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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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sont
    surpris. Dans un réflexe, ils sautent à l’abri. Les gosses se mettent à courir,
    tandis que Constant se jette entre les soldats et ses fils qui fuient.
    De la gauche, une arme
    automatique se déclenche. Plouchard est criblé de balles ; il s’effondre, tué
    sur le coup. L’adjudant Marie-Victor est atteint d’une balle dans l’épaule, d’une
    autre dans le gras de la cuisse. Il parvient pourtant à se traîner jusqu’au mur
    et à le passer.
    « Parachutistes, sortir !
    braille à nouveau l’Allemand.
    — Ne sortez pas !
    Tout va bien, les gosses sont loin », gueule Constant.
    Les coups partent. Le
    brave paysan tombe à genoux. Les Allemands s’acharnent, tirent encore. Constant
    bascule ; il gît mollement, expire dans un ultime soubresaut.
    « Salopards ! »
    hurle La Grandière dans un cri déchirant. Il se saisit du fusil mitrailleur qu’il
    cale sur la saignée de son bras gauche. Sa main droite crispée sur la crosse, il
    passe le mur et avance en tirant. Il se tient droit, marche à grandes enjambées.
    « Reviens, crie Le
    Gall, reviens, Roger ! C’est de la folie ! »
    La Grandière n’entend
    pas. Il avance. Maintenant il distingue des cibles. Trois Allemands, tombent
    sous ses coups de feu. D’autres, plus téméraires, ripostent. La Grandière est
    atteint d’une balle à l’aine. Il s’effondre. À terre, il change le chargeur du
    fusil mitrailleur. L’arme a conservé son trépied déployé. Le sous-lieutenant s’en
    sert comme d’un appui ; il soulève le fusil mitrailleur, l’avance de
    quelques centimètres, puis de sa jambe droite encore valide, il pousse son
    corps pour se retrouver en position de tir. il est insensible à la douleur de
    sa blessure. Il n’a qu’une idée : avancer sur les Allemands. Dans leur
    langue, il vocifère des insultes, tire, et reprend sa progression de crabe. Il
    parvient à répéter trois fois l’opération avant de recevoir un nouveau chapelet
    de balles en pleine poitrine.
    Sa main droite se crispe
    sur la crosse du fusil mitrailleur qui se vide dans la direction du bois. Puis,
    doucement, La Grandière s’affale, pesant sur la culasse ; le canon se
    soulève lentement et les derniers coups partent vers le ciel.
    Sans arme, Le Gall
    bondit à son tour. Il court à découvert en direction du sous-lieutenant. Trois
    balles l’atteignent à la poitrine, l’épaule et la jambe. Par miracle, aucune n’est
    mortelle.
    Il est tombé à deux
    mètres à peine de son chef, il tente en vain de ramper jusqu’à lui.
    Roger de la Grandière s’est
    retourné. Dans son mouvement, il a fait basculer le fusil mitrailleur qui lui
    cale le dos, le maintient dans une position presque assise. Sa respiration n’est
    plus qu’un râle sourd ; son menton et son cou sont maculés du sang qui s’échappe
    de sa bouche.
    Un groupe d’Allemands
    déborde derrière le mur, constate la seule présence de l’adjudant Marie-Victor,
    blessé et inoffensif.
    Un second groupe s’avance
    vers La Grandière et Le Gall. Ils vont les achever, quand un lieutenant
    intervient.
    Dans son poing il serre
    un Parabellum. Les S.S. relèvent leurs armes.
    La Grandière plonge son
    regard dans les yeux du lieutenant allemand. Il n’a pas la force de parler, et
    pourtant l’Allemand comprend lorsque le regard pâle du mourant se porte sur Le
    Gall. Dans sa langue, le S.S. affirme :
    « Ils seront
    traités comme des prisonniers de guerre. »
    La Grandière baisse les
    paupières à deux reprises. Il a compris. Pourtant une ultime épreuve l’attend :
    les trois fils Leguéné reviennent. En pleurant, ils marchent, inconscients, vers
    eux, après s’être agenouillés près du corps de leur père. Le lieutenant S.S. hurle
    un ordre ; en français un des soldats le traduit :
    « Partez, les
    enfants ! Allez vite ! Gourez ! Partez, vite… vite !… »
    Les trois gamins
    semblent sortir d’un cauchemar. Brusquement ils font volte-face et se mettent à
    courir. Dans un effort surhumain. La Grandière les suit du regard.
    Le lieutenant S.S. à son
    tour regarde le sous-lieutenant français. À plat dans sa main, il présente son
    Parabellum.
    D’un signe des paupières,
    La Grandière acquiesce. Puis son regard Hou tente une dernière fois d’apercevoir
    les enfants dans leur fuite : ce ne sont plus que trois minuscules points
    noirs qui dansent dans les blés.
    Tiré à bout portant, le
    coup de grâce lui fracasse la tempe.
    Le Gall ferme les yeux ;
    deux

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