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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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Botella lui aussi tire maintenant en
    direction de l’assaillant. Derrière lui l’homme le rejoint.
    « Ça va te coûter
    cher, grince Botella. Refus d’obéissance au feu.
    — Ça va me coûter
    que dalle, réplique le gars, parce que je suis pas soldat. »
    Botella s’aperçoit
    seulement que c’est Chariot, le titi dont personne ne voulait.
    « Si vous vouliez
    me donner des ordres, fallait m’engager, c’est pas faute de vous l’avoir
    demandé. »
    Chariot charge le
    lieutenant sur son dos et, en rampant, parvient à s’éloigner en restant dans l’axe
    d’un arbre protecteur ; puis il trouve un nouvel arbre, un nouvel axe.
    L’homme et son fardeau
    progressent mètre par mètre, mais ils progressent. Ils passent la compagnie
    embusquée. Alors Chariot se relève, soulève le lieutenant, le bloque sur ses
    épaules et le porte à travers la forêt vers un abri fait de parachutes tendus
    qui sert d’infirmerie provisoire.
    Botella est allongé aux
    côtés du sergent Litzler qui agonise et du lieutenant Lasserre dont la poitrine
    a été traversée par une balle. Le docteur Sassons, médecin parachutiste, leur
    donne les premiers soins, fait un garrot, un pansement, administre une piqûre
    de morphine.
    Botella s’assoupit ;
    sa jambe s’engourdit, la douleur s’estompe sous l’effet de la drogue. Il
    constate que la bataille se calme, l’intensité du tir faiblit : il semble
    que, des deux côtés, on ait décidé de reprendre son souffle. Les Allemands
    doivent évacuer leurs blessés et leurs morts.
    Charlot est assis aux
    côtés du lieutenant, la tête à hauteur des genoux. Il a expliqué :
    « C’est pas la
    peine que j’y retourne, j’ai plus de munitions. J’avais onze cartouches, je les
    ai tirées, et puis c’était du plomb à perdreaux. »
    Botella trouve la force
    de sourire : c’est vrai qu’il a refusé d’enrôler et d’armer ce gosse qui
    vient de lui sauver la vie au péril de la sienne.
    Vers 18 heures, un
    groupe arrive à l’abri, précédé par le capitaine Leblond. Les hommes sont
    hagards, harassés, maculés de boue. Ils se laissent choir sur place, les yeux
    vides.
    Leblond n’est pas plus
    brillant ; il se baisse pour se glisser sous la voûte de parachutes et s’assoit
    sur une pierre. Il constate que Botella et Lasserre sont conscients, Litzler
    toujours dans le coma. Le commandant Leblond fait un effort pour ne pas baisser
    les yeux en parlant.
    « Je viens de
    recevoir l’ordre d’évacuer Samwest sur Saint-Marcel, la base du Morbihan, annonce-t-il.
    — Vous pouvez
    passer ? interroge Botella.
    — Il semble qu’il y
    ait une brèche à l’ouest dans le dispositif des Boches. Après on se démerdera
    par petits groupes pour traverser la Bretagne. Oh ! ce n’est pas joué !
    Mais ce sont les ordres et, pour une fois, ils semblent cohérents. »
    Leblond marque une
    hésitation, puis semble faire un effort surhumain.
    « Écoutez, Botella…
    — Oh ! ne vous
    fatiguez pas, mon capitaine ! Je sais parfaitement que vous ne pouvez pas
    vous encombrer de nous. Laissez tomber la corde sensible, vous avez mieux à
    faire. Si on commence à s’apitoyer sur nos sorts respectifs, on n’en sort plus.
    Et puis je ne vous vois pas tellement plus beau que nous ! Allez, au
    revoir, et bonne chance ! »
    Leblond serre la main de
    Botella et de Lasserre, puis son regard se pose sur Litzler qui râle
    irrégulièrement :
    « Vous voulez qu’on
    le transporte plus loin ?
    — Laissez-le mourir
    entre nous, qu’est-ce que ça change ?
    — Et celui-là ?
    interroge Leblond en désignant Charles Moreau qui n’a pas bougé.
    — C’est Charlot, le
    partisan qui m’a ramené.
    — Je reste avec
    vous, mon lieutenant, annonce Charlot.
    — Merci, mon gars, réplique
    Leblond, je te proposerai pour une citation.
    — Mon capitaine, interrompt
    Botella, une faveur avant votre départ.
    — Tout ce que vous
    voulez, mon vieux.
    — J’ai refusé d’enrôler
    Moreau chez nous. Depuis il a fait ses preuves. Alors, faites-en un S.A.S., il
    le mérite.
    — Accordé, Botella.
    — Tout de suite, mon
    capitaine.
    — D’accord. Tu peux
    te considérer comme un des nôtres, Moreau. Tu signeras plus tard.
    — Maintenant, mon
    capitaine, ordonnez-lui de vous suivre et de me foutre la paix.
    — Tu as entendu, Moreau !
    Exécution !
    — Allez, Chariot, casse-toi !
    ajoute Botella. Et merci ! Va te faire tuer ailleurs. »
    La nuit est superbe sous
    la soie

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