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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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que la plus insignifiante des
    banalités explose comme le plus brillant des traits d’esprit.
    Au passage, Kraft enlace
    la fermière par la taille et lui dit :
    « Quel dommage que
    vous soyez déjà mariée ! Une femme comme vous, j’en rêve depuis l’école
    maternelle !
    — Arrêtez vos
    sottises, réplique la brave femme en lui donnant une claque amicale sur la main,
    mais dans son sourire on devine qu’elle a quand même apprécié le compliment.
    — J’espère que vous
    ne vous formaliserez pas trop, madame, intervient Fournier de l’autre bout de
    la pièce. Mes garçons sont un peu turbulents.
    — Ne vous inquiétez
    pas, capitaine ! Avec la Résistance, ça va faire bientôt trois ans que ça
    passe et que ça repasse. On a pris l’habitude.
    — Bon, reprend
    Fournier, s’approchant du téléphone. Nos amis Jean et Lucas viennent de m’informer
    qu’un train blindé se trouve en gare de Bressuire en instance de départ dans la
    direction de Poitiers, dans l’espoir évident de gagner le nord de la Loire. Il
    transporte de nombreux blindés et un armement considérable. L’effectif du
    convoi est composé de trois compagnies de pionniers et de deux compagnies de
    Waffen S.S. La ligne Bressuire-Parthenay qu’il va emprunter passe à huit cents
    mètres d’ici.
    — Y en a plus !
    bafouille Faroudja, la bouche pleine.
    — Qu’est-ce que tu
    dis, Michel ? »
    Faroudja avale et essuie
    sa bouche d’un revers de manche.
    « Je dis : y
    en a plus, mon capitaine. Ils sont tous morts. Je finis mes œufs et j’y vais. Y
    a plus de pionniers, plus de S.S., je m’en charge tout seul.
    — Écoute-le
    celui-là, intervient Masarelas, écoute-le. Rien qu’une mouche, elle lui fait
    peur, et il veut nous jouer les terreurs.
    — À moi, tu dis ça,
    Robert ? À moi tu dis que rien qu’une mouche, elle me fait peur ? Ma
    parole, je vais te tuer.
    — Toi, tu vas me
    tuer à moi ? Là, putain, mais cinq mille il en faudrait des comme toi pour
    me tuer à moi. Et encore, si j’avais les mains attachées. »
    Le ton est tellement
    sincère, l’accent si convaincant, l’indignation tellement bien feinte, que les
    fermiers et le régisseur montrent des visages inquiets. Fournier les rassure d’un
    sourire.
    « Vous vous y ferez
    si nous restons quelques jours. Ils passent leur vie à échanger les pires
    insultes. C’est leur façon de se défouler. Ils tiennent ça des Arabes, ils les
    admirent tellement qu’ils les imitent en tout.
    — Aïe ! Aïe !
    Mon capitaine, ça recommence, se lamente Alabi. Mais laissez-les tranquilles
    ces putains de melons.
    — Qu’est-ce que les
    melons viennent faire dans cette histoire ? interroge, intrigué, Lucas
    Germain.
    — Vous apprendrez
    tout ça, explique Fournier. Depuis que l’on m’a confié cette compagnie, j’ai
    dénombré plus de soixante appellations diverses que mes hommes emploient pour
    désigner les musulmans. Les melons, les dindons, les troncs, les ratons, les
    biques, et pas une seule fois je n’ai entendu prononcer l’un de ces quolibets
    sans qu’il ne soit précédé de l’épithète putain. »
    L’accent change, mais le
    ton et l’esprit demeurent. C’est Dominique Poli, le Corse, qui s’est levé, en
    déclarant dans une intonation traînarde et ronronnante :
    « Et le train, alors ?
    Y va passer pendant que vous déconnez.
    — Oh ! Napoléon,
    étouffe-toi, tu veux ? Qu’est-ce qu’il va pas nous donner des leçons, ce
    curé maintenant !
    — Napoléon, il vous
    emmerde. S’il avait eu que des gars comme vous dans la Grande Armée, il aurait
    pas fait la guerre, il aurait monté un cirque.
    — Maintenant, suffit,
    tranche Fournier. Écoutez-moi.
    Ce train, il ne faut pas
    l’immobiliser définitivement. Sinon les S.S. deviendraient fous de rage et se
    répandraient dans la région, et le pire serait à redouter. Pourtant il ne faut
    pas laisser à ce convoi la moindre chance de passer, nous devons le freiner. Alors,
    voilà. On va lui faire péter la voie sous le nez autant de fois que ça s’avérera
    nécessaire. Les pionniers répareront, c’est leur métier, et les S.S. attendront.
    Dès que le train reprendra sa route, nous referons péter la voie quelques
    kilomètres plus loin et ainsi de suite. Il est essentiel de laisser aux Boches
    l’espoir que chaque sabotage est peut-être le dernier. Nous irons, deux par
    deux, installer les charges explosives, les gus resteront à l’affût et
    déclencheront

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