Quelque chose en nous de Michel Berger
lors des mêmes séances, la jolie bossa-nova « Clapotis de soleil », « Une odeur de neige », « Panne de cœur » et une nouvelle version de « Maria de Tusha » qui confirme l’option avant-gardiste, ne verront le jour que beaucoup plus tard. Comme cela arrivera ensuite à Trust et à Patricia Kaas, Pathé n’autorise à Véronique qu’un 45 tours pour trouver le succès, sinon basta ! On lui rend donc son contrat.
C’est à ce moment-là que Bernard Saint-Paul débarque chez Pathé Marconi. « J’ai passé deux ans à côtoyer Michel. Je matais sa gonzesse, on allaitmanger ensemble au café. Il était pète-sec. Assez condescendant. Distant, très maniéré. Tout sauf un mec sympa. Mais très discret. Je sentais qu’il était fou amoureux. Véronique, elle non plus, ne jouait pas. Ils étaient indécollables. »
Véronique sera ensuite de l’aventure Jeremy Faith, signant du nom de sa grand-mère maternelle, L. Lucas, le titre « Tomorrow Will Be the Day » où elle donne la réplique au Messie autrichien. Elle contribuera également à une autre production Berger, le 45 tours du « percu-sionniste » comme il se définit malicieusement, Marc(us) Kraftchik, « Love Song (I Believe in Love) ». On l’entend dans les chœurs et elle écrit les paroles de la face B sur une musique de Bernholc, « Listen My Friend », ses mois de pensionnat près d’Oxford à jouer de la guitare dans un pub soudain convoqués. Kraftchik, qui restera toujours leur ami, se souvient de cette expérience pour laquelle Michel Berger, jamais à court d’idées promotionnelles, le fait passer pour un Lord anglais en cavale. « J’étais pote d’enfance avec Michel Bernholc et je connaissais Jean-Pierre Tricard, le mari de Violaine. Et un soir on s’est tous retrouvés à table. Véronique et Michel étaient déjà inséparables. Il cherchait des musiciens pas chers pour accompagner Véronique lors de sa première scène à la Tour Eiffel. J’étais tellement fauché que je n’avais même pas les cinq francs nécessaires pour prendre l’ascenseur jusqu’au premier étage. Michel m’incitait à devenir l’assistant de Véronique. Il me disait : “Regarde, fais comme Carlos avec Sylvie Vartan.” Incidemment, on a fait ce 45 tours qui était prévu au départ pour une fille que Michel avait vue dans un spectacle à Londres, mais qui, comme souvent les très jeunes artistes, s’est retrouvée tétanisée en studio et n’assurait pas du tout. Moi, je chantais juste et, ayant vécu enAngleterre en 1964-65, puis aux États-Unis, possédais un anglais correct. En studio, il était assez dur, comme toujours. Très précis et sachant vraiment ce qu’il voulait. C’était spécial, il avait un son, un discours qu’on ne connaissait pas vraiment au sortir d’une époque yéyé énorme. Il était très précieux, sophistiqué. Pour lui, la musique était le seul moyen de délivrer un message, c’était ça son truc. C’était un mec assez droit. Il avait la chance de manier musique et business, il savait compter tout en ayant un grand sens artistique. Il était très balèze pour le marketing et les idées de lancement. Il était très doué, Michel, c’est clair. On n’en a pas vendu beaucoup, mais on a bien rigolé. »
Paru sous la prestigieuse marque Atlantic, « I Believe In Love » est, avec Amoureuse , l’une des premières productions de Michel pour le tout nouveau label lancé par Daniel Filipacchi, filiale française de l’étiquette new-yorkaise prestigieuse des frères Ertegun, Ahmet et Nesuhi. C’est Bernard de Bosson, pianiste de jazz et responsable du catalogue international chez Polydor, puis chez Barclay, qui est chargé de diriger Kinney-Filipacchi (bientôt WEA, soit Warner Elektra Atlantic).
« J’avais déjà engagé Jean-Pierre Orfino, guitariste des Pirates, mari de la chanteuse Jeanne-Marie Sens, comme directeur de production. Daniel Filipacchi, qui parle toujours avec des codes, me dit très vite : “Tu devrais aussi engager un garçon que nous aimons bien et qui écrit des belles chansons mais ne fera sans doute jamais carrière de chanteur.” On s’était installés au 70, Champs-Élysées, trois cent cinquante mètres carrés de bureaux en face de ceux de Daniel au 65, du beau côté de l’avenue. Huit jours après notre arrivée, en janvier, un incendie monstrueux se déclare en face, et tout le monde se retrouveentassé chez nous. Nous voilà avec des tréteaux et des planches en
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