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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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Derrière lui, Le Tac, numéro deux, a l’impression de cogner du talon le casque de son chef, tellement il a hâté son mouvement. Les autres ont suivi à la même cadence.
    Les premiers parachutistes alliés à sauter en opération viennent d’être largués au-dessus de l’Europe occupée.
     

4
    Sans le moindre incident,
    les cinq hommes ont atterri dans un champ labouré. Ils se regroupent en silence,
    se débarrassent de leurs combinaisons qu’ils enterrent avec leurs parachutes. Ensuite
    ils se rassemblent autour de Bergé, attendant les instructions.
    « On ne bouge pas
    avant l’aube, les gars, annonce-t-il. J’ignore absolument où nous nous trouvons.
    Nous avons été largués au hasard, les Anglais m’avaient prévenu. Allons nous
    dissimuler dans ce petit bois. À l’aube nous aviserons. »
    Les cinq hommes trouvent
    des abris dans des buissons. Le Tac s’installe le plus confortablement qu’il le
    peut et replonge dans son sommeil.
    Il y a une bonne heure
    que le jour s’est levé. Les parachutistes n’osent pas quitter leurs abris. Bergé
    scrute le panorama à la jumelle. Il ne distingue rien, ni route ni chemin, pas
    la moindre habitation. À 8 heures il se décide.
    « Je pars en
    reconnaissance, vous ne bougez sous aucun prétexte. »
    Le capitaine est vêtu d’un
    costume croisé bleu, il porte une sobre cravate rayée, il se coiffe d’un béret
    noir. Les Anglais ont insisté pour qu’ils emportent tous un béret basque – d’après
    eux c’est la meilleure façon de passer inaperçus en France…
    Bergé marche à travers
    champs. Il pense qu’on aurait dû les parachuter dans des vêtements de paysans, il
    faudra en parler pour les opérations futures. Le capitaine trouve un chemin qu’il
    emprunte et, après cinq minutes de marche, il aperçoit une ferme. À peine à
    cinquante mètres de lui, un homme bêche la terre. Bergé n’hésite pas, il ne
    peut que lui faire confiance. L’homme se relève, s’accoude des deux mains sur
    le manche de son outil, dévisage, intrigué, l’insolite arrivant :
    « Bonjour, monsieur,
    lance Bergé d’un ton qu’il espère jovial.
    — Bonjour, répond
    le vieux, méfiant.
    — On travaille de
    bonne heure, à ce que je vois.
    — Dame, faut bien, on
    risque toujours des gelées de ce temps.
    — On va vers le
    printemps, le plus dur est fait, pas vrai. »
    Le vieux acquiesce.
    « Dame, pour sûr. »
    « Ça peut durer des
    heures », songe Bergé. Le vieux reprend son outil et poursuit son travail.
    Un jeune et solide gaillard sort de la ferme et se dirige vers eux à grands pas,
    il doit avoir entre dix-huit et vingt ans. Il s’arrête à leur hauteur ; ignorant
    le vieux, il interroge Bergé.
    « On peut quelque
    chose pour vous ?
    — Puisque vous me
    le demandez, je ne refuserais pas un casse-croûte et un verre de cidre ; je
    peux payer.
    — C’est pas une
    auberge, chez nous ! Je veux dire : on paie pas. Mais si vous avez faim,
    on peut vous donner un morceau de fromage. Suivez-moi. »
    L’intérieur de la ferme
    sent bon. Une odeur indéfinissable, une odeur qu’il avait oubliée. Bergé
    accepte un siège, le jeune homme dispose devant lui une boule de pain et un
    fromage frais. Il apporte ensuite une bouteille de cidre et deux verres.
    « Vous n’êtes pas d’ici ?
    questionne-t-il.
    — Non, admet Bergé,
    je suis du Gers. Vous connaissez ?
    — Dame, non ! C’est
    loin ça. En dessous de la Loire, à ce que je pense.
    — Oui, en dessous
    de la Loire. Et vous vous demandez ce que je fais par ici ce matin ?
    — C’est-à-dire, c’est
    pas mes affaires, mais si vous aviez fait un mauvais coup, faudrait pas compter
    sur nous, on est honnêtes.
    — Je suis un
    prisonnier évadé, ment Bergé. Je vous fais confiance parce que j’ai besoin d’aide.
    — Ben, ça, alors !
    Sûr que le père va essayer de vous aider, vu qu’il s’est évadé en 17 lui-même. Ben,
    ça alors ! »
    Les fermiers s’appellent
    Rénaux. Du seuil, François Rénaux a fait signe à son père de les rejoindre. Le
    vieux n’a pas hésité :
    « François, il faut
    prévenir le curé d’Elven, décide-t-il. Il aidera le monsieur. Une chose comme
    ça, c’est le curé que ça regarde. Va le chercher, dis-lui simplement que j’ai
    besoin de lui. »
    Bergé n’ose pas
    questionner, mais il a enregistré : Elven. La carte de la région cent fois
    consultée est ancrée dans son esprit. Elven se trouve à quelques kilomètres au
    nord de

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