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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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Allemands, vidant son chargeur. Il parvient
    à en tuer deux avant de s’écrouler, criblé de balles.
    La jeep du sergent-chef
    Tramoni est à son tour immobilisée. Sur cinquante mètres, elle a traîné, accroché
    à son pont arrière, le corps d’un Allemand sur lequel elle a été contrainte de
    passer. Plusieurs soldats allemands ont courageusement tenté de grimper à l’arrière
    du véhicule. Ils ont été tués à la dague de commando par les mitrailleurs.
    Tramoni est atteint d’une
    balle explosive entre la naissance de l’épaule et la base du cou. Beaude a reçu
    balle dans le gras de la cuisse. Le carnage devient boucherie. Un camion d’essence
    explose. Le liquide se répand, un gigantesque brasier s’étend sur le bitume
    jonché de corps qui brûlent.
    Le capitaine Guillaume
    de Combaud-Roquebrune, l’adjudant-chef Benhamou, le sergent Gilbert Djian, son
    frère le caporal Lucien Djian, le caporal-chef Jean Patch tombent dans une mort
    héroïque après s’être battus avec l’acharnement désespéré des fauves blessés. Trois
    parachutistes parviennent à se glisser dans une ruelle, ce sont Beaude, Bayeux,
    et Tramoni. Ils tirent leurs dernières munitions, lancent leurs dernières grenades
    pour protéger leur retraite. Tous les trois sont grièvemement blessés et perdent
    leur sang, mais malgré leur faiblesse croissante, ils arrivent à puiser en eux
    d’ultimes ressources nerveuses, et à s’éloigner de l’enfer.
    Le mot d’enfer est bien
    celui qui convient. Au cœur de Sennecey-le-Grand, le feu s’étend. D’autres
    camions explosent. De nouvelles nappes de carburant, des explosifs attisent le
    gigantesque incendie. Des grappes de blessés hurlent avant de périr carbonisés,
    happés sur un océan de flammes duquel s’échappe une nappe géante de fumée
    opaque qui s’élève, lourde, puante et sinistre vers le ciel.
     

44
    Pilloné par l’aviation alliée, harcelé par les maquis, le « Groupement de Marche du Sud »
    qui rassemble des débris de la Wehrmacht ne voit pas d’autre issue que capitulation.
    En grande partie grâce à l’acharnement et au cou-rage d’un jeune sous-préfet, Pierre de Monneron, un accord est conclu, le 10 septembre, à la sous-préfecture d’Issoudun, avec le général Elster et l’amiral Weber. Le lendemain, le protocole de capitulation est entériné au château de Châteauneuf-sur-Cher, propriété du duc Gilles de Maillé, en présence du général américain Macon, du lieutenant interprète Van de Walle, du major britannique Mac-Strafford, du colonel français Ghislain.
    Les 20 000 soldats qui composent le « Groupement de Marche du Sud » sont brisés et rompus par dix jours de fuite accélérée. Pourtant, leur effectif et leur armement paraissent tellement considérables – et surtout dans une telle disproportion avec ceux dont disposent les Alliés au sud de la Loire – que le général Macon accepte, dans le protocole de capitulation, une clause sans précédent.
    Les mouvements des 20 000
    Allemands se feraient en quatre jours. Ils gagneraient la Loire en trois colonnes composées chacune de 6 à 7 000 hommes qui partiraient respectivement de Saint-Florent-sur-Cher, de Levet et de Sancoins. Mais sur un point, le général Elster resta inébranlable : ses hommes, bien que se considérant comme prisonniers de guerre, conserveraient leurs armes qu’ils remettraient aux Américains au lieu de rendez-vous Beaugency, au nord de la Loire.
    La raison invoquée par le général nazi était la protection éventuelle des prisonniers contre des groupes incontrôlés des maquis, mais les représentants des Alliés ne furent pas dupes un seul instant. Si Elster avait accepté de désarmer ses unités sur place, un armement considérable serait, par ce fait, tombé aux mains des partisans français, alors que près de 200 000 Allemands traînaient encore derrière le « Groupement de Marche du Sud ».
    Le colonel Bourgoin fut alerté et ses sections de jeeps se virent confier la mission la plus étrange, la plus imprévue qui puisse s’imaginer. Deux cents hommes devraient pendant quatre jours en convoyer vingt mille en armes, pourvus de nombreux véhicules, de blindés, d’automitrailleuses et d’artillerie.
    « Attention, avait déclaré Bourgoin à ses officiciers. Un pet de travers, un éternuement mal venu, et ils sont foutus de vous massacrer. Leur chef a signé la reddition les officiers ont, dans l’ensemble, approuvé

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