Quelque chose en nous de Michel Berger
ans. Michel vit la disparition de son frère de manière dramatique. Pendant le spectacle de France au Palais des Sports, il se rend tous les soirs à Necker accompagner l’agonie de son corps, partageant ses derniers moments jusqu’au bout. Puis il se produit, enfin, à l’Olympia, du 13 au 25 avril 1982. « J’ai eu beaucoup de mal à le convaincre, se souvient Jean-Michel Boris, qui en fut le directeur historique. Quelques années plus tôt, j’avais été les voir chez eux dans le seizième, France et lui, avec Bertrand de Labbey, pour leur proposer une double affiche qui aurait été événementielle. Ils ont été adorables, affables, comme ils l’étaient toujours, mais ce n’était pas du tout leur tasse de thé, et il n’en a plus été question. Mais j’ai été très heureux de recevoir Michel, en pleine gloire, pendant deux semaines. Il était cool, gentil, l’ambiance était très paisible. »
Après le Cambodge avec « Nane Chang », Michel s’envole à la fin de l’été avec France et Claude-Michel Schönberg pour la Chine, où il est frappé par l’extrême gentillesse des Chinois. « Le meilleur moyen d’aller sur la lune, c’est d’aller en Chine », l’avait convaincu un de ses professeurs de français. Il rapporte à Libération une série de huit articles, Le Voyage en Chine de Michel Berger, chanteur , publiés du lundi 23 août au mercredi 1 er septembre, intitulés « Are You Here For Business ? », « Mao n’est jamais seul », « Starmania pour les stars chinoises », « Ma batterie est déplacée », « Au paradis terrestre, le tombeau des Ming », « Il est cinq heures, Pékin s’éveille », « Le trompettiste jouait en souriant » et « Consternation au music-hall ». On l’y suit de Macao à Hongkong via Pékin, sur la place Tienanmen, penché sur le cadavre embaumé de Mao, dans les rues, les marchés, les grands magasins de Pékin, auprès de la chanteusefavorite de Zhu Enlaï, de deux chanteuses tibétaines, d’un auteur-compositeur du cru, à la Cité interdite, parmi les boutiquiers et les artisans, les enfants et les bicyclettes, sur la Grande Muraille, buvant du thé avec des paysans, au cinéma, à Hangzhou, longeant rizières et plantations de thé, bouddhas de pierre, au Park Hotel décrépi de Shanghaï, dans le train, à Nankin, jusqu’en boîte de nuit (qui passe Jimmy Cliff) et au « Plus grand cabaret du monde » local, frappé par la joie de vivre, la bonne humeur, la gentillesse de la population, l’archaïsme de l’équipement et la rigidité de l’encadrement mental. « Il s’était lié d’amitié et voyait très souvent Blandine Jeanson, qui était ma compagne à l’époque, et dirigeait les pages magazine », se rappelle Serge July aujourd’hui (elle était aussi la mère de leur fils, l’une des fondatrices de Libé et avait joué dans trois films historiques de Godard). « Il venait tout le temps nous rendre visite dans nos locaux du 9 de la rue Christiani, à Barbès, la rue la mieux gardée de Paris, avec des tireurs sur les toits parce que c’était là que la Banque de France stockait ses billets. Il était très simple, très cool, très curieux. Il s’intéressait à tout, et n’était vraiment pas chien. » Un compagnon de route du journal, comme tant d’autres. Qui s’étonne, avec sa générosité et son humour coutumiers, lorsque avec France ils tombent sur Bayon sur un plateau de télévision : « Mais vous avez l’air très gentil, pas méchant du tout comme on le dit. »
Michel repart aussitôt, cette fois au Brésil, dont les rythmes, les harmonies, la musique, l’ont séduit aux beaux jours de Tom Jobim, Chico Buarque, Sergio Mendes, Jorge Ben, Os Mutantes et autres Caetano Veloso. Cela ne l’empêche pas, en professionnel scrupuleux et avisé, de s’occuper de sonbusiness. En date du 18 novembre 1982, il a signé un contrat de licence entre sa nouvelle structure, les Disques Apache, SARL au capital de cent mille francs dont il est le gérant, sise au 8, rue Marbeuf dans le huitième arrondissement, et WEA Filipacchi Music, portant sur vingt-quatre albums, dont au minimum quatre albums studio chacun de France Gall et de Michel Berger, tous réalisés par ce dernier. Leur taux de redevances est de 23 %, ce qui à l’époque est tout à fait remarquable, d’autant qu’il est assorti d’une avance globale de vingt-sept millions deux cent quarante-sept mille huit cent vingt francs (plus de quatre millions
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