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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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    L’extrémité d’une longue
    corde de rappel est fixée au tronc d’un arbre. Avec l’agilité d’un alpiniste, Camaret
    dévale par bonds successifs la longue et abrupte déclivité. Ensuite, le sac
    contenant vingt-cinq kilos de plastic est descendu à son tour.
    À l’aide d’une lampe
    électrique, la charge explosive sur le dos, Camaret gagne, sans précipitation, le
    point central du tunnel. Dans une série de gestes précis, il dispose ensuite
    les explosifs. Son travail achevé, à deux reprises, il vérifie tout, constate
    la perfection de son installation et revient sur ses pas. À l’extérieur il
    lance entre ses dents un coup de sifflet strident. Nunès et Collobert
    descendent de leur arbre ; en courant, ils rejoignent leur chef. Se
    succédant à deux mètres, les trois parachutistes entreprennent alors, s’aidant
    de la corde, la pénible ascension. Lorsqu’ils parviennent au sommet du ravin, ils
    sont en nage ; tous les trois ont le même réflexe : s’affaler sur le
    dos et reprendre leur souffle. Il est 12 h 20. Si les cheminots ont
    tenu leur parole, la machine haut le pied doit arriver dans dix minutes.
    À 12 h 26, le
    camion allemand revient. Les occupants en descendent, puis s’affairent au
    transbordement de caisses de vivres. Ils étaient visiblement allés au
    ravitaillement, la coïncidence est phénoménale.
    12 h 29. C’est
    Camaret qui maintenant s’est emparé des jumelles. Anxieusement il scrute la
    voie du plus loin qu’il le peut.
    Quarante-cinq secondes
    avant 12 h 30, la machine apparaît. Camaret évalue sa vitesse à une
    soixantaine de kilomètres à l’heure. Il chuchote :
    « Je l’embrasserais,
    ce vieux, s’il était là ! »
    Lorsque la locomotive
    pénètre dans le tunnel, les cinq parachutistes se bouchent les oreilles ; ils
    s’allongent sur le ventre, la tête contre le sol, dans l’attente nerveuse et
    crispée de la déflagration.
    C’est Cochin qui, le
    premier, enlève ses mains de ses oreilles et lève la tête, intrigué. Il
    aperçoit la locomotive qui sort du tunnel et poursuit sa route à sa cadence
    régulière et tranquille. Cochin secoue son compagnon par l’épaule. À son tour
    Camaret se relève et constate la catastrophe. Les trois autres paras sont
    maintenant assis eux aussi, béats, contemplant la locomotive qui disparaît dans
    un coude en direction de l’ouest.
    « Nom de Dieu de
    nom de Dieu ! geint Cochin. Mais comment as-tu pu faire ton compte, abruti ?
    Ça fait deux ans qu’on t’apprend à installer une charge sur un rail ! C’est
    pas possible d’être aussi con !
    — Comme tu dis, réplique
    violemment Camaret, c’est pas possible d’être aussi con ! Tu as vu où elle
    est passée ta locomotive ? Sur la voie de gauche ! Voilà ce qu’on
    gagne à faire confiance aux bricoleurs de la Résistance !
    — Et maintenant c’est
    râpé, les Boches vont découvrir le sabotage à leur prochaine patrouille, sans
    compter la loco qui va aller se vomir je ne sais où.
    — C’est la sale
    poisse. On aura pourtant fait ce qu’on aura pu. C’est écœurant, mais c’est
    comme ça, une putain de « schcoumoune » vicieuse !
    — Vos gueules !
    interrompt le sergent Détroit. Écoutez.
    — Écouter quoi ?
    Tu entends des voix ?
    — J’ai entendu un
    sifflet, un sifflet de locomotive.
    — Arrête de
    déconner. Il n’y a plus personne sur la machine, elle risque pas de siffler
    toute seule.
    — Mais fermez-la, nom
    de Dieu ! Écoutez. Ça remet ça.
    — Je crois qu’il a
    raison. Moi aussi il m’a semblé entendre quelque chose, ajoute Nunès.
    — Et matez les
    Chleus en bas, ça s’agite bougrement », lance Collobert.
    Effectivement les neuf
    Allemands sortent de leurs baraquements l’arme au poing. Ils s’échelonnent le
    long de la voie, et maintenant, tous, parachutistes et Allemands, perçoivent un
    long sifflement lugubre.
    « Le train de D.C.A. !
    C’est pas possible ! Ce serait trop beau ! crie presque Camaret, en
    proie à une fabuleuse excitation.
    — Ta gueule, Michel,
    ta gueule ! Je crois bien que c’est lui ! C’est pharamineux, mais je
    crois qu’il arrive ! Écoute… »
    Les vibrations
    provoquées par l’approche d’un lourd convoi sont maintenant perceptibles.
    « Pourvu qu’il soit
    pas lui aussi sur la voie qu’on n’a pas piégée, déclare Nunès sans réfléchir.
    — Il aurait percuté
    la Pacific, crétin ! » réplique Détroit.
    À petite vitesse la
    motrice

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