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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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restent pantois. Sur la place,
    des volets et des fenêtres s’ouvrent, des drapeaux français apparaissent, des
    cris fusent : « Vive la France ! » « Vivent nos
    libérateurs ! » « Vivent les parachutistes français ! »
    Thomé sort du véhicule
    sur lequel maintenant des fleurs pleuvent. Une adolescente se précipite et l’embrasse
    sur les joues. Derrière, Guichard en embrasse une seconde à pleine bouche. Soudain
    Thomé éclate de rire et déclare à ses hommes :
    « Vous savez ce qu’on
    vient de faire, les gars ? On vient de libérer Landerneau ! »
    Sur la citation du
    lieutenant Thomé, lorsqu’il fut, quelques mois plus tard, promu chevalier de la
    Légion d’honneur, le général de Gaulle avait fait figurer – entre autres
    faits d’armes – : « A la tête de sa compagnie, a libéré la ville de
    Landerneau, occupée et tenue par deux compagnies d’élite ennemies. » Le général
    ignora toujours que la compagnie en question se composait d’un effectif de deux
    hommes : le sergent Lucien Klein et le caporal Guy Guichard.
     

SEPTIÈME PARTIE
CROIRE ET OSER

40
    Après la libération de
    Vannes, l’ensemble de la Bretagne retrouve la liberté à l’exception des deux
    poches de Saint-Nazaire et Lorient.
    À Vannes, les survivants
    du 2 e R.C.P. se regroupent autour de leur chef Pierre Bourgoin. Le « Manchot »
    vient d’être promu au grade de lieutenant-colonel.
    Une équipe de huit
    hommes est partie pour l’Angleterre avec comme mission de convoyer une
    cinquantaine de jeeps spécialement conçues par les S.A.S. et pour les S.A.S.
    Selon la méthode
    Stirling, les véhicules sont équipés de deux mitrailleuses d’aviation Vickers, fixes
    et jumelées à l’avant, et d’une mitrailleuse à l’arrière.
    Les parachutistes de la
    France libre doivent se motoriser, car une nouvelle forme de combat les attend.
    Une fantastique métamorphose
    a transformé la physionomie des S.A.S. Elle est due en grande partie au fait
    que de traqués, les parachutistes vont devenir chasseurs. Le braconnage va se
    muer en chasse à courre.
    Du coup, une confiante
    décontraction, un sentiment de puissance et d’invincibilité planent sur l’ensemble
    du bataillon que renforce encore l’arrivée des nouveaux véhicules.
    En quittant Vannes, les
    hommes partent pour ce qu’ils nomment eux-mêmes « la guerre fraîche et
    joyeuse ».
    Ils connaissent tous
    leur nouvelle affectation en territoire libéré par les Alliés : le long de
    la Loire, sur sa rive nord.
    Hélas ! l’hallali
    escompté va réserver de tragiques surprises. Plus de deux cent mille Allemands
    se trouvent, en effet, au sud de la Loire, pris dans les mâchoires d’une gigantesque
    tenaille. Venant du Sud, les Alliés – qui ont débarqué en Provence le 15 août
    1944 – les refoulent devant eux, dans de furieux combats. Au nord du fleuve, les
    Alliés les attendent.
    Ces corps d’armée
    ennemis sont représentés par toutes les armes. Il y a, dans ce flux humain, des
    S.S., des parachutistes, de la Wehrmacht, des marins, du train des équipages, de
    l’administration. Il y a surtout la 1re Panzer Division, baptisée par
    les Alliés « la division fantôme » et qui parviendra à glisser entre
    leurs mains.
    Les chefs et les hommes
    de ces unités sont partagés en deux fractions à peu près égales : la
    moitié d’entre eux, harassés, déprimés, écœurés, cherchent à se rendre dans les
    meilleures conditions possibles ; l’autre moitié veut tenter, coûte que
    coûte, d’effectuer une percée dans l’espoir de rejoindre l’Allemagne par la
    trouée de Belfort, afin de poursuivre le combat.
    Le partage ne s’établit
    pas, comme on pourrait le penser, de façon logique – c’est-à-dire les corps d’élite
    optant pour la percée, les autres pour la reddition. Non. Le fractionnement des
    pour et des contre s’effectue au sein de chaque unité, et il en résulte une
    situation dangereuse et confuse, car, pendant près d’un mois, chaque fois que
    les parachutistes se trouveront face à l’ennemi, ils ignoreront dans quel état
    d’esprit celui-ci se trouve…
    Le 1 er septembre, en fin de soirée, la longue colonne de jeeps arrive à Briare, grosse
    agglomération située en bord de Loire.
    Bourgoin fait stopper le
    convoi à l’entrée du bourg et dirige son véhicule à travers les rues étroites. Les
    habitants l’acclament. Il se renseigne ; rapidement le Manchot trouve le
    meilleur hôtel

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