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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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dans lequel il décide installer son poste de commandement.
    L’hôtel de la Poste se
    trouve dans la rue principale, à quelques centaines de mètres de la Loire et du
    pont-canal. Bourgoin réquisitionne l’établissement, envoie son chauffeur
    prévenir tous les officiers qu’il tiendra un briefing à 19 h 30 et qu’en
    attendant ils trouvent à loger leurs hommes.
    Le Manchot prend une
    douche, se rase, et descend dans la vaste salle à manger sur le mur de laquelle
    il fait épingler une carte d’état-major géante de la région.
    L’ensemble des officiers
    arrive simultanément. Sans le moindre protocole, dans un brouhaha confus, ils
    déplacent des tables, des chaises, s’installent dans un large demi-cercle
    autour de leur chef.
    Le lieutenant Fauquet
    disparaît un instant, il revient un verre de whisky à la main.
    « Fauquet, il s’agit
    d’un briefing, pas d’un cocktail ! gueule Bourgoin.
    — Excusez-moi, mon
    colonel. »
    Fauquet vide son verre d’un
    trait et le dépose à ses pieds.
    « Bon, reprend
    Bourgoin, je vous demande cinq minutes d’attention. »
    Le silence qui s’établit
    brusquement surprend le sous-lieutenant Le Bobinnec qui était lancé dans une
    passionnante description. Tous entendent fuser la conclusion de sa phrase :
    « … et avec ça, une
    paire de miches montées sur roulements à billes. »
    Bourgoin se contente de
    jeter au sous-lieutenant un regard sévère.
    « Bon, commence-t-il,
    voici les ordres. Nous allons échelonner le bataillon sur une cinquantaine de
    kilomètres. Pour ça, démerdez-vous. Placez des équipages dans les villages du
    bord de Loire. La moitié dans la direction d’Orléans, l’autre dans celle de
    Nevers.
    « Sur la Loire, il
    semble qu’il reste quelques ponts. Jusqu’à nouvel ordre, ce qui ne saurait
    tarder, les consignes précisent qu’il nous est formellement interdit de
    les passer. Même tabac pour les Américains qui, eux, sont des soldats
    disciplinés. Je n’ignore pas que ce n’est en rien votre cas. Aussi j’insiste
    sur un point : si certains d’entre vous prenaient sur eux d’enfreindre les
    instructions que je viens de vous exposer, je leur ordonne formellement de ne m’en
    faire part qu’après. Mais en tout état de cause, je vous demande de ne
    pas commencer à désobéir avant quarante-huit heures, le temps de s’installer et
    de renifler le climat.
    « J’ajoute que d’après
    les rapports de la LRD armée qui monte du sud et qui se trouve encore à plus de
    deux cents kilomètres de la Loire, aucune règle ne peut être établie sur le
    comportement des Boches. Certains jours, les gus de De Lattre ou les légionnaires
    avancent dans de la vaseline, font des prisonniers par paquets de mille ; le
    lendemain, ils se font accrocher des heures par des bandes d’acharnés têtus qui
    se cramponnent comme des morpions à des positions sans intérêt.
    « Si je laisse
    sciemment une porte entrouverte à la transgression de mes ordres, c’est que
    devant la situation confuse qui se crée, la population civile risque de
    dérouiller salement. J’espère m’être bien fait comprendre, vous pouvez disposer. »
    Les officiers se lèvent,
    le brouhaha tumultueux reprend.
    « Un mot encore »,
    ajoute Bourgoin. À nouveau tous font le silence, à l’exception de Le Bobinnec
    qui a repris instantanément sa conversation interrompue. Tous perçoivent :
    « … sans compter une tronche de salope.
    — En m’excusant de
    troubler pour la seconde fois les obsessions sexuelles du Breton, reprend
    Bourgoin, j’ajoute : pas de conneries, restez prudents, ne mésestimez pas
    l’ennemi. Maintenant, vous pouvez vous faire servir à boire. »
    Une centaine de
    parachutistes se sont implantés à Briare, autour du P.C. Tous ont trouvé des chambres
    confortables chez les habitants ou les fermiers des alentours qui les ont
    accueillis avec joie et fierté. De nombreux résistants et patriotes se sont
    présentés à Bourgoin. Il n’est pas toujours aisé de les juger, de faire la part
    d’authenticité ou d’opportunisme, mais dans l’ensemble l’exaltation
    enthousiaste de la population est générale et sincère.
    Les hommes ont passé une
    nuit de repos et s’apprêtent à se délasser jusqu’au lendemain. À l’hôtel de la
    Poste, Bourgoin achève de déjeuner, en compagnie d’un commandant des Forces
    françaises de l’Intérieur. Aux autres tables de la vaste salle à manger, une
    dizaine d’officiers

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