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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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d’une unité régulière, ils
    risquent fort, en effet, de redevenir belliqueux.
    « C’est bon, décide
    Thomé. Vous et vos parachutistes vous vous présenterez dans trois heures au
    carrefour de Bellevue. Entre-temps j’aurai avisé mon colonel, deux compagnies
    vous y attendront. Mais attention : arrivez sans armes et les mains en l’air.
    Sinon, je ne réponds de rien.
    — Rien à faire !
    tranche le « capitaine météo ».
    — Qu’est-ce qui ne
    va pas ?
    — Je ne retourne
    pas donner un rendez-vous à mes camarades. Ils veulent se rendre tout de suite.
    Ils m’ont dicté des consignes, ils veulent que vous les accompagniez à votre P.C.
    — Mais ça revient
    au même ! Je n’ai aucune envie de convoyer tout seul soixante-dix soldats
    ennemis. Suivez mes instructions et ne discutez pas.
    — Rien à faire, reprend
    l’Allemand buté, en s’asseyant sur une grosse pierre avec une moue d’enfant
    chagriné. Vous ne les connaissez pas. Ce sont des brutes. Quand ils décident
    quelque chose, il n’est pas question de parlementer. Ils veulent se rendre tout
    de suite. Si je les déçois, ils vont me massacrer.
    — Vous vous foutez
    de moi ?
    — Pas du tout. Réfléchissez,
    qu’est-ce que vous risquez ? Ils ont eu vingt fois l’occasion de vous tuer.
    Et moi-même, tout à l’heure, j’aurais pu vous tirer dans le dos. »
    Thomé réfléchit. Effectivement,
    l’Allemand est logique. Et puis quelle rigolade de ramener à la ferme
    soixante-dix parachutistes ennemis ! Il pense à la gueule du sergent Klein,
    à celle des « zazous ».
    « D’accord, décide-t-il.
    Que vos amis me rejoignent ici deux par deux, à trois mètres de distance les
    uns des autres, sans armes, et les mains en l’air avec évidence. »
    L ’incroyable se produit. Moins
    d’un quart d’heure plus tard, la colonne se présente. Les hommes bras levés
    sont conduits par un sous-officier, un Feldwebel bardé de décorations. Thomé
    les laisse passer, commande à « l’officier météo » de demeurer derrière
    avec lui pour transmettre les ordres de direction. L’insolite équipage parcourt
    trois kilomètres à travers bois. Il arrive à portée de voix de la ferme
    Bouguennec.
    « Halte ! »
    ordonne Thomé, puis il hurle en direction de la ferme : « Klein ! »
    Silence. Le lieutenant
    reprend, les mains en porte-voix :
    « Lucien ! Nom
    de Dieu ! »
    Le jour commence à pâlir.
    Suivi du caporal-chef Paul Clément, Klein cherche à situer le sens de l’appel.
    « Par ici, gueule
    Thomé. J’avance avec des prisonniers, ne tirez pas !
    — C’est le
    lieutenant, reconnaît Klein. Qu’est-ce que c’est encore que cette salade ? ».
    Il arme sa Sten. Clément
    l’imite. Les autres sortent, sur la défensive ; vite ils se rassurent en
    distinguant les bras levés des Allemands.
    « Ben merde, alors !
    Où avez-vous déniché tout ça, mon lieutenant ? » bafouille Klein
    médusé.
    Thomé ne répond pas. Il
    s’adresse à l’interprète. « Faites-les asseoir par terre, et qu’ils
    conservent les mains sur la nuque. »
    Le « capitaine
    météo » traduit l’ordre. Docilement le troupeau s’exécute. Thomé attire
    Klein à part.
    « Envoie un « gus »
    prévenir Lehir qu’il rapplique en force. On va lui faire un cadeau.
    — Un chouette
    cadeau !
    — Tu parles ! Regarde-les
    de plus près : c’est du beau linge, des parachutistes.
    — Vous me charriez…
    — Va voir leurs
    insignes. Tu crois pas que je me serais fatigué à trimbaler de l’intendance ? »
    André Le Nabour a déjà
    reconnu les insignes, il braille à la cantonade :
    « Eh ! les
    gars, venez mater un peu ! C’est des copains ! »
    Lehir arrive vers 8
    heures du soir avec dix hommes armés. Hélas ! il se montre formel :
    « Moi, j’en veux
    pas, mon lieutenant ! Qu’est-ce que vous voulez que j’en foute ! J’ai
    déjà suffisamment de problèmes pour nourrir mes hommes. Je sais parfaitement ce
    que je vous dois, je ferai tout pour vous rendre service et vous être agréable,
    mais m’encombrer de soixante-dix prisonniers, pas question ! »
    Après un nouveau regard
    vers le troupeau, il ajoute sur un ton de concession :
    « Je veux bien
    prendre leurs bottes, mais c’est vraiment tout ce que je peux faire pour vous…
    — Mais qu’est-ce qu’on
    va en foutre ? se lamente Thomé. Je ne vais tout de même pas les buter.
    — Allez voir les F.T.P.,
    suggère Lehir, mais je ne pense pas que vous ayez beaucoup plus de

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