rien. On va bouffer tous les deux, et lorsqu’on revient, on monte au troisième étage où se trouve mon bureau. Et là, qui croisons-nous ? Jean-Pierre Leloir et Véro, qui reviennent de son tout premier reportage photo ! Steve devient fou en la voyant, et elle pareil. Ils sont tous les deux sur le toit. Je les installe dans mon bureau, sur le canapé à côté du piano, où on les photographie ensemble, le cœur déjà battant. »
    Plusieurs années plus tard, à l’hôtel Warwick, j’ai demandé à Stills ce qui l’avait pareillement affecté, musicalement, chez cette petite Parisienne : « Elle avait une main gauche de folie, de pianiste de blues accomplie, sur laquelle se posait sa voix haute, tellement originale, avec ce vibrato rythmique allongé étonnant. »

    Le 27 mars 1972, quand il se produit à l’Olympia après avoir rencontré son destin sur les Champs-Élysées, Stephen Stills est au sommet de ses immenses pouvoirs, superstar mondiale à la tête de ces Beatles américains et adultes que seraient CSNY, guitariste, organiste, pianiste, auteur, compositeur, producteur, chanteur à la raucité de bluesman prenante. Il vient coup sur coup de publier deux albums solo dont le premier, qui porte son seul nom, est un authentique chef-d’œuvre réunissant autour de lui Jimi Hendrix, Eric Clapton, Booker T. Jones, David Crosby, Graham Nash, John Sebastian, Ringo Starr… Texan, élevé dans le Sud (Floride, Louisiane) et en Amérique latine (Costa Rica, Panama) où son père militaire est muté, il ne s’aime pas mais se pousse du col en toute occasion, possède un tempérament de feu, explosif, impatient, facilement irascible, stakhanoviste et invraisemblablement talentueux. S’il était mort cette année-là, on parlerait aujourd’hui de « Captain Manyhands » comme l’ont affectueusement surnommé David Crosby et Graham Nash, tant il veut – et sait – tout faire, avec la même révérence que de Jimi Hendrix ou Frank Zappa. Ses histoires d’amour ratées avec Judy Collins (« Suite : Judy Blue Eyes », « You Don’t Have to Cry », « So Begins the Task »), puis Rita Coolidge (« Cherokee », « Sit Yourself Down », « The Raven », « Sugar Babe ») ont alimenté son répertoire, mais lui ont brisé le cœur. Pour un hippie, il s’habille relativement conservativement, héritage de sa stricte éducation sudiste, et sans être beau, il est très séduisant avec ses épaisses rouflaquettes et ses longues mèches blondes tirant sur le roux qui ne parviennent pas à masquer un début de calvitie précoce (il a vingt-sept ans) et un sourire amusé, touchant, égayé par une incisive de traviole.
    Véronique ne peut être insensible à son charisme, son charme sudiste, l’énergie folle qui irradie de lui, rock star, guitar hero,

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