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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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chaque fois pareil, il estime que chacune de ses secondes est
    précieuse. »
    La Grandière se tire
    parfaitement de la première phase de l’opération. Il referme respectueusement
    la portière sur le général, puis d’un pas de promeneur du dimanche, il
    entreprend, nonchalant, de contourner le véhicule qui démarre, le laissant sur
    la chaussée, contemplant la scène d’un air cagot.
    La Rover freine dans un
    crissement de pneus et fait marche arrière. La Grandière rejoint sa place.
    « Veuillez m’excuser,
    mon général, j’ai été surpris.
    — Ce n’est rien. Votre
    unité doit manquer d’entraînement physique, je vais y remédier. »
    Dans les semaines qui
    suivirent, La Grandière poursuivit consciencieusement ses démonstrations d’inaptitude.
    L’entourage du chef de la France libre avait fini par se persuader que de
    Gaulle s’en amusait, car tous étaient stupéfaits de voir le sous-lieutenant
    conserver son poste.
    Pourtant, un jour, la
    coupe déborda.
    Le général avait
    recommandé qu’on ne le dérange sous aucun prétexte, avait condamné sa porte et
    son téléphone. Descendant l’escalier, La Grandière croisa Pierre Bloch qui
    montait tranquillement.
    « Grands dieux !
    Vous voilà enfin, s’exclama-t-il avec un sincère accent d’effroi. Il y a une
    heure que je vous cherche partout. Le Général vous réclame à cor et à cri. Il
    est au bord de l’apoplexie. Précipitez-vous, frappez et entrez sans attendre sa
    réponse. »
    Décomposé, Pierre Bloch
    se précipita, frappa et entra.
    Le soir même, le
    sous-lieutenant Roger de la Grandière rejoignait à Camberley son unité et ses
    amis.
    Bretagne, 16 juillet
    1944. Ferme de Boc-à-Bois. Roger de la Grandière laisse approcher la première
    vague de S.S. Il est parfaitement camouflé derrière son mur ; le canon de
    son arme est dissimulé par des branchages. À genoux, le sous-lieutenant observe
    la progression de l’ennemi par une faille. Derrière, un léger glissement lui
    parvient. Il se retourne. En trois bonds, l’adjudant Marie-Victor vient de
    prendre place au second fusil mitrailleur.
    « Je t’avais ordonné
    de foutre le camp. Rejoins les autres ou je te fais passer le falot, grince La
    Grandière, juste assez fort pour se faire entendre.
    — Je t’emmerde, Roger,
    réplique Marie-Victor, y en a marre ! C’est toujours les mêmes qui
    rigolent !
    — Nous aussi on aimerait
    bien rigoler un peu, mon lieutenant. »
    Enfreignant eux aussi
    les ordres, le sergent Le Gall et le jeune Plouchard rejoignent par le côté
    opposé.
    « Vous vous croyez
    malins, pauvres connards ! Vous courez après une citation ? Taillez-vous,
    je ne me répéterai pas.
    — C’est pas le
    moment de discuter, mon lieutenant », réplique Le Gall en préparant des
    grenades et en armant sa mitraillette.
    D’un signe, il désigne
    ensuite à Plouchard la place à laquelle il sera le plus efficace. La Grandière
    n’a plus le temps d’insister, les Allemands sont à cinquante mètres.
    « Que personne ne
    tire avant moi. »
    Les hommes lui jettent
    tous les trois un regard surpris. Le sous-lieutenant se rend compte qu’il a
    énoncé une évidence.
    Les Allemands sont
    attentifs et prudents, mais il est certain que leur chef ne s’attend pas à une
    embuscade. La première ligne est serrée, ils sont bien une quarantaine à
    avancer de front. À quinze mètres environ, La Grandière fixe une grosse pierre ;
    il décide qu’au-delà d’elle les Allemands risquent de s’apercevoir de leur
    présence. Un premier soldat passe la pierre, le sous-lieutenant ouvre le feu. Aussitôt
    le fusil mitrailleur de Marie-Victor crépite, à une fraction de seconde. Les S.S.
    tombent comme des quilles ; derrière la première vague, des hurlements se
    font entendre, des ordres de repli fusent. Profitant de la surprise, Le Gall et
    Plouchard se lèvent et jettent chacun deux grenades.
    De la première vague, deux
    ou trois hommes seulement ont réussi à se replier ; les autres gisent
    morts ou hors de combat.
    La Grandière comprend qu’ils
    vont avoir un répit. Le temps qu’en face les chefs adoptent une nouvelle
    tactique.
    Une fois encore il tente
    de convaincre les siens de décrocher.
    « D’accord, on
    décroche tous les quatre si tu veux », lance Marie-Victor.
    La Grandière consulte
    son bracelet-montre :
    « Quatre minutes
    quarante-cinq qu’ils sont partis, on serait rejoints à coup sûr. Avec Michel à
    transporter,

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