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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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terminent eux aussi leur repas. Ils se sont installés par
    tables de deux ou trois.
    Il fait un temps superbe,
    les fenêtres sont grandes ouvertes. Soudain toutes les têtes se lèvent à l’arrivée
    spectaculaire d’un cycliste.
    L’homme a dévalé à toute
    vitesse la rue en pente. Devant l’hôtel il a freiné dans un grincement geignard,
    a jeté sans précaution son vélo contre le mur, et a passé le portail en courant.
    Il est dégoulinant de sueur, sa chemise est plaquée sur son dos par la
    transpiration, il porte un béret enfoncé sur le crâne jusqu’à ses oreilles
    largement décollées. Autour de la manche gauche de sa chemise, un brassard
    tricolore est fixé à l’aide d’une épingle double. Sur le blanc, à l’encre de
    Chine, les sigles F.F.I. ont été grossièrement tracés.
    L’homme pénètre dans la
    salle de restaurant. Dans un empressement démonstratif, il se renseigne à une
    table, puis se dirige en courant presque vers celle où le lieutenant Fauquet
    termine son fromage.
    « Lieutenant
    Fauquet ? s’enquiert l’arrivant.
    — C’est moi »,
    répond Fauquet, intrigué.
    L’homme sort une
    enveloppe de sa poche, Fauquet s’en saisit, constate qu’effectivement elle
    porte son nom.
    « C’est un message
    d’une extrême urgence, explique l’étrange résistant d’une voix suffisamment
    haute pour être entendu de toute la salle. Un de vos parachutistes qui loge
    chez moi m’a chargé de vous l’apporter aussi vite que je pourrais. J’ai mis à
    peine neuf minutes, et ma ferme est à cinq kilomètres. »
    Fauquet dégaine sa dague
    dont il se sert pour ouvrir l’enveloppe. Attentivement il prend connaissance du
    message qu’il replie soigneusement avant de le faire disparaître dans la poche
    de sa chemise. Gravement il se lève et se dirige vers le mur sur lequel est
    punaisée la carte d’état-major, après avoir ordonné au messager :
    « Suivez-moi. »
    Pensif et austère, le
    lieutenant contemple la carte. Puis son index se porte sur un point.
    « Vous connaissez
    ce bois ? demande-t-il au résistant.
    — Oui, je connais
    bien la région, répond l’homme, soudain moins empressé.
    — Vous pouvez m’y
    conduire immédiatement ?
    — Qu’est-ce qu’il y
    a là-bas ? questionne l’homme un ton qui laisse percer une évidente
    inquiétude.
    — Rien de sérieux, ne
    vous inquiétez pas. Conduisez -moi, c’est tout. »
    La scène n’a échappé ni
    au colonel Bourgoin ni au commandant F.F.I. qui partage son repas. Celui-ci, sur
    le ton de la confidence, chuchote, se rapprochant du colonel :
    — Dites à votre
    lieutenant de se méfier. Ce type n’est pas un trop mauvais bougre, mais c’est
    un abruti. En plus il n’est pas net, il a traficoté avec les Boches sur le
    ravitaillement. On lui fout la paix, on le laisse même faire le guignol avec
    son brassard, à cause de la simplicité de son esprit, mais ne lui faites aucune
    confiance.
    — C’est bon, allons-y,
    vient de conclure Fauquet,, lui s’apprête à sortir suivi de l’homme.
    — Fauquet !
    — Mon colonel ?
    — Que dit le
    message qu’on vient de vous transmettre ?
    — Oh ! ce n’est
    rien mon colonel. Simple vérification de routine. Je suis de retour dans une
    heure tout au plus. »
    Bourgoin ne répond pas. Il
    tend simplement sa main valide et fixe son subordonné d’un regard froid et
    sévère.
    « Je vous affirme, mon
    colonel », tente de parlementer Fauquet…
    La main tendue reste en
    suspens. Visiblement à contrecœur, Fauquet extrait le message de sa poche et le
    tend à son chef.
    Bourgoin en prend
    connaissance sans le moindre mouvement de physionomie, puis en rendant le
    papier au lieutenant il demande simplement :
    « Bébert ?
    — Robert Crœnne, mon
    colonel.
    — Évidemment. C’est
    bon, allez. Vous direz à Crœnne de venir me rendre compte de son coup… de
    main. »
    Les deux hommes quittent
    la salle. Bourgoin termine sa tasse de café, après avoir rassuré son convive.
    « C’est sans aucune
    importance. Merci quand même de m’avoir prévenu. »
    Sur le message, le
    colonel venait de lire : « Retiens-moi ce con une heure ou deux, le
    temps que je saute sa femme. Elle a le feu au fion, et j’ai une barre en acier
    suédois. À charge de revanche. » C’était simplement signé : « Bébert. »
    Dans la soirée, le
    lieutenant Fauquet et le caporal Crœnne traînent dans le village en jeep. Fauquet
    s’apprête à raccompagner son subordonné

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