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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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hors de question de cavaler. Il faut les retenir au moins une
    demi-heure, mais pour ça un homme suffit.
    — Je reste seul, si
    tu veux, réplique Marie-Victor.
    — Tu me fatigues !
    — On va pas
    remettre ça, intervient Le Gall. T’aurais pas plutôt une pipe, mon lieutenant ? »
    La Grandière lance son
    paquet, Le Gall s’en saisit au vol, prend une cigarette, puis sur un signe de
    Marie-Victor le paquet voltige à nouveau.
    Plouchard, le plus jeune
    (il vient d’avoir dix-huit ans) tire en l’air une rafale de mitraillette.
    « T’es malade, qu’est-ce
    qui te prend ? jette, intrigué, le sous-lieutenant.
    — Le père Constant,
    mon lieutenant.
    — Merde, je l’avais
    complètement oublié celui-là !
    — Vous voyez bien
    qu’on sert à quelque chose ! Si ça ne tire pas, il va s’amener comme une
    fleur. »
    Constant Leguéné est un
    fermier voisin. Il est le père de cinq enfants. La veille, à l’arrivée des
    parachutistes, il se trouvait chez les Monnier. Avant de partir, il avait
    promis d’être là le lendemain entre 7 et 8 heures avec du ravitaillement et un
    médecin pour Michel de Camaret.
    Un coup d’œil avait
    suffi à la Grandière pour s’assurer que le paysan n’était pas de ceux qui
    oublient, ou qui arrivent en retard à ce genre de rendez-vous. Et il était
    maintenant 7 h 16.
    Une dizaine de minutes s’écoulent.
    Un silence oppressant éprouve les nerfs des parachutistes. Une pluie fine s’est
    mise à tomber ; le sol déjà humide s’imprègne instantanément, devient boue.
    « Mais qu’est-ce qu’ils
    foutent, nom de Dieu, s’inquiète Plouchard.
    — Je pense qu’ils
    sont assez nombreux pour se diviser en trois groupes. En tout cas, ils n’ont
    sûrement pas d’armes lourdes, sans ça on aurait déjà dégusté. »
    Les quatre parachutistes
    se relaient deux par deux pour guetter. Le sergent Le Gall scrute l’orée du
    bois, perçoit des mouvements, mais rien ne peut être tenté.
    « Ils s’agitent
    derrière les arbres, déclare-t-il simplement.
    — Évidemment !
    Méfie-toi, ils vont chercher à balancer des grenades, et leur saloperie à
    manche de bois, ils arrivent à les balancer de loin. »
    À la seconde même où La
    Grandière termine sa phrase, un S.S. a bondi. Trois pas en avant, puis sa main
    droite va chercher son élan au plus loin derrière son corps. Le Gall l’atteint
    en plein front. L’homme tombe en arrière. Il a lâché la grenade dégoupillée ;
    dans sa chute, sa nuque la frappe ; l’explosion lui déchire le cou, fait
    éclater son crâne. Les parachutistes détournent les yeux.
    Aussitôt, simultanément,
    six Allemands se précipitent dans le même mouvement. Les Français déclenchent
    un tir continu, mais cette fois quatre grenades sont parties. Par miracle, elles
    ne franchissent pas le mur. Trois des lanceurs sont parvenus à se replier, trois
    sont restés sur place.
    À nouveau c’est le
    silence. À nouveau La Grandière consulte sa montre : 7 h 28. Le
    sous-lieutenant imagine Camaret et ses porteurs qui s’éloignent à travers les
    bois.
    Surtendus par les assauts
    avortés des lanceurs, les quatre parachutistes oublient le père Constant. Douze
    minutes passent sans que la moindre évolution ne soit perceptible. Alors, débouchant
    d’un sentier, Constant Leguéné arrive paisiblement, suivi de trois de ses fils,
    des gamins de douze, onze et neuf ans. L’homme et les gosses ont les bras
    chargés de victuailles. Ils sont surpris par les Allemands qui se débusquent, se
    plaçant entre eux et le champ de tir des parachutistes.
    « Halt ! »
    Constant se retourne, lève
    les mains, laissant tomber un paquet de quinze côtelettes qui s’éparpillent à
    ses pieds.
    « Courez tous les
    trois ! Courez ! » hurle-t-il à ses fils.
    Les gosses restent figés
    sur place.
    Derrière leur mur, les
    quatre parachutistes assistent, impuissants, à la scène.
    « Parachutistes
    sortir ou homme et enfants kaputt ! ordonne un Allemand.
    — Ne sortez pas !
    hurle Constant. Ce sont des S.S. ! Ils nous tueront tous !
    — Tire sur la
    gauche, lance Marie-Victor à La Grandière. J’y vais.
    — Je vais avec toi »,
    avoue Plouchard.
    Les deux parachutistes
    sautent le mur et s’élancent. Ils courent mitraillette au poing, lâchant des
    rafales devant eux. Entre leurs coups de feu, ils clament rageusement « Tirez-vous,
    les mômes ! Courez, les enfants ! Tirez-vous, courez, nom de Dieu ! »
    Les Allemands

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