Quelque chose en nous de Michel Berger
qui marche, c’est Véronique. Elle lui propose de signer une lettre pour le greffe du tribunal. Véronique y déclare que France Gall n’est pas vraiment la femme de la vie de Michel, puisque c’est elle. Nous sommes au Frantel de Lyon La Part-Dieu, ce cylindre avec un cône au sommet (aujourd’hui un Radisson) avec Véro. Elle vient de chanter, me montre ce texte. Je lui dis de ne surtout pas signer ça. “De quoi tu te mêles ? me répond-elle. Il n’aimait que moi, donc je fais ce que je veux.” À six heures du matin, de guerre lasse, je vais me coucher. Au réveil, il est trop tard. Elle a signé cette attestation, transmise au tribunal par Franka. Bien sûr, France a eu copie de la lettre et appelle ses potes : Johnny, Goldman, etc. Véronique est ostracisée depuis, n’est plus jamais invitée nulle part. » Serge Pérathoner certifie lui aussi avec été contacté par Franka pour signer un affidavit. France, en revanche, n’aurait pas contacté directement sa belle-mère, ni sa belle-sœur, Claude-Michel Schönberg essayant de jouer les bons offices.
À la suite de l’audience du 26 octobre, puis du jugement du 11 janvier 1999, une médiation est acceptée, qui échouera à trouver une solution paisible. La procédure, à laquelle s’est joint Raphaël Hamburger, le fils de France et de Michel, est ainsi relancée lors d’audiences publiques tenues le 31 mai, puis le 28 juin. Le Tribunal de Grande Instance de Paris, 1 re chambre, 3 e section, rend son jugement le 4 octobre 1999. Citant à plusieurs reprises dans ses attendus l’« animosité » entre les deux familles, il est favorable à France Gallet à Raphaël, et « ordonne le transfert de sépulture de Michel Hamburger, dit Michel Berger, de la concession perpétuelle du cimetière de Montmartre accordée sous le numéro 1423 de la série générale et sous le numéro 42 du cimetière, dans la concession perpétuelle de ce même cimetière, accordée sous le numéro 108PA1997 dans laquelle est inhumée sa fille Pauline Hamburger ».
Jean-René Fathouat considérait les propositions faites le 22 juin 1999 par Franka Berger acceptables et positives, et n’imaginait pas ce verdict, rare bouleversement de la paix des morts, qu’il trouve pourtant « logique », et surtout, « indépendant de la notoriété et de la fortune » des adversaires. Il recommandera à Franka, « animée par de bonnes intentions », dont celle de demander d’attendre le décès d’Annette Haas pour procéder, de se désister de son appel.
Aujourd’hui, Michel repose bien auprès de Pauline, en bordure de la 29 e division (avenue de la Croix, quasiment à l’angle de l’avenue de Montmorency), dans une tombe très fleurie aisément repérable à son tapis vert où France et Raphaël ont l’intention de les rejoindre un jour. Comme on l’imagine, cette affaire regrettable, mais comme en connaissent de nombreuses familles, indépendamment de leurs talents et de leurs notoriétés, a sacrément glacé l’ambiance entre France et Franka, France et Véronique.
C’est dans cette ambiance délétère, conflictuelle, sans doute forte de leur réconciliation de 1991 attestée par Kraftchik, ou plus simplement de sa nostalgie de leur histoire commune, de leur relation fantomatique, que Véronique décide en 1999 de réclamer l’héritage – musical – de Michel Berger en enregistrant l’album D’un papillon à une étoile, entièrement consacré à son répertoire. Saint-Paul, aujourd’hui romancier, qui adéjà dû ressusciter « Mon voisin », « Jusqu’à la tombée du jour », « Une odeur de neige », « Le feu du ciel » et « Panne de cœur », œuvres de jeunesse datant de la fin des années soixante pour faire de l’album Sans regrets un des plus gros succès de la carrière de Véronique en 1992, est plus prosaïque. « Cet album est une idée de moi, enfin si on peut appeler ça une idée. Plutôt de l’opportunisme, puisque Véronique n’écrivait rien d’enregistrable à mon goût. Elle n’est d’ailleurs pas plus enthousiaste que ça. J’arrive pourtant à la convaincre. “Si je n’ai rien à faire, c’est oui”, me concède-t-elle. Il faut savoir qu’elle palpait six cent mille chaque fois qu’elle entrait en studio. Elle ne connaît vraiment aucune des chansons de Michel, à part “Quelques mots d’amour” et “Seras-tu là ?”. C’est pur mensonge, cette histoire d’échange de chansons. C’est une légende qu’elle
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