Quelque chose en nous de Michel Berger
au pieu avec Steven Stills. J’ai quitté ma vraie copine avec un mec et je la retrouve avec un autre six heures après ! “Je te présente Steve. On a faim, on a envie d’aller bouffer.” Je les emmène au Sherwood, au début de la rue Daunou, entre l’Olympia et la place de l’Opéra sur le boulevard des Capucines, qui servait toute la nuit, au sous-sol. On s’assoit tous les trois vers quatre heures. Il est question du départ du lendemain. Je ne comprends pas de quoi il s’agit dans un premier temps. Elle m’éclaire. “Bernard,Steve voudrait que je parte aux États-Unis avec lui demain, mais je ne suis pas sûre, tu comprends, c’est compliqué, maman, etc.” Le ton monte un peu et, à un moment, l’autre sort un couteau de sa botte, le lui met sous la gorge et lui dit : “Tu es ma femme, tu pars avec moi, point barre.” Le lendemain, Michel m’appelle à huit heures. “Tu sais où est Véronique ?” Faux-cul, je lui dis : “Je sais pas, vieux. – Ah bon, tu sais pas ? – Ben non, je sais pas.” Comme je sentais qu’il était très perturbé, très triste, qu’il n’allait vraiment pas bien, je suis parti le rejoindre rue de Prony où ils devaient s’installer ensemble. Je passe une fin de matinée douloureuse avec Michel. “Tu sais pas où elle est ? Il faut absolument qu’on la trouve.” Nicoletta lui avait donné de la thune pour qu’elle puisse se casser. Benoît Gauthier, chez Warner, a arrangé sa fuite et son accueil à New York. »
Pour ceux qui les aiment et les connaissent, c’est la stupéfaction. Avec une nuance. « Ce qu’il faut savoir, explique de Bosson, c’est qu’ils se sont quittés souvent. Ils ont passé deux ans et demi ensemble, sans être tout le temps ensemble. Véronique a commis toutes les pires turpitudes dans sa vie amoureuse débridée, toujours avec la complicité totale, permanente, pérenne et viscérale de sa mère, qui était au courant de tout. Mais, là, même elle n’est au courant de rien. C’est la panique totale pendant trois jours. Mais la famille Sanson alerte ses réseaux politiques, Interpol, et, à trois heures du matin, la mère de Véronique m’appelle. “Ça y est, on l’a retrouvée. Elle est avec Steve à New York, au Plaza, où le consul de France l’a localisée, et s’est pointé, pour entendre Véronique lui dire : Je suis là de mon plein gré. ” »
C’est une femme libre, qui veut aller jusqu’au bout de ses rêves, de ses possibilités, qui se libère sans même s’en rendre compte, n’a effectivement« Besoin de personne », renaît à chaque aventure, comme la Bardot scandaleuse de Et Dieu créa la femme . Moderne, indépendante, dangereuse, vibrante, comme les déesses du Panthéon, menaçante autant que menacée par l’accomplissement inévitable de son destin.
Michel est effondré. « Une flaque », résume de Bosson. Ce dernier n’est pas non plus au mieux. Sa chanteuse a mis les voiles en pleine promotion d’un deuxième album qui, déjà tiré par un tube en cours (« Comme je l’imagine ») et lancé sur la dynamique du précédent, doit être celui de l’installation au firmament de la nouvelle star Filipacchi, qui incarne à elle seule toutes les jeunes valeurs maison de modernité, d’authenticité et de musicalité.
« C’était un enfer, se souvient de Bosson. Michel et elle devaient se marier, mais elle avait écrit “Comme je l’imagine” pour Steve, on l’entendait à la radio toute la journée depuis septembre, je faisais le grand écart en permanence, j’étais mal. Je n’étais pas formé à ça ! Mais je m’impliquais tellement dans le rapport humain avec mes artistes que nous avions créé une ambiance incroyable, comme une vraie famille, avec Michel Jonasz, Jean-Pierre Castelain, Thierry Matiozek. On écoutait des disques avec Michel toute la journée, on formait une équipe très soudée. Et là, gros problème. Michel se retrouve dans un état pas possible, presque suicidaire. Je le voyais tout le temps. C’est alors que je lui ai fait enregistrer son premier album chez nous. Jean-Marie Périer aussi a été très important pour lui à l’époque. » Il est présent, en effet, comme sa sœur Anne-Marie, que Franka remplaçait à l’antenne de « Salut les copains », dans la rubrique « Belles, belles, belles ». « Michel était liquide, effondré. J’essayais de le distraire. »
Michel s’est enfermé seul dans l’appartementhaussmannien tout blanc de la rue
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