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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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demande Boutinot sans la moindre inquiétude.
    — Si ça continue, on
    peut être à Vichy dans moins de deux heures.
    — Riche idée, enchaîne
    Boutinot qui commence chanter, repris en chœur par le sous-lieutenant : Maréchal
    nous voilà !… »
    Les deux hommes
    continuent à plaisanter. Ils n’ont pas le moindre sentiment de danger. C’est
    tout juste s’ils s’aperçoivent qu’ils roulent maintenant dans les faubourgs de
    Nevers.
    Le Bobinnec ralentit. Boutinot
    arme les deux mitrailleuses de tête.
    « On va peut-être
    un peu fort, fait-il remarquer, j’ai l’impression qu’on est à Nevers. Il est
    question d’une division blindée allemande qui occupe la ville. »
    Le sous-lieutenant
    arrête la jeep. Presque aussitôt elle est entourée par des civils goguenards et
    joyeux qui, sortant précipitamment de chaque maison, acclament les
    parachutistes. Le sous-lieutenant cherche à trouver un interlocuteur valable.
    « Les Allemands ?
    questionne-t-il. Où sont les Allemands ?
    — Ils viennent d’évacuer.
    Ils ont tous foutu le camp dans la direction de Vichy, répond un facteur. Depuis
    ce matin ils emballaient tout. Il y a plus de deux heures que les derniers
    éléments sont partis. Allez à l’hôtel de ville, ils vous en diront davantage, ils
    préparent un vin d’honneur.
    — Ça tombe bien, j’ai
    soif », lance Boutinot, souriant.
    Sous les acclamations, la
    jeep pénètre dans l’enceinte de l’hôtel de ville. Le secrétaire général rejoint
    les parachutistes sur le perron, les entraîne au premier étage où une foule de
    notables sont rassemblés. Les premiers bouchons de Champagne sautent.
    À plusieurs reprises, Le
    Bobinnec et Boutinot font des apparitions au balcon, répondent par de larges
    gestes aux applaudissements, aux bravos et aux hourras de la foule.
    « Ça me botte vachement,
    la célébrité, fait remarquer le sergent. Tu crois qu’ils nous prennent pour de
    Gaulle et Eisenhower ?
    — Sans aucun doute,
    réplique Le Bobinnec. Mais si on continue à ce rythme, on va se retrouver canés
    comme des sagouins.
    — En ce qui me
    concerne je ne risque plus rien. Ça y est », lance, hilare, Boutinot, sans
    pour autant oublier gestes chaleureux vers la foule.
    Malgré la douce torpeur
    qui commence à l’envahir, Alain Le Bobinnec réalise que la situation peut
    devenir délicate. Il est 4 heures de l’après-midi, et le capitaine Leblond a dû
    sans conteste s’apercevoir maintenant de leur absence ; il doit brailler
    comme un beau diable.
    « Je vous prie de
    nous excuser, déclare cérémonieux le sous-lieutenant au secrétaire général. Nous
    devons rentrer sur Cosne, rendre compte de notre mission de reconnaissance. Nous
    avons une vacation avec Londres à 19 heures, il faut les aviser de la libération
    de Nevers. D’autre part, je pense que notre unité viendra s’implanter chez vous
    demain, et des dispositions vont devoir être prises.
    — Prenez une
    bouteille de Champagne pour la route », répond le secrétaire général sur
    un ton qui trahit une allégresse qui n’est plus uniquement provoquée par le
    départ de l’occupant.
    Boutinot se saisit de la
    bouteille, tandis que le secrétaire leur tend encore deux verres pleins.
    Le Bobinnec a du mal à
    frayer à sa jeep un chemin à travers la foule exubérante, mais dès que la voie
    s’éclaircit, il reprend un rythme d’enfer, d’abord dans les rues de Nevers, ensuite
    sur la route de La Charité.
    « Au P.C. l’accueil
    risque d’être moins chaleureux ! réalise le sous-lieutenant.
    — On a libéré
    Nevers, oui ou merde ? » braille Boutinot, en faisant sauter le
    bouchon de la bouteille.
    La mousse s’échappe sur
    ses mains et ses manches ; 9 porte la bouteille à ses lèvres et engloutit
    de lourdes gorgées. Ensuite, dans un rot bruyant, il la tend à son ! chef.
    Conduisant de la main gauche, Le Bobinnec, à son tour, ingurgite une solide rasade.
    Lorsqu’ils parviennent à
    l’hôtel de Cosne dans lequel Leblond a établi son P.C., il semble que rien ne
    puisse altérer la bonne humeur des deux parachutistes.
    Un jeune officier sort
    en coup de vent au moment où la jeep pénètre dans la cour. Il est suivi par
    deux sergents.
    « Alain, nom de
    Dieu ! Tu es malade ! Ce coup-ci tu n’y coupes pas, tu passes le
    falot.
    — Le falot, mon cul !
    Avec comme motif : À libéré tout seul la ville de Nevers !
    — Tout seul ! Et
    moi j’étais aux fraises, probablement ? jette

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