Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
Vom Netzwerk:
vibre dans l’ensemble
    de ses structures. Gebhardt fait un signe, les hommes enlèvent les cales, l’aviateur
    pousse à fond la manette des gaz. Le petit avion roule lentement sur l’herbe, prend
    un essort pénible et finit par quitter le sol avec la gaucherie hésitante d’un
    gros cerf-volant.
    Gebhardt commence alors
    l’interminable carrousel autour du terrain qui lui permet de prendre de l’altitude.
    À trois cents mètres, il cherche et trouve son cap ouest-sud-ouest.
    Chaque fois qu’il vole, Gebhardt
    se sent revivre, il oublie son infirmité, ne conserve aucune nostalgie du passé
    si proche où il pilotait un monstre fougueux. Il a chassé de son esprit la
    gloire fébrile et excitante des retours victorieux, il s’est pris d’une reconnaissante
    tendresse pour l’oiseau lourdaud qui lui permet de continuer à voler.
    Le ciel est totalement
    dégagé, la visibilité excellente.
    Gebhardt vérifie et
    corrige légèrement son cap. Il aperçoit droit dans son axe de vol l’étang de la
    Belouze : c’est parfait, maintenant il peut se repérer au sol jusqu’à son
    objectif.
    Saint-Marcel… Hier soir,
    le pilote de la Luftwaffe a entendu prononcer le nom de ce hameau pour la
    première fois. Il y aurait une forte concentration de terroristes à proximité
    du village. Sa mission consiste à vérifier l’authenticité de cette information.
    Éventuellement, évaluer la force en question, faire des photos, relever la
    périphérie du camp.
    Gebhardt n’y croit pas. Il
    est possible bien sûr qu’une bande de terroristes se dissimulent dans les bois
    et la campagne, mais ils l’entendront arriver et auront tout le temps de se
    dissimuler. Pourtant il est décidé à raser la cime des arbres, à faucher l’herbe
    pour ne pas rentrer bredouille. Il ne craint en rien les coups de feu qui
    pourraient être dirigés contre son appareil. Tirer sur un avion, c’est un
    métier ; les terroristes bretons en ignorent l’art et ce n’est pas la
    première fois qu’il aurait l’occasion de s’en amuser.
    Il surveille machinalement
    son tableau de bord, consulte sa montre, il est 8 h 15, plus que
    quelques minutes pour parvenir à son objectif.
    Il pense d’abord à une
    grotesque erreur des services de renseignements. Ces imbéciles ont dû prendre
    un rassemblement commercial pour une concentration militaire, il doit s’agir d’une
    foire aux cochons ou d’un marché aux légumes.
    À l’approche de
    Saint-Marcel, l’aviateur est descendu à deux cents mètres. Il aperçoit
    nettement des centaines d’hommes qui le regardent passer, le nez en l’air, disséminés
    par groupes plus ou moins denses. Il survole le camp en diagonale, va virer sur
    l’abbaye de Trébiguen et revient, réduisant le régime du moteur au maximum, perdant
    de l’altitude.
    Avant même de parvenir
    en lisière du camp, il essuie les premiers coups de feu. En rase-mottes, à
    vitesse réduite, ça pourrait tout de même mal se terminer ; le lieutenant
    donne tous les gaz, tire le manche à lui. Le gros oiseau se cabre, entame une
    ascension douloureuse. En bas, Gebhardt distingue les tireurs ; une multitude
    de garçons agités s’acharnent sur lui, à coups de fusil, de mitraillette ;
    certains tirent même au pistolet, il distingue nettement les bras tendus. Il n’en
    croit pas ses yeux. Comment ont-ils osé se rassembler en nombre aussi important
    au centre de trois corps d’armée ennemis ? Ils sont fous ! Gebhardt
    est furieux. Ce ne sont pas les coups de feu qu’il essuie qui le scandalisent, mais
    l’insultante témérité de ces hommes. Il faut qu’ils s’imaginent que l’armée
    allemande a un genou à terre pour oser faire preuve d’un tel mépris de sa
    présence. Il lui suffit de passer un message radio pour que cette racaille soit
    balayée avant la fin de la matinée.
    Gebhardt est sur le
    point de lancer son message, lorsqu’il se ravise. Il avait oublié un instant le
    but de sa mission : il doit faire des photos. Évaluer les positions et, surtout,
    découvrir le P.C., afin que l’artillerie puisse y diriger utilement ses coups.
    Avec amertume il pense à
    son escadrille de Stuka ; il lui faudrait moins d’un quart d’heure
    pour anéantir tout ça. Hélas ! les chasseurs sont occupés sur l’autre
    front, les bombardiers aussi.
    À son troisième passage,
    Gebhardt découvre la masse imposante du château de Sainte-Geneviève ; il
    estime tout naturellement que l’état-major

Weitere Kostenlose Bücher