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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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longtemps vous
    aviez son âge, lieutenant. Mettez-vous à ma place, comment auriez-vous agi ? »
    Marienne réalise qu’il n’y
    avait pas pensé ; évidemment la réponse ne fait pas l’ombre d’un doute.
    « Vous avez raison,
    madame, mais mon devoir m’oblige à vous avouer que la situation des troupes
    placées sous notre responsabilité n’est pas exempte de surprise. Malgré la
    quiétude apparente de ces jours derniers, l’éventualité d’un assaut allemand
    contre notre rassemblement n’est pas exclue. Le danger est constant.
    — Je ne l’ignore
    pas. J’en suis consciente, lieutenant, mais sincèrement si l’attaque à laquelle
    vous faites allusion devait se produire, pouvez-vous me jurer que mes fils
    seraient plus en sécurité ici ou ailleurs ? Dois-je rappeler que ma
    demeure est transformée en place forte ? Vos hommes y ont installé des
    postes de combat jusque sur le toit. Guy-Michel serait, je pense, plus en
    sécurité à vos côtés. Il pourrait vous rendre des services. »
    Marienne est obligé d’admettre
    l’évidence de ces propos.
    « Je vais en parler
    au commandant, madame. Éventuellement, j’enverrai quelqu’un le chercher. Mes hommages,
    madame.
    — Merci, à bientôt,
    j’espère. »
    Marienne est sur le
    point de passer la porte, M me Bouvard le rappelle :
    « Un mot encore, lieutenant.
    — Madame ?
    — Mes trois autres
    fils traînent aussi parmi vous. Si vous pouviez les protéger le cas échéant…
    — Vos trois autres
    fils ? balbutie Marienne, stupéfait.
    — Oui, Loïc, l’aîné,
    a quinze ans. Mais c’est le plus petit, Philippe, qui m’inquiète. Il n’a que
    onze ans.
    — Et vous dites qu’ils
    sont dans le camp au milieu des soldats ?
    — Depuis deux jours,
    ils ne font que de brèves apparitions au château. Ne me blâmez pas, je voudrais
    vous voir à ma place ! »
    Dans l’après-midi, Marienne
    retrouve sans peine Loïc et Philippe. Les deux gamins servent d’agents de
    liaison. Depuis quarante-huit heures, ils courent comme des lièvres, rendant
    des services aux uns et aux autres. Les parachutistes comme les résistants les
    ont adoptés. Guy-Michel n’est resté qu’un quart d’heure au château, le temps d’ingurgiter
    une tasse de chocolat, puis il s’est éclipsé comme un zèbre, a rejoint son
    poste aux points de garde avancés. Loïc, l’aîné, est même parvenu à se faire
    remettre une carabine américaine, il a fait la démonstration de ses qualités de
    tireur. Inquiet, le capitaine Puech-Samson a trouvé un compromis.
    « Tu me serviras d’ordonnance,
    a-t-il déclaré au jeune garçon. À partir de maintenant tu ne me quittes pas. Mission :
    me protéger. »
    16 juin, 6 heures du
    matin. Une centaine de nouveaux résistants viennent grossir les rangs des
    retranchés de Saint-Marcel. En soi, l’énervement est devenu banal. Chaque jour
    de nouveaux groupes arrivent, se joignent à la concentration, mais ceux du 16
    juin font pénétrer à Saint-Marcel un élément nouveau : des prisonniers. En
    lisière du bois de Saint-Billy, les F.F.I. ont attaqué un convoi léger. Ils ont
    fait une hécatombe dans les rangs allemands jusqu’à ce qu’une vingtaine de
    survivants, cloués par le tir efficace des résistants, aient constaté qu’ils n’avaient
    plus d’autre issue que celle de servir de cible. Ils avaient jeté leurs armes
    et levé les bras.
    Dans l’aube humide, encadrés
    par leurs vainqueurs, les prisonniers, mains croisées derrière la nuque, traversent
    le camp en direction de la ferme. Le bruit court comme la foudre ; les
    résistants arrivent en courant pour contempler, muets, les premiers Allemands
    qui courbent l’échine, pour graver à jamais dans leur esprit la première image
    concrète de la victoire.
    Bourgoin et Marienne
    arrivent à leur tour.
    Les deux Allemands sont
    pâles comme des spectres. L’agitation et la curiosité qu’ils suscitent les
    inquiètent. La présence d’officiers les rassure un peu. C’est Marienne qui, le
    premier, s’intéresse à leurs galons, à leurs insignes.
    Ce sont deux
    sous-officiers, des parachutistes de la division Kreta ; leurs poitrines
    sont bardées de rubans cousus à même l’étoffe de leurs vareuses.
    « Vous parlez le
    français ? » questionne Marienne.
    Les prisonniers hochent
    la tête.
    « Anglais ? »
    Ils font un signe de
    tête négatif.
    « Allez me chercher
    Krysik. »
    Krysik, l’Alsacien, retrouve
    sa bonne humeur

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