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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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chaque nuit, ils sont torturés jusqu’à l’évanouissement. À l’issue de
    chaque séance, un médecin les soigne et les ranime.
    En trois semaines, les
    Allemands et les miliciens ne tireront des deux martyrs que leurs noms et de
    méprisantes insultes.
    Fleuriot mourra le
    premier au cours d’une séance de supplice. Kérillis tiendra quatre jours de
    plus. Son corps n’est plus qu’une plaie sanglante, ses membres brisés, son
    visage déchiré, lorsque, la veille de l’arrivée des Américains, dans une hargne
    sauvage, Zeller l’achèvera, lui tirant un chargeur entier dans la tête.
     

SIXIÈME PARTIE

34
    Tandis qu’en Bretagne
    les premiers éléments du 2 e R.C.P., rescapés de la bataille de
    Saint-Marcel, s’apprêtent à libérer Vannes, ceux du 3 e se morfondent
    en Angleterre.
    Le 3 e R.C.P. est
    le dernier-né des régiments S.A.S. français. Il est placé sous le commandement
    du chef de bataillon Château-Jobert qui, comme Bourgoin, dépend des généraux
    anglais Mac-Leod et Browning.
    Le capitaine Georges
    Fournier fait partie de ceux qui attendent. C’est un officier de carrière. Il a
    appris que la patience est l’une des vertus d’un soldat. Mais ses hommes sont
    envahis par l’écœurement, l’ennui et le désespoir.
    Depuis près de deux mois,
    ils sont au secret au camp de Fairford. Ils refusent d’admettre que la guerre
    puisse se terminer sans qu’ils y aient participé. L’atmosphère est surtendue.
    L’arrivée inattendue d’un
    détachement de l ’Allied Combined Opérations fait renaître l’espoir. Descendus
    d’une Rover grise, un lieutenant-colonel anglais et un colonel américain
    réclament le capitaine Fournier.
    « Nous avons
    mission de vous escorter jusqu’à Londres. »
    L’officier français ne
    demande aucune autre explication. Il prépare un sac et saute dans la voiture d’état-major,
    après avoir transmis des consignes brèves à l’aspirant d’Azermont.
    Dans la voiture, Fournier
    interroge les officiers alliés. Ils conservent un mutisme prudent, s’excusent, expliquent
    qu’ils ne font, par leur silence, que respecter de strictes consignes.
    Fournier n’est pas
    mécontent de la tournure mystérieuse des événements. La discrétion dont s’entoure
    le Grand Quartier Général à son égard présage une mission essentielle.
    À Londres il est
    princièrement installé dans une suite de l’hôtel Dorchester. Il a « quartier
    libre » jusqu’à l’aube du lendemain. On passera le prendre à 6 heures.
    Georges Fournier est âgé
    d’une trentaine d’années. Il est grand, se tient droit, son visage est pur et
    sans défaut. La perfection de ses traits a fait naître chez ses hommes une
    sarcastique légende : « Fournier, on ne l’enverra jamais au baroud. Ils
    auraient trop peur qu’on lui abîme sa belle gueule de médaille. Ils veulent la
    garder intacte pour le défilé de la Victoire. »
    À 6 heures du matin, le
    capitaine Fournier attend dans le hall mœlleux et feutré du Dorchester. Avec
    une précision de coucou suisse, les deux colonels le retrouvent et l’invitent à
    reprendre place dans la voiture.
    « Nous sommes
    toujours en plein mystère ? s’enquiert Fournier, en s’affalant sur son
    siège.
    — Non, capitaine. Nous
    pouvons vous renseigner sur notre destination. Nous vous conduisons au Q.G. du
    général Eisenhower. Il vous a réclamé. »
    Fournier émet un
    sifflement admiratif. Il est, à sa connaissance, le premier officier parmi les
    deux régiments S.A.S. français à jouir du privilège de rencontrer le chef
    suprême.
    « Je suppose que
    vous ne pouvez m’en dire plus ?
    — Nous n’en savons
    pas plus. »
    La voiture arrive au
    Grand Quartier Général dans les environs de Portsmouth vers 9 h 30 du
    matin. Dans un rêve, Fournier se voyait déjà en tête-à-tête avec Ike dans sa
    légendaire roulotte. Il est conduit, à travers un labyrinthe de couloirs
    sombres, jusqu’à une salle d’attente qui ressemble au salon d’un dentiste mondain.
    Après une demi-heure d’attente,
    Eisenhower apparaît. Il est en bras de chemise, col ouvert, manches retroussées.
    La chemise est nue de badges et ne porte pas les insignes de son grade. Le
    commandant en chef tient à la main un dossier et les journaux du matin.
    Les trois officiers se
    sont levés ; Fournier s’est figé au garde-à-vous, les deux colonels ont
    gardé une nonchalance presque indifférente.
    « Voici le
    capitaine Fournier du

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