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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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sur
    ses cuisses. Son regard se porte sur Alain de Kérillis. Le lieutenant s’est
    traîné sur quelques mètres et se trouve assis, le dos reposant contre le mur de
    la ferme, les mains crispées sur son ventre. Le sang coule doucement entre ses
    jointures, mais, hélas ! Ainsi que le lieutenant Fleuriot, il est parfaitement
    conscient.
    La fermière voudrait
    parler, mais l’émotion étrangle les sons dans sa gorge. Kérillis a remarqué la
    plaie à vif, la blouse brûlée.
    « Ils vous ont
    torturée, les misérables, ânonne-t-il faiblement.
    – Non !… lance la fermière
    dans un cri de désespoir. Non, ils m’ont trompée. »
    De son bras tendu, elle
    désigne Munoz dans son uniforme anglais.
    « Quand ils m’ont
    brûlée, je n’ai plus rien dit ! Je le jure sur la Vierge, sur mon fils et mon
    mari qui vont mourir.
    – Je vous crois, madame.
    Pardonnez-moi d’avoir douté, marmonne Kérillis.
    – Alors, on les
    « sèche » ? gueule un milicien impatient.
    – On les garde et on les
    soigne, réplique Zeller. Ils savent des choses qui nous intéressent. »
    Di Gonstanzo inspecte
    l’état des blessés avant d’ordonner :
    « On ne garde que
    les deux officiers. Si on trimbale les autres, ils vont nous caner dans les
    doigts. Foutez-moi le feu à la baraque et aux granges. »
    Une dizaine de miliciens
    s’engouffrent dans les bâtiments. Très vite une épaisse fumée s’échappe des
    issues, puis les premières flammes apparaissent. De Kérillis et Fleuriot sont
    traînés à l’écart.
    « Balancez-moi tout
    ce qui traîne au feu », ajoute Di Constanzo.
    Les morts et les blessés
    sont aussitôt précipités dans la ferme qui, très vite, n’est plus qu’un
    gigantesque brasier.
    Alertés par les coups de
    feu, deux camions allemands arrivent ; une trentaine de soldats de la
    Wehrmacht en descendent sous le commandement d’un sous-officier et rejoignent
    les miliciens. Le sous-officier assiste au dernier assassinat – seul le fils
    Kerhervé a échappé au supplice. Transporté par ses deux bourreaux, Harbinson a
    le temps de leur crier : « Charognes ! », avant d’être
    projeté dans un mouvement de balancement.
    Les deux miliciens se
    retournent et s’éloignent en courant, pour éviter les effets de l’asphyxiante
    chaleur. Quand l’un d’entre eux découvre le Feldwebel allemand, il arbore à son
    égard un sourire niais. Dans un mélange de crétinisme et de morgue, il donne l’impression
    de mendier une connivence malsaine.
    Cette grimace provoque
    chez l’Allemand une réaction furieuse et incontrôlée. Se servant de son lourd
    fusil Mauser comme d’un bélier, il porte de toutes ses forces un coup de crosse
    à la face ahurie du milicien qui se renverse en arrière, le nez fracassé, un œil
    crevé, la pommette éclatée.
    En allemand, Zeller
    intervient, sans colère :
    « Ne vous emportez
    pas, et surtout ne m’obligez pas à faire un rapport. »
    Le Feldwebel désigne d’un
    geste les deux officiers blessés :
    « Que comptez-vous
    en faire ?
    — Les interroger. Ils
    savent beaucoup de choses qui peuvent nous aider à anéantir le reste de leur
    unité.
    — Confiez-les-moi. Ils
    seront soignés et interrogés par mes services.
    — Pas question, mon
    vieux ! Ils vous déclareraient leurs noms et leurs numéros matricule et
    rien d’autre. Faites la guerre comme vous l’entendez… Le renseignement, c’est
    nous que ça regarde.
    — Vous êtes un beau
    tas d’ordures ! jette le Feldwebel.
    — Maintenant, ça
    suffit ! intervient, hargneux, Di Constanzo. Foutez-moi la paix. Nous dépendons
    de la Gestapo de Pontivy. Si nous faisons un rapport sur l’incident, vous savez
    ce qui va vous arriver. Alors, tirez-vous et fermez vos gueules. De notre côté,
    on s’étouffera. »
    L’Allemand crie un ordre.
    Ses hommes regagnent leurs camions qui font demi-tour et s’éloignent.
    « La vieille et le
    gosse, qu’est-ce qu’on en fout ? interroge Zeller.
    — Laisse-les. Le
    gosse va crever. Que la vieille aille raconter ses histoires, ça incitera les
    autres bouseux à se méfier. »
    Du haut d’une colline, à
    quelques kilomètres seulement, Crœnne, Pams et Terisse ont trouvé refuge dans
    un hameau. Ils regardent, accablés, l’épaisse fumée qui s’élève, lugubre et révélatrice,
    de la ferme Kerhervé.
    Les lieutenants de
    Kérillis et Fleuriot sont transportés dans les locaux de la Gestapo de Pontivy.
    Pendant trois semaines, chaque
    jour et

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