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Quelque chose en nous de Michel Berger

Quelque chose en nous de Michel Berger

Titel: Quelque chose en nous de Michel Berger Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Yves Bigot
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la langue obscène – et tirée – des Rolling Stones. « Comme Michel était désespéré et ses chansons ne parlaient que de son chagrin, j’ai voulu que le contenant reflète le contenu », explique Périer, chez qui Véronique et Michel venaient dîner Faubourg Saint-Honoré avant la rupture. Depuis, les fans (peu nombreux à l’époque) appellent « Cœur brisé » l’album Michel Berger, de la même manière que The Beatles est connu comme « Le Double Blanc », Grateful Dead a été baptisé « Skull and Roses » par tous les Deadheads de la planète, Howlin’ Wolf identifié en tant que « Rocking Chair Album », Metallica surnommé « le Black Album », et Véronique Sanson, « Les petits arbres ».
    Plus encore qu’ Amoureuse, c’est un album à la thématique cohérente, d’auteur-compositeur avec un propos précis, amoureux lui aussi, mais délaissé. Undisque de séparation, comme Blue (Joni Mitchell), Tapestry (Carole King) et Suite For Susan Moore and Damion (Tim Hardin), comme le seront plus tard Blood on the Tracks (Bob Dylan), Here, My Dear (Marvin Gaye), Shoot Out the Lights (Richard and Linda Thompson), Rumours (Fleetwood Mac), Pirates (Rickie Lee Jones), Baby Alone in Babylone (Jane Birkin), Face Value (Phil Collins), Grace and Danger (John Martyn), Sea Change (Beck), Back to Black d’Amy Winehouse, For Emma, Forever Ago (Bon Iver) ou 21 d’Adele. Toutes les chansons sont hantées de la perte de cet amour, depuis le paradoxal « Donne-moi du courage », où en réalité seule la musique apporte un quelconque secours affectif (cette musicothérapie de l’âme sera le leitmotiv de nombre de leurs chansons à venir), jusqu’à « Pour me comprendre », remarquable autoportrait révélateur sans lequel on ne possède effectivement pas la clef de Michel Berger – élément essentiel pour aborder tel musicien obsessionnel. Il s’y dissèque, du souvenir du souffle de son frère endormi à ses propres insomnies et peurs d’enfant, sur une musique forte, plus proche du classicisme de Procol Harum que d’Elton John, qui boucle en majesté suicidaire un album de chanteur littéralement abandonné. C’est ainsi que Périer le photographie rue de Prony, affalé sur le parquet dans un coin de l’appartement nu où on le comprend largué, à tous les points de vue, une fille en rouge traversant la pièce comme une rémanence rétinienne.
    Mais si sa composition prédate bien le départ effectif de Véronique pour l’Amérique, comme le certifie Bernard Saint-Paul et le calendrier l’indique, Michel vérifie la théorie de Joni Mitchell concernant la prescience des artistes, leur inspiration divinatoire. Ou, pour le moins, s’est-il laissé guider, emporter,par ses craintes – fondées – sur la constance de sa promise. Celle-ci y chante justement en réponse décalée au cours du dernier tiers de « Oublie-moi de sitôt » (ce dont elle se révélera incapable), un peu à la façon onirique, précisément, de la Lady of the Canyon auprès de James Taylor (« Long Ago and Far Away »), puis de Graham Nash (« Another Sleep Song »). Dans « Ce que la pop music a fait d’une petite fille », Michel lui adresse toute l’amertume de celui qui se voit supplanté par plus fort (puissant, connu, riche, attrayant, séduisant, libre), mais surtout plus rock, que lui. Le vain « Attends-moi » (que reprendra Art Sullivan, cousin de la future reine des Belges, la princesse Mathilde) est son « Bahia » à lui qui rêve de Bali, de flamenco, ces utopies d’exotisme, de voyage, de dépaysement, d’ailleurs, qui l’ont entraînée, non pas là-bas ensemble, mais loin de lui, hors d’atteinte. Mais pas d’attente, comme l’invoquent « Demain » et « Je trouverai autre chose », où les regrets côtoient l’espoir, dont celui de recommencer un jour cette histoire. « L’inconscient a le sens de l’humour », confiera-t-il plus tard au sujet de cet album involontairement prophétique. « Je n’ai pas eu beaucoup d’amours. Véronique a été le premier, le premier important », affirmait-il à Thierry Ardisson dans « Lunettes noires pour nuits blanches », confessant cependant au passage une passion jamais démentie pour les blondes, ce que confirme Christine Haas, homonyme de sa mère qui avait acheté « Amour et soda » et le rencontre à cette époque : « Michel était très dragueur. Pas sexy, mais séduisant. »
    « Dès les premiers albums, il dessine son paysage musical. Il

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