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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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Vannes. La chance semble être de leur côté.
    Il faut moins d’une
    heure à François pour revenir accompagné par l’abbé Jarnault. En les voyant
    remonter le chemin sur leurs vélos grinçants, Bergé songe qu’il va disposer de
    quelques minutes seulement pour juger un homme. L’abbé Jarnault est petit, maigre,
    sec et osseux. Il porte une soutane délavée, usée et rapiécée ; il en a
    relevé les pans qui sont maintenus par deux grosses épingles, cela, semble-t-il
    pour un double usage : d’abord pédaler plus aisément, ensuite essuyer de
    grosses lunettes de myope à monture d’acier.
    Bergé prend sa décision
    instantanément. À qui faire confiance plus qu’à ces trois-là ? Ils
    viennent de prouver leur solidarité, d’autre part, il ne peut pas s’enferrer
    dans son roman de prisonnier évadé. Dans leur buisson, les autres ne vont pas
    attendre indéfiniment, il est même vraisemblable qu’ils commencent à s’inquiéter.
    Lorsque, souriant, le
    prêtre demande : « Ainsi, monsieur, vous vous êtes évadé d’Allemagne ? »
    Bergé répond :
    « Non, monsieur l’abbé,
    j’ai menti par prudence. »
    Les trois hommes le
    dévisagent, inquiets et curieux. Bergé poursuit :
    « J’arrive d’Angleterre,
    monsieur l’abbé. J’ai été parachuté cette nuit avec quatre compagnons. Nous
    avons une mission à accomplir dans la région. Je suis un officier des Forces
    françaises libres.
    — Vous ne seriez
    pas plutôt évadé d’un asile ? questionne le vieux.
    — Je peux prouver
    ce que j’avance, mes hommes se terrent dans un bois à quelques centaines de
    mètres.
    — J’ai entendu un
    avion qui volait très bas cette nuit, ça m’a réveillé, interrompt François.
    — C’est pas Dieu
    possible ! Vous seriez des soldats à de Gaulle, alors ! s’exclame l’abbé.
    — Exactement, monsieur
    l’abbé, et tous les trois vous tenez maintenant notre destin entre vos mains.
    — Qu’est-ce qu’on
    peut faire pour vous ? demande le vieux.
    — Nous cacher
    vingt-quatre ou quarante-huit heures, le temps de nous retourner.
    — Il y a une remise
    au bout du grand champ, personne n’y va plus jamais. Ça vous irait ?
    — C’est inespéré, monsieur,
    mais mon devoir m’oblige à vous dire franchement ce que vous risquez.
    — Oh ! je le
    sais bien ce que je risque, c’est affiché partout dans le département. Mais ma
    femme est à l’hôpital de Vannes pour des mois ; quant à François, je pense
    qu’il est d’accord. Les Allemands n’ont pas à faire la loi sur mes terres.
    — Je vous aiderai, déclare
    François sans hésiter.
    — Moi, je vous
    apporterai boissons et nourritures à la nuit tombée, surenchérit l’abbé. Attendez
    la nuit pour faire bouger vos amis, il ne passe pas grand monde par ici, mais
    on ne sait jamais. »
    Depuis quarante-huit
    heures, Bergé, Le Tac et Forman sont enfermés dans la remise. Petitlaurent et Joseph
    Renault sont partis aux renseignements sur des vélos mis à leur disposition par
    François Rénaux. Le curé vient régulièrement leur apporter du ravitaillement qu’il
    se procure dans le cellier du vieux.
    Petitlaurent est le
    premier à rejoindre le groupe à l’aube du troisième jour. Il est porteur de
    mauvaises nouvelles. D’après lui, les pilotes allemands n’empruntent plus le
    car, ils couchent à la base de Vannes-Meucon.
    Quelques heures plus
    tard, Joseph Renault rejoint à son tour. Ses renseignements sont contradictoires,
    mais tout aussi pessimistes. Pour lui, les pilotes couchent toujours à Vannes, mais
    ils disposent de voitures individuelles, ce qui rend impossible toute intervention.
    Bergé est sceptique, mais
    un troisième témoignage vient étayer la thèse de ses collaborateurs’ : François
    Rénaux, le jeune fermier, s’est lui aussi renseigné. Il a acquis la certitude
    que jamais un car n’a emprunté la route Vannes-Meucon.
    « C’est désespérant,
    mais nous devons abandonner le premier volet de votre mission, décide Bergé. Reste
    le second. Nous devons trouver des appuis sûrs dans la population. Je vais me
    rendre à Paris, puis dans le Sud-Ouest. Le Tac prospectera la Bretagne, Petitlaurent
    le Nord, Joseph Renault, l’Est, Forman, le Centre. J’ai réparti ces secteurs d’après
    les régions que chacun de vous connaît. N’oubliez pas le rendez-vous de Vendée,
    la plage de Saint-Gilles-Croix-de-Vie, dans la nuit du 30 au 31 mars. Nous
    partirons ce soir dès que le jour

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