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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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d’Azermont
    décide qu’il faut tenter une sortie, profiter de la surprise et bondir tous
    ensemble en force à coups de fusils mitrailleurs et de grenades. Mais pour que
    l’entreprise ait la moindre chance de succès, il faut parvenir à s’approcher au
    maximum sans être découvert.
    En rampant, les dix
    parachutistes quittent leur gîte et forment une chenille humaine qui progresse,
    silencieuse et attentive.
    D’Azermont rampe en tête.
    Il est prêt à bondir à chaque instant. Il se meut en se servant des coudes, serrant
    une grenade dégoupillée dans chaque main. Mètre par mètre, il avance, suivi de
    ses hommes ; il avance jusqu’à constater l’évidence : ils sont passés
    à travers le dispositif.
    Alors, les parachutistes
    accélèrent la cadence. Ils continuent de ramper, mais moins prudemment, puis se
    relèvent et se lancent dans une course folle. Tous avaient des grenades dégoupillées
    à la main ; ils refixent les cuillers à l’aide de fils de fer, puis
    reprennent leur course. Loin derrière eux, ils entendent la fusillade qui ne s’est
    pas calmée un seul instant. La patrouille n’a même pas un blessé et, juste
    avant l’aube, elle parvient à trouver un abri dans une ferme.
    Dans la nuit, les S.S. s’étaient
    entre-tués. Au lever du jour, ils dénombraient 87 morts et 182 blessés, chiffres
    fournis par un rapport officiel allemand qui faisait état d’une force ennemie
    considérable dans le bois d’Anjou. Le rapport proposait en outre plusieurs
    sous-officiers pour une distinction.
     

36
    Camp secret de Fairford,
    3 août 1944.
    Parmi les jeunes
    officiers qui encadrent les hommes du 3 e S.A.S., le lieutenant Thomé
    est de ceux que l’inaction ronge et déprime le plus. Il vient du B. G. R. A. Il
    a accompli en France de multiples missions et il peste d’avoir maintenant
    choisi l’uniforme et une unité régulière, ce qui le contraint à une pesante
    inaction tandis qu’il suit par les communiqués les combats furieux de ses
    frères d’armes.
    Thomé est responsable d’une
    demi-compagnie, mais, comme tous les officiers S.A.S. il a son stick – douze
    hommes à la tête desquels, quoi qu’il arrive, il sautera en opération. Ses
    hommes, Thomé les a choisis, et son choix s’est porté, au fur et à mesure des
    arrivées, sur les plus jeunes recrues.
    Ils sont tous censés avoir
    dix-huit ans révolus, mais le lieutenant ne s’est jamais leurré. Mis à part le
    sergent Klein, aucun de ses « gosses », comme il les appelle, n’a
    atteint cet âge. Et pour plusieurs d’entre eux, il s’en faut de beaucoup. Au
    régiment on les a d’abord appelés les « J 3 », puis ils sont devenus
    les « zazous ».
    Thomé ne s’est jamais
    formalisé de ces railleries. Il se laisse même fréquemment aller à parler
    lui-même de ses « zazous » dont il se montre fier et satisfait, car
    depuis un an ils sont devenus des soldats parmi les meilleurs. À l’entraînement,
    ils surclassent leurs aînés et, en ce qui concerne les combats à venir, le
    lieutenant leur fait une entière confiance.
    Ces combats il vient
    enfin d’en recevoir l’ordre. Dans cette matinée du 3 août, Château-Jobert vient
    de lui signifier que lui et son équipe sauteraient en France le soir même.
    Les « zazous »
    ont hurlé de joie. Leur exubérance a été telle que, dans une chahuteuse
    explosion, ils ont arraché les piquets de leur tente qui s’est abattue sur eux.
    Objectif : Finistère.
    Largage dans la presqu’île de Plougastel, à proximité de Daoulas. Effectif :
    la moitié de la compagnie Sicaud. Thomé et ses douze « zazous » en
    font partie. Mission : créer le chaos dans l’énorme rassemblement de
    troupes allemandes qui, refluant sous la poussée des Alliés, cherche à faire de
    toute la pointe de la Bretagne un camp retranché.
    Renseignements sur la
    Résistance : néant. Assurément partout des bonnes volontés, mais
    pratiquement aucune arme n’a jamais été larguée dans ces régions.
    Le lieutenant Thomé est
    un solide Ardennais de taille moyenne. Il est d’une évidente puissance ; cheveux,
    sourcils, yeux et poils sont d’un noir d’encre. Il est âgé de vingt-cinq ans. Ses
    hommes l’ont surnommé le « Gorille » et c’est bien observé. Du roi
    des singes, Thomé n’a pas que la vigueur, il en a également la souplesse.
    Son second, le sergent
    Klein, est un grand Lorrain tout en longueur, maigre, sec et dégingandé. Il est
    froid,

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