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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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loin qu’un point minuscule sur la route.
    — Une bagnole seule,
    mais quelle bagnole ! Mercedes ! Décapotable ! La 540 K.
    — Elle est
    décapotée ?
    — Oui, oui, tu
    parles !
    — On balance une
    grenade au passage, mon lieutenant ?
    — Non, mais tu
    rêves ! Tu veux m’abîmer ma voiture ? Tu tires le chauffeur. Et
    de profil, encore, ne va pas me péter mon pare-brise. Il y a aussi un
    type vautré à l’arrière.
    — C’est peut-être
    Hitler, lance Guichard.
    — Et des pneus à
    flancs blancs. Des gros tuyaux nikelés sur le côté. Y a cinq ans que je rêve d’une
    bagnole comme ça. »
    Les hommes distinguent
    maintenant la voiture à l’œil nu ; elle glisse, silencieuse et majestueuse,
    à petite tesse.
    « Je vais le tirer
    dans la tempe, annonce Klein. Ça saigne pas, je ne voudrais pas salir vos coussins. »
    La Mercedes passe. Un
    seul coup de feu est tiré. Tué net, le chauffeur bascule en avant, s’effondre
    sur le volant. Son pied glisse de l’accélérateur, le moteur cale, la voiture s’immobilise.
    À l’arrière, l’officier s’est retourné ; pistolet au poing, il vide le
    chargeur au hasard. À son tour il est tué d’une balle en plein front ; c’est
    Klein qui, avec une fantastique précision, a tiré aussi le second projectile.
    « Je m’excuse, mon
    lieutenant, mais il risquait de faire mal, explique-t-il, contrit. Une de ses
    balles m’a sifflé aux oreilles. »
    Les parachutistes s’approchent
    de la superbe voiture, constatent la mort de ses deux occupants.
    « Un général des
    Waffen S.S. ! C’est dommage ! déplore Thomé. Quel con aussi avec son
    revolver…
    — On lui aurait fait
    faire la vaisselle à la ferme dans son bel uniforme, lance Guichard. J’aurais
    fait des photos.
    — Sans compter qu’il
    jouait sûrement aux échecs », conclut amèrement Thomé.
    Le lieutenant est un peu
    réticent quand l’ensemble de l’équipe réclame une place à bord, mais il ne peut
    se résoudre à fractionner ses hommes. Tous les dix s’entassent dans le superbe
    véhicule et regagnent la ferme.
    L’officier météo
    allemand vient de finir le ménage, Thomé lui ordonne de laver la voiture.
    « Et que ça brille !
    L’ancien propriétaire était un véritable porc, c’est une honte de ne pas
    soigner une pareille merveille ! Quand elle étincellera, vous vérifierez l’huile
    et l’eau.
    — Vous l’avez payée
    cher, lieutenant ? raille l’Allemand.
    — J’ai débattu le
    prix. Finalement je crois avoir fait une affaire. »
    Vers midi, la Mercedes
    est lustrée. Thomé, Klein et Guichard l’admirent amoureusement.
    « Déplie-moi une
    carte », lance le lieutenant.
    Klein étale une carte de
    soie sur le capot de la voiture.
    « Qu’est-ce que
    vous cherchez, mon lieutenant ?
    — Une longue ligne
    droite.
    — Je vois, ça va
    barder, elle doit approcher du 200.
    — C’est ce que
    Mercedes prétend, on va vérifier. En allant sur Landerneau, on a dix kilomètres
    sans un virage.
    — Oui, mais à
    Landerneau il y a les S.S.
    — Regarde ce
    tournant, il n’est qu’à deux kilomètres de la ville, et on l’apercevra de loin.
    Il n’y aura alors qu’à faire demi-tour.
    — Si vous étiez
    allemand et que vous teniez Landerneau, où est-ce que vous posteriez vos fusils
    mitrailleurs ?
    — Dans le virage, et
    ils y sont sûrement. Mais je te le répète, on le verra de loin et la route est
    large.
    — Vous savez, mon
    lieutenant, je voudrais pas vous faire de la peine, mais les Mercedes c’est pas
    tellement réputé pour leur braquage.
    — Non, mais tu m’uses
    le moral, sergent. Si tu as le trac, tu n’as qu’à le dire. J’emmènerai la fille
    Bouguennec, tu n’auras qu’à te charger des travaux ménagers à sa place pendant
    notre promenade. »
    Le sergent Klein est un
    homme vif et intelligent. Il possède un indéniable sens de l’humour. Il lui
    arrive fréquemment de plaisanter sans tendresse. Pourtant dans le cas présent, il
    réagit mal. Lorsqu’il est en colère – ou paradoxalement lorsqu’il échange
    des propos excessivement sérieux avec Thomé –, il tutoie son officier, ce
    qui du reste est fréquent dans les unités S.A.S.
    « En fin de compte,
    Thomé, tu es un sale type, on a bien tort de t’estimer et de t’aduler, tu
    penses qu’à balancer des vacheries méprisantes, tu n’es heureux que quand tu
    fais mal. »
    Thomé répond sur un ton
    rigolard :
    « Ça, c’est la
    meilleure ! C’est moi qui

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