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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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de mission qu’il tend, indifférent, à Fournier. Le capitaine
    parcourt la feuille. Elle confirme en tout point l’énoncé du colonel ; elle
    est signée : « Dwight D. Eisenhower. »
     

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    Il serait vain de
    chercher à établir, à travers les rapports, les citations, les comptes rendus
    militaires, une différence quelconque entre les 2 e et 3 e régiments de chasseurs parachutistes.
    Leurs missions se
    ressemblaient. L’héroïsme, l’énergie et la rage avec lesquels ils les
    accomplissaient étaient jumeaux, le pourcentage de réussite et d’efficacité
    sensiblement égal, et pourtant, les rares officiers de liaison ou autres
    observateurs qui eurent l’occasion de séjourner dans l’une ou dans l’autre de
    ces deux unités eurent tous la surprise de se trouver dans deux mondes
    différents.
    Le 2 e R.C.P. était
    en majorité formé par des natifs de la moitié nord de la France. Enormément de
    Bretons, beaucoup de gars du Nord et de l’Est, auxquels s’ajoutaient quelques
    Gascons et une poignée de Basques. Le 3 e R.C.P., créé en Afrique du
    Nord, avait, lui dans ses rangs 80 p. 100 de Français d’Algérie, de
    nombreux Corses ; dans sa presque totalité, il était composé de
    Méditerranéens.
    Les parachutistes y
    parlaient le pataquès coloré de Babel-Oued dans lequel les plus grossières des
    interjections forment des images qui portent à sourire et, bien souvent, la
    chaleur passionnée de leur langage obscène, ordurier et trivial, les aida à
    souffrir et à mourir.
    Aube du 15 août. La
    section de commandement du capitaine Fournier arrive à la ferme des Deux-Chênes.
    Le capitaine a repéré de loin les bâtiments isolés. La position est idéale. La
    ferme est en léger surplomb ; la végétation tourmentée permet une fuite
    éventuelle de tous côtés.
    Les Deux-Chênes sont
    situés à quelques kilomètres de Bressuire, en bordure du « Bois Vert ».
    La ferme est gérée par
    un couple entre deux âges, de solides cultivateurs. L’homme comme la femme
    reçoivent les parachutistes dans une chaleur sincère ; pas un instant leur
    bonne foi n’est mise en doute, d’autant que les fermiers abritent déjà deux
    résistants.
    Les hommes qui forment
    la section de commandement du capitaine Fournier sont : l’adjudant
    Montagnac, Michel Alabi, Denis Kraft, Maurice Faroudja, Robert Masarelas. Tous
    les cinq sont des Pieds-Noirs. Dominique Poli, lui, est Corse, Pierre Schmitt, Alsacien.
    L’équipe vient d’essuyer
    de nombreux coups durs, les hommes sont fourbus. Fournier décide d’installer
    son P.C. à la ferme jusqu’à nouvel ordre.
    La principale activité
    des nombreuses unités allemandes qui demeurent encore dans la région semble
    maintenant être axée sur la fuite au nord-est. Mais il faut se garder de
    relâcher la vigilance, l’ennemi demeure combatif, non seulement pour protéger
    sa retraite, mais aussi pour assouvir sa haine et son humiliation.
    Aux Deux-Chênes, le
    ravitaillement est abondant, les chambres nombreuses, la grande salle du
    rez-de-chaussée fraîche et accueillante. Le havre a une odeur de quiétude et de
    vacances.
    « Des petits rois, voilà
    ce qu’on est, des petits rois ! » déclare Alabi en se débarrassant de
    ses bottes de saut et en massant ses pieds endoloris.
    Le capitaine Fournier s’est
    retiré dans un coin avec le régisseur de la ferme et les deux résistants. Ce
    sont deux frères, Jean et Lucas Germain.
    La fermière, une femme
    solide qui doit friser la soixantaine, a préparé une bassine de café au lait. Elle
    a disposé, sur la table, du pain, du beurre salé et s’occupe à faire cuire des
    œufs ; gentiment, mais fermement elle a refusé toute aide proposée spontanément
    par les parachutistes.
    « Occupez-vous de
    faire la guerre et laissez-moi faire la cuisine », a-t-elle déclaré.
    Tous les huit se sont
    installés sur des bancs grossiers le long de la longue table rustique. Ils
    ressemblent davantage à des collégiens chahuteurs qu’aux implacables soldats qu’ils
    sont.
    Passant derrière chacun
    d’eux, la fermière verse dans de grands bols le café crémeux. Elle passe
    ensuite les assiettes qui chacune contiennent deux œufs qui continuent à
    grésiller dans le beurre bouillant.
    « Ma mère, si tu voyais
    ton fils ! » clame Alabi qui ajoute aussitôt : « Elle croit
    qu’il fait la guerre, la malheureuse ! »
    Ils s’expriment tous
    dans cet accent tellement chantant et convaincant

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