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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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suggérez
    que nous nous fassions massacrer avec eux pour arranger les choses ! hurle
    Botella. Mais vous êtes tous devenus cinglés. Ça fait trois ans qu’on vous
    entraîne et vous agissez tous comme des boy-scouts arriérés. Par leur désobéissance,
    ces quatre crétins mettent en jeu la vie d’une centaine de leurs camarades et, ce
    qui est plus grave, l’issue de notre mission. S’ils s’en sortent, je les ferai
    traduire en conseil de guerre.
    — On y va tout de
    même, mon lieutenant. »
    Botella change de ton, l’amertume
    fait place à la colère.
    « Vous savez bien
    que s’il y avait une chance sur mille je la tenterais ! Tout ce que nous
    pouvons faire, c’est tendre des embuscades sur le chemin de retour des
    Allemands. S’ils tiennent assez longtemps, nous aurons peut-être le temps de
    placer le dispositif. »
    Botella déplie une carte
    par terre, tombe à genoux :
    « Voici la ferme, explique-t-il.
    Je suppose que les Allemands sont motorisés, la présence d’armes lourdes le
    confirme. Ils ont donc obligatoirement emprunté ce chemin pour parvenir à la
    ferme et l’encercler. Logiquement, c’est par là qu’ils évacueront. Je me porte
    ici en lisière de forêt. Deux F. M. bien placés et l’effet de surprise
    doivent suffire à foutre une sacrée pagaille. Litzler, vous vous porterez ici :
    si les Allemands se replient, c’est par là qu’ils passeront.
    — Ou par là, mon
    lieutenant, fait observer Litzler en pointant son doigt sur une veine de la
    carte.
    — C’est juste. Avant
    d’occuper votre position, prévenez le lieutenant Lasserre de tendre un piège
    ici et pour plus de sûreté, que l’aspirant Metz et ses hommes s’embusquent à ce
    point. Prenez Jojo, je conserve Char-lot. Faites vite, tout en dépend. »
    Le groupe Botella est
    efficacement embusqué au point prévu lorsque le silence revient, témoignant que
    toute résistance a cessé à la ferme. Sans un mot les parachutistes se regardent.
    Ils pensent à leurs compagnons.
    Le mousse Prigent essuie
    la crosse de son fusil mitrailleur. À l’aide d’un foulard de soie taillé dans
    un parachute, il essuie la paume de sa main moite, passe la soie sur son front.
    Il transpire malgré la fraîcheur matinale. De lourdes minutes passent dans un
    silence opprimant.
    Aux quatre coups secs du
    pistolet de Munch les parachutistes sursautent, n’arrivant pas à comprendre
    leur signification. C’est le mousse Prigent qui, le premier, perçoit l’odeur du
    feu.
    « Ça crame, mon
    lieutenant. Ils ont foutu le feu, les ordures.
    — Tenez-vous prêts
    et taisez-vous. »
    Le premier camion geint
    en première. Botella ne s’est pas trompé : les Boches vont donner droit
    dans l’embuscade. Les mains se creusent sur les crosses des armes. Le premier
    véhicule apparaît, s’avance lourdement, mais derrière lui c’est le vide. Botella
    peste. Il aurait dû s’en douter, les Allemands savent faire la guerre : ils
    ont laissé une cinquantaine de mètres entre leurs camions.
    « Ne tirez pas
    avant mon ordre, laissez passer le premier, siffle Botella. Concentrez le tir
    sur les deux premiers véhicules. »
    C’est un carnage. L’effet
    de surprise est tel que les Allemands ne peuvent même pas évacuer leurs
    véhicules qui sont criblés par un feu croisé. Les bâches de toile qui
    recouvrent l’arrière sont déchiquetées.
    Le chauffeur du premier
    camion bascule sur son volant ; il s’agrippe à l’interrupteur des phares
    qui s’allument, puis le réservoir explose et le véhicule s’embrase.
    Du second véhicule
    quatre soldats sont parvenus à évacuer ; ils ne cherchent pas à se battre,
    ne pensant qu’à fuir. Ils sont abattus dans leur course.
    Cent mètres derrière, le
    troisième camion a le temps de stopper et de faire marche arrière. Dans sa hâte
    d’échapper à l’embuscade, le chauffeur emboutit le radiateur de la traction de
    Munch qui suivait. Munch, le sergent et son chauffeur abandonnent le véhicule
    inutilisable.
    « Pousse tout ! »
    hurle Munch en direction du camion.
    Le 5 tonnes Mercedes est
    à peine gêné par le poids de la voiture folle qui se tourne en travers et se
    renverse sur le bon côté, laissant la voie libre au camion.
    « Passez derrière
    la ferme, ordonne Munch. Nous allons rejoindre nos lignes à travers bois. »
    En courant il s’engouffre
    dans la forêt suivi du sergent et du chauffeur.
    Le troisième camion fait
    demi-tour devant la ferme

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