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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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mitrailleuses, dégoupille deux
    grenades qu’il lance par une fenêtre. Les autres se précipitent, ripostent aux
    armes lourdes par de courtes rafales de mitraillettes.
    Les parachutistes
    tiennent plus d’une demi-heure, économisant leurs munitions, diminuant par
    force la cadence de leur tir au fil des minutes. Nicolas est tué le premier d’une
    balle en plein front. Le caporal-chef Taupin, atteint de trois balles, continue
    à tirer ; il reçoit quatre nouvelles balles, tombe sur le dos, survit dix
    minutes. Werry prend une balle dans la cuisse, Bourdon et Ruelle sont blessés à
    l’épaule et au flanc. Les fermiers sont morts.
    Dehors, Munch ordonne de
    cesser le feu. Un silence pesant fait place à l’enfer, aucun signe de vie ne
    parvient plus de la ferme. Un groupe de six soldats est désigné et s’avance prudemment.
    Munch les suit à un mètre. Les Allemands découvrent les trois parachutistes
    survivants ; ils baignent dans le sang, ils ont tiré jusqu’à leur dernière
    balle, lancé leur dernière grenade.
    Munch jubile : trois
    prisonniers, c’est inespéré. Avec une brutalité affectée, il examine les
    blessures. Lorsqu’il se penche sur Werry qui s’est fait un garrot à la cuisse, il
    est souriant.
    De toutes ses forces, Werry
    lance sa jambe malade et atteint son but. L’adjudant grimace, porte les mains à
    ses parties ; cassé en deux, il s’effondre, blême de douleur et de rage. À
    terre il se tord un long moment, puis la douleur s’estompe, il se relève et, d’un
    coup de poignard, tranche le garrot de Werry. En une tache épaisse qui s’étend,
    le sang libéré apparaît sur l’étoffe de toile lourde du pantalon.
    Munch hurle des ordres, les
    trois blessés sont tirés à l’extérieur. Pendant que quatre soldats partent en
    courant, un infirmier panse les blessures de Ruelle et de Bourdon, puis il s’approche
    de Werry. Munch l’arrête d’un geste :
    « Laisse-le
    celui-là ! Qu’il crève ! J’en aurai assez de deux à interroger. »
    L’infirmier obéit.
    Les quatre soldats
    reviennent porteurs de huit nourrices d’essence. Sur un geste de Munch, ils
    pénètrent dans la ferme et répandent le combustible sans s’occuper des corps
    qui gisent dans la position dans laquelle ils sont tombés.
    Brusquement, Munch
    rejoint ses hommes ; il s’empare d’une nourrice à moitié pleine, regagne l’extérieur,
    s’arrête près de Werry qui agonise, mais qui a conservé toute sa conscience. Quand
    les soldats sortent à leur tour, Munch arme une Sturm Gewehr et vide le
    chargeur de la mitraillette sur la ferme qui s’embrase comme une brassée de
    brindilles sèches.
    Alors, calmement, souriant,
    Munch déverse le reste de l’essence de la nourrice sur le corps de Werry. Le
    parachutiste ne baisse pas son regard. Il ne laisse pas échapper la moindre
    plainte lorsque le liquide se répand sur sa cuisse, glisse le long de sa plaie.
    Munch fait un signe. Deux
    hommes soulèvent Werry en le tenant sous les bras et par les pieds. Ils s’approchent
    de la fournaise et balancent le corps du blessé, lui faisant décrire un mouvement
    croissant. Enfin, ils le lâchent. Le corps s’enflamme avant d’avoir atteint le
    sol.
    Ruelle et Bourdon ont
    assisté, impuissants, au supplice. Plusieurs soldats allemands ont détourné les
    yeux ; l’un d’eux est tombé à quatre pattes et vomit.
    Munch hurle l’ordre de
    repli. Ruelle et Bourdon sont poussés en direction des camions, le canon d’une
    mitraillette leur laboure les reins.
    Botella et les sept
    hommes de son groupe sont à moins d’un kilomètre de Ker Hamon lorsque les
    premiers coups de feu se font entendre.
    En technicien, le
    lieutenant a immédiatement évalué la puissance de tir ennemi, le nombre
    approximatif des assaillants, le lieu de l’attaque. Ses parachutistes se sont
    détendus comme des ressorts, prêts à intervenir.
    « C’est la ferme, déclare
    Botella, il y a au moins une compagnie, tout ça pour un couple de vieillards.
    — Mon lieutenant, interrompt
    Litzler, je crains qu’il y ait quatre gus à nous dans la ferme.
    — Quoi ! J’en
    ai interdit l’accès !
    — Je sais, mon
    lieutenant, mais Taupin est parti avec trois hommes et deux partisans, il m’a
    dit qu’il ne faisait qu’aller et venir pour le ravitaillement. J’ai essayé de l’en
    dissuader, il m’a traité de gonzesse. Il faut y aller, mon lieutenant ! Ils
    vont se faire massacrer !
    — Et vous

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