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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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à sa ferme dans l’intention de faire la
    connaissance de sa conquête. À la sortie de Briare, les parachutistes croisent
    un groupe de partisans qui marchent sans ordre. Les hommes sont bardés d’armes
    diverses : vieilles pétoires, revolvers à barillet de la dernière guerre, etc.
    Fauquet freine brusquement, et fait marche arrière pour parvenir à la hauteur
    du groupe. Le lieutenant s’adresse à l’un des F.F.I. qui porte à la bretelle un
    fusil de chasse en parfait état : un 12 mm classique.
    « Qu’est-ce que tu
    cherches avec ça, mon gars ? Tu prends les Allemands pour des lapins de
    garenne ?
    — C’est que j’ai
    rien d’autre, mon lieutenant.
    — Tu as des
    cartouches, au moins ?
    — Ça, pour sûr, j’en
    manque pas. J’en ai plus d’une centaine.
    — Écoute, tu as une
    bonne gueule, je vais te faire une fleur. »
    Fauquet s’empare à l’arrière
    de la jeep d’un fusil Mauser allemand, récupéré en Bretagne, et d’une sacoche
    de balles encastrées par cinq dans des chargeurs à glissières.
    « Voilà. Si tu es d’accord,
    on fait l’échange. » L’homme ne dissimule pas son accord total. Fauquet
    lui explique comment on charge l’arme, en introduisant la glissière du chargeur
    dans la culasse et en poussant d’un coup de pouce les balles qui prennent
    mécaniquement place dans le magasin. Puis le lieutenant vérifie l’état du fusil
    de chasse, qui semble le satisfaire, et s’empare du sac de cartouches. La jeep
    démarre. « Qu’est-ce qui t’a pris, mon lieutenant ? interroge Crœnne.
    — Perdreau sur
    canapé, civet de lièvre, faisan farci, voilà ce qui m’a pris. »
     

41
    Le capitaine Leblond s’est
    installé à Cosne. Il est considéré au bataillon comme le seul officier pondéré,
    respectueux des ordres reçus et de la guerre classique. Par ce fait, les
    rapports qu’il entretient, entre autres avec le sous-lieutenant Alain Le
    Bobinnec, manquent de cordialité. Rares sont les jours où le jeune Breton ne se
    voit pas menacé de sanctions qui s’échelonnent dans un éventail allant des
    arrêts de rigueur au conseil de Guerre.
    Alain Le Bobinnec s’en
    contrefout. Il laisse passer les orages qu’il accueille avec un désarmant
    mélange de respect et d’insolence, et continue à n’en faire qu’à sa tête. Le
    sous-lieutenant a sa bande qui lui obéit aveuglément, et il faut au capitaine
    Leblond une obstination caractérielle pour ne pas se lasser de transmettre à
    son subordonné des consignes qui sont aussitôt enfreintes.
    Le 7 septembre, Leblond
    a posté les équipages des deux jeeps à l’entrée nord de Cosne. Ces équipages :
    sont ceux du lieutenant Le Bobinnec et du sergent Boutinot.
    Pour Leblond, cet ordre
    est logique : une unité occupant une position poste des sentinelles aux
    accès : Pour Le Bobinnec, c’est absurde, car à quelques kilomètres au nord
    il y a Bourgoin et sa compagnie. Qu’on place un homme de garde, à la rigueur, mais
    qu’on en immobilise huit, ça dépasse et exaspère le jeune sous-lieutenant.
    « Je vais me
    promener, déclare-t-il au sergent Boutinot. Si Leblond fait une inspection, improvise,
    raconte-lui n’importe quoi.
    — Le Vieux va pas
    aimer ça, mon lieutenant. Il peut appeler ça abandon de poste devant l’ennemi. Ça
    peut aller chercher dans les douze balles.
    — Sois pas
    pessimiste ! Il va peut-être mourir d’apoplexie en constatant mon absence.
    — Peut-être, comme
    tu dis. Mais il vaut mieux mettre toutes les chances de notre côté. S’il
    constate notre absence à tous les deux, il va sûrement mourir d’apoplexie. »
    Ayant dit, le sergent
    Boutinot prend tranquillement place dans la jeep du sous-lieutenant. ! « Et
    s’il se pointe, c’est nous qui dérouillons, fait remarquer un caporal.
    — Penses-tu, répond
    Le Bobinnec goguenard, tu lui diras que je suis allé pisser et que j’ai pris le
    sergent pour me couvrir. »
    La jeep contourne Cosne
    au maximum de sa vitesse. Le Bobinnec engage ensuite le véhicule sur la route
    de Nevers, zone totalement interdite. D’après les derniers renseignements, Nevers
    est occupé par une forte concentration ennemie.
    Le compteur de la jeep
    oscille entre 80 et 85. La route est superbe. Le vent tiède qui frappe leur
    visage exalte les deux parachutistes. Ils traversent La Charité sans ralentir, il
    est 1 heure de l’après-midi, les volets sont prudemment clos, les rues désertes.
    « On va loin comme
    ça ?

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