Qui ose vaincra
en rond
autour du camp secret de Fairford, faisant manœuvrer bras, jambes et mains. Le
régiment partit en Bretagne et laissa Boissonas. Celui-ci ne se tint pas pour
battu. Il se fit admettre par les Anglais et se glissa dans les rangs du 3 e R.C.P.
« C’est ainsi qu’il
atterrit une nuit en Bourgogne.
« Son ordonnance le
trouva les larmes aux yeux, embrassant la terre. Le voyant, il plaisanta :
« Je vous recommande le triple parachute. »
« Les Anglais lui
avaient en effet donné un système de trois parachutes assemblés, permettant un
atterrissage très adouci.
« À peine est-il
arrivé qu’il témoigne d’une ardeur extraordinaire. Cet homme frêle, amoindri
déjà par ses brûlures, à peu près sans entraînement, fera l’admiration de tous.
Avec quelques parachutistes il mène une compagnie de F.F.I. et attaque sans
relâche l’adversaire. Toujours debout, il dirige le combat comme à l’exercice…
« Le capitaine de
Roquebrune commande le Squadron Jeep du 3°R.C.P. Son unité est démantelée dès
son arrivée en France. Il se trouve en Saône-et-Loire avec son peloton de
quatre voitures armées.
« Il a un passé
déjà bien fourni. Dirigeant un journal clandestin, il est interné en 1942, retrouve
la liberté et réussit à déjouer les Allemands qui le recherchent. Il part pour
l’Espagne, laissant à sa femme la charge de leurs six enfants. Au passage des
Pyrénées, il est blessé puis emprisonné pendant six mois. Evadé, il parvient à
Gibraltar, dissimulé dans le coffre de la voiture du secrétaire d’ambassade des
États-Unis.
« Arrivé en Angleterre,
de Roquebrune s’engage aux S.A.S., cachant le mieux possible ses trente-sept
ans. Comme un jeune, il subit tout l’entraînement sans faiblir.
« Grand, bel homme,
son regard bleu pur et sa distinction naturelle donnent l’impression qu’il ne
peut rien faire sans quelque grandeur.
En Bourgogne, il
retrouve de nombreux camarades et combat avec eux, donnant aux groupes S.A.S. et
F.F.I. l’appui de ses voitures. « À Sennecey-le-Grand, la situation depuis
quelque temps devenait impossible. Deux Allemands en tour-née de ravitaillement
ayant été tués dans la région, les troupes d’occupation avaient exercé de
nombreuses représailles, terrorisant les gens du pays. En outre, la présence
des parachutistes était connue et, de ce fait, la nervosité ennemie s’en ressentait. »
Je dois la suite de la
tragédie de Sennecey-le-Grand : à deux des trois survivants du drame :
le caporal Beaude et le sergent-chef Tramoni. Le 3 septembre, au château de
Tallant, les capitaines Boissonas et de Roquebrune décident qu’il est urgent tenter
une action sur Sennecey-le-Grand. Les deux officiers ne connaissent pas avec
précision l’effectif de l’ennemi au sein de la ville, et hélas ! ils le
minimisent.
Leur plan est basé sur
le fait que les quatre jeeps dont dispose Roquebrune, pénétrant à l’aube par
surprise dans l’agglomération et tirant de toutes leurs mitrailleuses sur les
Allemands rencontrés, devraient créer état de panique suffisant pour permettre
l’attaque fructueuse des trois ou quatre cents F.F.I. dont le capitaine
Boissonas a pris le commandement.
Rien n’est sûr, rien n’est
évident, mais il faut oser. Dans toute la Saône-et-Loire, les Allemands se
livrent à des représailles, des pillages, des démonstrations de haineà l’encontre
de la population civile. Il devient essentiel de les neutraliser.
Le capitaine de
Roquebrune réveille lui-même ses équipages à 2 heures du matin. Il leur donne
un quart d’heure pour être prêts au départ dans la direction de Corlaix où un
café les attend.
« Je vous donnerai
là-bas tous les détails qui concernent l’opération que nous allons entreprendre »,
déclare-t-il simplement.
L’ensemble de l’état-major
des Forces françaises de l’Intérieur se tient à Corlaix. Les maquisards
reçoivent chaleureusement les parachutistes ; eux sont déjà au courant des
détails de l’attaque qui va être tentée par le capitaine Boissonas.
Il manque deux tireurs
pour compléter l’effectif des quatre jeeps. Barkatz et Lombardo du stick du
lieutenant Zermati sont désignés. Le sous-lieutenant Magdeleine, un F.F.I. destiné
à servir de guide, se joint au groupe motorisé.
Dans la nuit, les
partisans prennent le départ. Boissonas leur a désigné sur plan les positions d’où
ils
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