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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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permet à Botella d’étendre son dispositif, d’installer
    ses hommes de telle façon que leur attaque se déclenche avec un maximum d’efficacité.
    « Que personne ne
    tire avant moi, faites passer la consigne », ordonne-t-il.
    Alors il laisse
    approcher la proie, cette cible horizontale géante qui se découpe avec une
    netteté croissante.
    Les Allemands ne sont
    pas à plus de trente mètres lorsque Botella ouvre le feu à la mitraillette, atteignant
    trois soldats, et aussitôt c’est le carnage, l’hécatombe. Les fusils
    mitrailleurs crachent la mort à une cadence hallucinante. Les Français sont dix
    fois moins nombreux, mais leur ennemi n’a aucune chance ; il ne cherche
    même pas à riposter ; tout ce qu’il veut c’est fuir, trouver un abri qui n’existe
    pas.
    Le champ est jonché de
    cadavres, d’agonisants, de blessés qui tentent de s’éloigner en rampant. Dans
    les rangs des parachutistes, l’excitation est à son comble, les hommes se
    sentent invincibles, invulnérables. Il faut le sang-froid et la science militaire
    de leurs chefs pour calmer leur enthousiasme. Certains s’exposent inutilement, poursuivant
    des fuyards.
    Le lieutenant Lasserre a
    rejoint Botella, les deux officiers cherchent à analyser la situation sans
    fièvre.
    « C’est
    inimaginable ! Ils sont fous !
    — Je ne pense pas
    que ce soit tellement incroyable, remarque Botella. Ils ne savaient pas, ne
    pouvaient se douter. Ils pensaient à quelques petits groupes camouflés en forêt,
    c’est pourquoi ils ont employé le moyen le plus rapide pour y pénétrer et
    quadriller. Ils ne savaient pas. Seulement, maintenant, ils savent.
    — Vous pensez que
    nous allons avoir droit à une autre musique ?
    — Une tout autre
    musique, sans aucun doute. »
    Sous les ordres du
    capitaine Leblond, tout le dispositif est changé, les parachutistes et les
    partisans attendent l’assaut des renforts allemands qui – ils en sont persuadés
    – ne manquera pas de se produire.
    C’est vers 15 heures que
    les premiers mouvements ennemis sont décelés. Cette fois c’est du dur : des
    compagnies entières se groupent, cherchent à encercler la forêt, il en arrive
    de partout. Les Allemands sont au moins vingt fois plus nombreux que leur proie,
    et pourtant la bataille va durer plus de quatre heures.
    Les parachutistes et les
    partisans provoquent de nouveau une hécatombe dans les rangs des Allemands qui,
    pas à pas, les étreignent, resserrent la mâchoire de la tenaille, selon un plan
    précis qui ne pèche que par le mépris des vies humaines. On sent que les
    Allemands veulent être maîtres de la forêt avant la nuit, et cela quel qu’en
    soit le prix.
    Aux alentours de 17
    heures, le groupe Botella est sur le point d’être débordé. C’est la quatrième
    fois qu’il se replie et les coups qu’il porte à ses assaillants paraissent sans
    effet. Les Allemands semblent sortir de partout, bondissant d’arbre en arbre, progressant
    vers eux mètre par mètre.
    Botella se trouve à l’avant
    de son groupe. Il recharge sa mitraillette, se retourne et hurle en direction
    de ses hommes :
    « Repliez-vous d’au
    moins cent mètres ! Cherchez des abris ! Je vous rejoins. »
    Puis le lieutenant tire
    en direction des Allemands qui s’apprêtaient à suivre ; il lance deux
    grenades, incitant l’ennemi à moins de témérité, permettant aux parachutistes
    de décrocher.
    Pendant plusieurs
    minutes Botella tire encore, puis il bondit dans l’espoir de gagner les
    nouvelles positions. Alors une rafale l’atteint à la cuisse, une balle sous le
    gras de la fesse, deux autres plus bas. Le lieutenant s’écroule, rampe derrière
    un arbre, lâche une nouvelle rafale en direction des Allemands pour bien leur
    prouver qu’il est encore vivant. Sa jambe blessée est paralysée, il perd son
    sang, ses forces l’abandonnent. Il ne lui reste plus qu’une issue : vendre
    chèrement sa peau, ce qui permettra à ses hommes de respirer. Il se retourne, essaie
    de situer la position des siens. Alors, il aperçoit un homme qui bondit d’abri
    en abri avec une agilité de kangourou.
    « J’ai donné l’ordre
    de repli ! hurle Botella. Fous le camp, ça ne sert à rien. »
    L’homme poursuit son
    avance. Botella crie à nouveau.
    « Fous le camp !
    C’est un ordre ! Fous le camp ! »
    Sourd, le coureur
    poursuit son avance. Autour de lui les balles crépitent, mais, derrière, la
    section des parachutistes le couvre.

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