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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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est impossible. Enfin
    Munch aperçoit une ferme.
    La ferme s’appelle Ker
    Hamon.
    À l’intérieur, quatre parachutistes
    et deux résistants se chauffent à un feu de bois. Par prudence, Munch a fait
    arrêter la voiture à une trentaine de mètres, et le fracas de la pluie a
    couvert le bruit du moteur.
    Les deux sous-officiers
    ont dégainé leurs pistolets. D’un coup brusque, ils ouvrent la porte et tombent
    en arrêt. Ils s’attendaient à tout, sauf à trouver des soldats alliés en uniforme.
    Au lieu de profiter de l’avantage que leur donnent leurs armes à la main, ils
    reprennent la porte et courent comme des déments vers la voiture.
    Très vite des coups de
    feu partent de la ferme. Munch s’étale dans la boue ; le sergent se
    retourne et vide le chargeur de son Parabellum, permettant à l’adjudant de se
    relever. Ruisselant de pluie, maculé de boue, Munch s’engouffre dans la traction.
    Le chauffeur est paralysé par la surprise ; le sergent saisit un second
    pistolet et poursuit son tir. Joseph tremble comme une feuille et se
    recroqueville sur le siège avant ; bêtement il se met à crier au secours.
    La voiture démarre. Munch
    passe sa fureur et son humiliation sur Joseph ; il le saisit par les
    cheveux et lui cogne la tête à plusieurs reprises sur le pare-brise. Le sang
    ruisselle du nez et des arcades sourcilières éclatées du Français.
    « Vous risquez de
    casser le pare-brise, mon adjudant », fait remarquer calmement le sergent.
    Munch lâche Joseph qui s’effondre
    comme une loque et se met à pleurer. L’adjudant semble seulement retrouver ses
    esprits et réaliser.
    « Des parachutistes
    anglais ! La forêt grouille de parachutistes anglais ! Ils étaient
    une bonne vingtaine dans cette ferme.
    — Ils étaient
    quatre », rectifie le sergent flegmatique.
    La traction de l’adjudant-chef
    Munch a retrouvé son chemin. Elle vient de passer le Bourgneuf et roule dans un
    chemin cahotique en direction de Kerviou où elle rejoindra la départementale. La
    pluie a cessé. Les Allemands croisent un paysan qui prudemment s’efface pour
    laisser passer la voiture.
    « Arrête ! »
    ordonne Munch au chauffeur.
    Munch descend, dégaine
    son Parabellum. Intrigué plus qu’effrayé, le paysan pose sa bêche, s’appuie des
    deux mains sur le manche. Munch, à bout portant, lui tire quatre balles dans la
    tête, puis il regagne la voiture et dit simplement :
    « Allez ! »
    Le sergent hausse les
    épaules, indifférent.
     

16
    Jour J + 4. Le largage
    des renforts s’est effectué sans encombre. Les parachutistes se sont éparpillés
    dans la forêt de Duault par petits groupes ; les F.T.P. se sont joints à
    eux. La base Samwest est placée sous le commandement du capitaine Leblond qui a
    sauté la veille.
    L’incident de la ferme
    Ker Hamon a déclenché l’inquiétude, et Leblond et Botella ont interdit l’approche
    de la ferme à leurs hommes. Priés d’évacuer les lieux, les fermiers de Ker
    Hamon, un couple de vieillards, ont courageusement refusé.
    Hélas ! Ils
    entretiennent un accueillant feu de bois, possèdent quelques vivres, quelques
    bouteilles de vin et de cidre.
    La quiétude de la
    journée du 9 juin incite un groupe de parachutistes et de partisans à aller se
    chauffer et se détendre un instant dans la tiédeur hospitalière du foyer breton.
    Les parachutistes sont
    quatre : le caporal-chef Taupin, les 2 e classe Werry, Bourdon
    et Ruelle ; les partisans sont deux : Henri Ruppert et Nicolas.
    Il est 7 heures du matin,
    les trois camions de la compagnie Munch ont stoppé à l’abri à cinq cents mètres
    de la ferme. Une centaine d’hommes se déploient en tirailleurs, encerclant la
    ferme, et, pas à pas, resserrent les mâchoires de la tenaille à moins de
    cinquante mètres de la bâtisse. Ils mettent en batterie des mitrailleuses
    lourdes.
    À l’intérieur, les
    soldats et les fermiers cassent la croûte ; Bourdon et Taupin se chauffent
    les cuisses, le dos tourné à la cheminée.
    Soudain, les
    mitrailleuses allemandes crachent au hasard ; les balles font voler les
    vitres en éclats, déchirent le bois de la porte, trouent des sillons dans le
    plâtre des murs. Le grand buffet breton vibre et frémit sous les rafales ;
    une porte se détache, tombe sur Nicolas qui, comme les autres, s’est jeté à
    terre ; la vaisselle brisée se répand dans un fracas cristallin.
    Werry est le premier à
    réagir, il évalue la position de l’une des

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