Qui ose vaincra
devront attendre son ordre d’assaut.
Les parachutistes, eux
demeurent à Corlaix jusqu’à 6 h 20. Puis le capitaine de Roquebrune
donne le signal. Son véhicule démarre en tête. Derrière viennent la jeep de l’aspirant
Aubert-Stribi, puis celle de l’adjudant Benhamou, et enfin celle du sergent-chef
Tramoni.
Le petit convoi roule
lentement jusqu’à Saint-Julien. Les mitrailleurs vérifient méticuleusement
leurs armes.
À Saint-Julien, Roquebrune
se retourne, constate qu’aucun incident n’est à signaler. Ses hommes le lui
confirment par signe. Alors, Guillaume de Roquebrune lève le bras gauche, le
poing serré, et mime à deux reprises le mouvement d’un mécanicien de locomotive
qui actionne le sifflet de sa machine. Les quatre véhicules prennent rapidement
de la vitesse.
Les jeeps roulent à près
de cent kilomètres à l’heure lorsqu’elles parviennent aux limites de
Sennecey-le-Grand.
La route longe le
cimetière derrière le mur duquel trois mitrailleuses lourdes allemandes sont embusquées.
Les parachutistes
comptaient profiter de l’effet de surprise, c’est eux qui tombent dans un piège.
À 6 h 30 précise, les mitrailleuses ennemies déclenchent un feu
croisé sur les véhicules lancés à pleine vitesse. Barkatz, Lombardo et
Magdeleine, le guide F.F.I., sont tués.
Mais aucun des
chauffeurs n’est atteint. Les jeeps n’ont pas souffert, et elles continuent
leur course folle jusqu’au cœur de l’agglomération. Là, sur une grande place, près
d’un millier d’Allemands sont rassemblés. Ils s’apprêtent à faire mouvement. Les
moteurs de leurs camions tournent déjà, mais aucun soldat ne se trouve encore à
leur bord. Les douze mitrailleuses Vickers crachent simultanément. Ce sont des
mitrailleuses d’aviation. Elles tirent quinze coups à la seconde. Leur feu continu
va durer près d’une minute. Aucun des Allemands n’a eu le temps de réaliser et
de réagir. Le vertigineux convoi a débouché sur la place à peine quelques
secondes après l’attaque du cimetière. Conscient instantanément de l’efficacité
des coups qu’il peut porter, Roquebrune a ralenti. Automagiquement les trois
jeeps suivantes ont adopté son rythme.
Pendant la traversée de
la place, les mitrailleuses des parachutistes ont eu le temps de tirer entre
dix et quinze mille coups dirigés sur des groupes compacts. Les Allemands
tombent comme des quilles, sont fauchés dans un terrifiant carnage.
Roquebrune reprend de la
vitesse, cherche à quitter la ville par une issue opposée.
À l’autre extrémité, Boissonas
et ses F.F.I. donneront l’assaut. Mais au cimetière, les Allemands se sont
organisés. En plus de leurs mitrailleuses lourdes, ils ont eu le temps de
mettre en batterie des pièces antichars.
Le capitaine Boissonas, qui
courait à découvert à la tête de ses hommes, tombe, mortellement blessé. Autour
de lui, des dizaines de patriotes sont atteints. L’assaut s’avère impossible, les
résistants se replient.
De l’autre côté de l’agglomération,
les jeeps parviennent sans encombre à la sortie. C’est alors que Roquebrune
tombe nez à nez avec un important convoi montant.
Le capitaine écrase le
frein de sa voiture qu’il arrive à bloquer à peine à vingt mètres du véhicule
de tête de la colonne ennemie. Son mitrailleur a instinctivement ouvert le feu.
Le premier véhicule allemand s’enflamme. Un second tente de le doubler et subit
le même sort, la jeep de l’aspirant Aubert-Stribi s’étant dans le même réflexe,
portée à la parallèle de celle de son chef, son mitrailleur, lui aussi, tirant
à feu continu.
Devant eux la route est
obstruée et Roquebrune hurle l’ordre de faire demi-tour. Tramoni et Benhamou
manœuvrent sur place, et dégagent suffisamment pour permettre aux jeeps de tête
de les imiter. Revenant sur leurs traces, les véhicules, roulant à nouveau vers
la place, reprennent leur train d’enfer.
Mais maintenant les
survivants allemands ont réagi. Ils ont formé une mortelle embuscade. C’est la
jeep de l’aspirant Aubert-Stribi qui, cette fois, arrive en tête. Elle est
atteinte de plein fouet par un obus antichar. Seither est tué sur le coup. Aubert-Stribi
est projeté en l’air et retombe miraculeusement sur ses pieds. L’aspirant ne
possède plus que son Colt et il porte au flanc une large blessure ouverte. Pistolet
au poing, il avance titubant sur les
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