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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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violence du combat c’était impossible à évaluer, ment Emmunt. Mais je pense
    qu’ils devaient être au moins un bataillon à encercler Daoulas. C’est de la
    logique pure ; ils n’auraient jamais osé nous attaquer sans être certains
    d’un appui considérable. C’est la raison qui m’a poussé à capituler : la
    disproportion des forces en présence était beaucoup trop considérable pour
    tenter quelque résistance sans encourir un massacre. Vos troupes d’élite en ont
    fait elles-mêmes l’expérience quelques instants plus tard.
    — Un bataillon
    parachutiste ? lâche le major songeur. Évidemment.
    — Peut-être une
    division dans la région, surenchérit le capitaine. À mon avis, la presqu’île
    est infestée d’ennemis dont la mission est sans conteste le siège de Brest. »
    Les deux officiers allemands
    étaient-ils sincères ? Un fait est certain. C’est qu’ils ne firent rien
    pour endiguer les bruits qui commencèrent à se répandre selon lesquels une
    énorme concentration de parachutistes se tiendrait dans le triangle formé par
    les axes Brest-Lesneven, Lesneven-Landerneau et Landerneau-Brest.
    Si cette thèse apaisait
    l’orgueil meurtri des deux chefs, elle fit souffler, par contre, un vent de
    défaitisme sur les diverses unités allemandes cantonnées dans ce périmètre.
    Les parachutistes
    français qui avaient créé cette panique étaient au nombre de soixante-seize.
     

38
    Paul Lehir, le
    lieutenant Thomé, et les hommes de son groupe (ils ne sont plus que dix : Jean
    Briguet a trouvé la mort au cours des combats de Daoulas) se sont réfugiés dans
    une ferme isolée des environs de Saint-Urbin.
    Le père Bouguennec, le
    vieux fermier, est un homme sûr. Il a deux fils et une fille. Personne n’a
    hésité pour recueillir et installer les parachutistes.
    Le surlendemain de son
    double coup d’éclat, Thomé décide de partir seul dans la direction de
    Saint-Urbin. Il veut repérer un camp de munitions, étudier la possibilité d’un
    sabotage.
    L’action s’avère
    irréalisable. Désappointé, Thomé revient sur ses pas. Il oublie toute prudence,
    marche sans méfiance dans un sentier à travers bois lorsqu’il est interpellé
    par-derrière :
    « Monsieur ! »
    Thomé fait un bond. Se
    retrouve à plat ventre à l’abri des buissons, rampe à travers une végétation
    dense, tout en armant sa mitraillette. À couvert derrière un arbre, il se
    retourne, observe, prêt à tirer.
    « Monsieur, s’il
    vous plaît, monsieur ! »
    Thomé est estomaqué. Il
    aperçoit un officier allemand, sa mitraillette Schmesser bat en travers sur sa
    poitrine, il ne paraît avoir aucune velléité belliqueuse, semble être seul, mais
    il aurait pu sans le moindre risque abattre le lieutenant d’une rafale dans le
    dos.
    L’index sur la détente, Thomé
    sort de son abri, ordonnant :
    « Les mains sur la
    nuque ou je tire !
    — Ne tirez surtout
    pas, monsieur, déclare posément l’officier, je désire me rendre.
    — Jette ton arme en
    la tenant par la bretelle », gueule le lieutenant.
    L’officier allemand s’exécute.
    Thomé s’approche de lui, le palpe, empoche le Parabellum :
    « C’est bon, tu
    peux baisser les bras. Marche devant.
    — C’est que je ne
    suis pas seul, explique l’officier. Il y a soixante-dix parachutistes qui
    voudraient se rendre à une unité régulière. Ils vous observent à la jumelle
    depuis deux heures, ils m’ont envoyé en parlementaire à cause de ma
    connaissance de votre langue.
    — Vous êtes
    parachutiste ? interroge Thomé, en pensant amèrement qu’il a servi de
    point de mire pendant une partie de l’après-midi.
    — Moi ? Grands
    dieux, certes pas ! Je suis professeur de philosophie à l’université de
    Munich. Je suis ici en tant que capitaine responsable du service météorologique. »
    Rapidement Thomé fait le
    point. Il est évident que l’officier-philosophe et ses parachutistes
    surestiment considérablement la force dont il dispose. Quelle sera leur
    réaction quand ils s’apercevront de la fragilité de son effectif ? La
    seule solution raisonnable est de remettre les prisonniers aux mains des F.F.I.
    et des F.T.P. qu’il a armés l’avant-veille. Trois heures devraient suffire pour
    alerter Lehir et tendre une souricière suffisamment solide pour prévenir toute
    réaction des Allemands : lorsque les parachutistes s’apercevront qu’ils
    ont été bernés et qu’ils ne sont pas dans les mains

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