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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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3 e S.A.S., monsieur, déclare le colonel
    anglais. Vous vouliez lui transmettre personnellement son ordre de mission. »
    Eisenhower plisse le
    front, cherche à se souvenir, puis on sent qu’il réalise. Il tend sa main
    ouverte au capitaine français et déclare, souriant :
    « Oui, oui, content
    de vous voir, mon vieux. Je pensais avoir le temps de vous expliquer tout ça
    moi-même, mais hélas ! tout évolue si vite ! Voyez mon chef d’état-major,
    il est au courant. Et bravo à vous tous. Beau régiment, beau travail d’équipe, du
    solide, de l’efficacité. Bravo, mon vieux.
    — Merci, mon général »,
    balbutie Fournier, qui pense que ces louanges doivent être destinées à ses
    compagnons plutôt qu’à lui, qui fait le pied de grue dans un camp depuis le
    jour J.
    Après une nouvelle
    demi-heure, Fournier est introduit dans le bureau d’un nouveau colonel. L’officier
    français juge instantanément que son interlocuteur n’est pas plus chef d’état-major
    que lui Nonce Apostolique.
    L’officier américain est
    un géant roux du style décontracté dont le rôle doit être précisément d’essuyer
    les plâtres. Les deux officiers escorteurs prennent congé. Fournier explique
    son histoire qui semble beaucoup divertir le rouquin.
    « Vous me paraissez
    assez intelligent pour comprendre, annonce-t-il. Le patron est comme ça. Quand
    une lubie capricieuse le prend brusquement, il faut immédiatement tout mettre
    en branle pour satisfaire son projet. Ce qu’il y a d’emmerdant, c’est que le
    lendemain il court généralement après un autre lièvre sur lequel il s’acharne
    avec la même opiniâtreté.
    — Je ne connaissais
    pas ses méthodes, je ne me sens aucun droit de les discuter, mais dans l’ensemble
    elles ne semblent pas manquer d’efficacité. »
    Le sourire du rouquin
    découvre une vigoureuse denture de carnassier.
    « Oui, bien sûr, admet-il,
    le débarquement de Normandie ! Mais ne le répétez pas, heureusement que j’étais
    là le 5 juin pour le lui rappeler ! »
    Fier de sa plaisanterie,
    le colonel éclate d’un rire sonore. Par contre, le sourire de Fournier n’est
    que courtois.
    « Évidemment, vous
    n’êtes pas ici pour plaisanter. Bon. Attendez-moi, je vais essayer d’aller voir
    s’il a fini les mots croisés du Times. »
    Le colonel sort, referme
    sur lui la porte qu’il rouvre aussitôt.
    « Vous m’avez bien
    dit que votre unité était parachutiste ?
    – 3 e S.A.S.,
    précise Fournier qui, dans son exposé, à le spécifier à cinq ou six reprises.
    — C’est bien ce qu’il
    me semblait. Ne vous impatez pas. »
    Fournier reste seul à
    peine un quart d’heure. Le colonel réapparaît, triomphant.
    — Il s’est souvenu
    de tout, vous avez une chance exceptionnelle. On est en train de vous établir
    un ordre mission. Un double va partir par câble codé à l’Intelligence Service. Vous
    pouvez dire que vous êtes verni !
    — Pourrais-je
    savoir ? interroge Fournier soudain passionné.
    — Bien sûr, bien
    sûr. »
    Le colonel se dirige
    vers une grande carte de France, son regard se porte du côté du Ballon d’Alsace.
    Il ajoute :
    « Vous avez entendu
    parler d’un département français qui s’appelle Vendée ? Ou quelque chose
    comme ça ? »
    Fournier désigne du
    doigt. Le colonel accuse une mimique admirative devant l’étalage de tant de
    science.
    « Parfait, poursuit-il,
    c’est là que votre unité va sauter.
    — Où exactement ?
    — Où vous voudrez.
    — Quand ?
    — Quand vous
    voudrez.
    — Et une fois à
    terre, que suis-je censé faire ?
    — Ce que vous
    voudrez.
    — Écoutez, colonel,
    vous m’amusez énormément, mais j’aimerais quand même que vous vous montriez
    sérieux, ne serait-ce qu’une minute.
    — Mais, mon vieux, je
    n’ai jamais été aussi sérieux de ma vie. C’est ça l’idée du Patron. Depuis qu’on
    expédie des commandos parachutistes en France, ils ne tombent jamais à l’endroit
    prévu, ne réalisent jamais les missions prévues. Par contre, dans la plupart
    des cas, ils réussissent, dans d’autres coins, des missions improvisées qui s’avèrent
    souvent plus efficaces que celles qu’on leur avait assignées. En conséquence,
    vous allez inaugurer un nouveau système : celui qui consiste à vous
    laisser carte blanche sur tous les points.
    « Votre seul
    objectif est de créer le chaos chez l’ennemi. Bonne chance, mon vieux. »
    Un sous-officier entre, porteur
    d’un ordre

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