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Quelque chose en nous de Michel Berger

Quelque chose en nous de Michel Berger

Titel: Quelque chose en nous de Michel Berger Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Yves Bigot
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de Prony, à deux pas de sa mère, de sa sœur et, toujours, du parc Monceau. Il s’y morfond, tourne en rond, dévide son mal de vivre sans elle dans des chansons. Marc Kraftchik s’angoisse pour son ami. « Avec Bernholc, on habitait rue de Prony chez Michel, où tout était blanc, même le piano : on avait peur qu’il pète les plombs méchamment. Il a perdu cinq kilos en quarante-huit heures, une transformation physique immédiate. C’était un personnage assez compliqué dans une vie assez compliquée avec Véro. Pour lui la musique, c’est sérieux, il n’arrêtait pas de nous demander d’arrêter de déconner. Il marchait assez droit, mais Véro l’a rendu dingue. C’était une petite, mais extraordinaire, infernale. Il s’inquiétait beaucoup de sa santé : elle avalait des antibiotiques avec du bordeaux, sans sourciller ; lui ne prenait même pas un cachet d’aspirine. Je connaissais les circuits où elle traînait avec l’équipe. Michel sortait assez peu, écrivait beaucoup. Le piano pour lui à l’époque, c’était pas facile, facile. Bernholc lui servait de traducteur. Michel était maniaque, ça ne rigolait pas. Il a toujours eu la tête dans le sac. De ce jour là, on ne prononçait pas le nom de Véro devant lui. »

    Le succès de De l’autre côté de mon rêve, celui de « Chanson sur une drôle de vie » (relancé en 2010 par Géraldine Nakkache et Leila Bekhti dans Tout ce qui brille ), de « Une nuit sur mon épaule » (que Jay Z samplera en 2008 dans « History » pour célébrer devant le Capitole à Washington l’élection de Barack Obama), confirme tous les espoirs placés en Véronique et, par ancillarité, en Michel. Véronique n’est plus un espoir, c’est un phénomène. Installée dans le ranch de Steve au Colorado, elle découvre le style de vie des icônes américaines, avec ses excès, sa folie, etaussi son immense solidarité entre collègues, cette fraternité hippie ultime jamais démentie malgré les tensions démentes, le délire hystérique qui l’entoure et l’habite. Neil Young, en particulier, l’admire et l’encourage, comme David Crosby, qui me demandera de ses nouvelles à chacune de nos rencontres, même si elle reste avant tout, dans cet univers phallocrate, « la femme de Steve ». Crosby cherchera même à la retrouver, peu après sa sortie de prison, lorsque je le suis pour « Rapido » au Plaza Athénée et à l’expo Gauguin au musée d’Orsay en décembre 1988, afin de promouvoir sa tonitruante biographie déballage Long Time Gone que son manager, Bill Siddons, me demande de traduire en français (aucun éditeur ne sera intéressé à l’époque, malgré les deux pages que nous lui consacrons dans Libé ). Curieusement, alors que l’Amérique est à ses pieds, et qu’elle a le talent – et la maîtrise de l’anglais – pour s’imposer aux côtés des Joni Mitchell, Carole King, Laura Nyro et Carly Simon, elle n’en concevra pas le désir. « Je préfère être prisonnière de la francophonie. Je ne supportais pas qu’on me dise chez Warner d’écouter la radio toute la journée pour choper le son du moment, et qu’on me serine : You have to fit the American market . Elektra voulait que je fasse un album entièrement en anglais, et m’avait dégoté un “parolier absolument fantastique”. Alors, j’ai refusé. Ce n’est pas une question de prétention. C’est juste que je n’ai pas envie qu’on me dise ce que je dois mettre sur mes disques. Je n’avais pas non plus envie de passer trois cent soixante-cinq jours sur les routes à mal manger, mal dormir, mal me sentir. Aux États-Unis, les distances sont infinies et il n’y a pas de petits restos sympas. Je n’ai pas un ego qui me pousse vers une carrière internationale. Il n’est pas énorme en fait, et comme réussir là-bas nécessite tous ces sacrifices, je ne les ai pasfaits. C’est très contraignant, on n’est jamais chez soi, on n’a pas le temps de vivre : je ne pourrais pas le supporter. » Elle se contentera donc de marquer timidement l’histoire du rock américain en composant avec son guitariste Donnie Dacus « Midnight in Paris » pour Steve, et à travers les morceaux que Stills écrira à son sujet (« Guaguanco de Véro », « To Mama From Christopher and the Old Man »)…
    Au printemps suivant, Steve est en effet de retour à Paris, en costume Cardin et gants beurre frais, pour demander la main de Véronique à la famille Sanson. « Nous voilà

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