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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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Pardonnez ma
    témérité, mon général, mais j’ai perdu le sommeil. »
    Un flux de sang lui
    monte à la tête, il pense : « Je suis idiot, j’aurais dû aller droit
    au but. » Les rires suscités par sa phrase le glacent.
    « Voyez le major, il
    vous donnera un somnifère », lance un colonel.
    Bedell-Smith jette un
    regard réprobateur et réplique :
    « Allez-y, Seymour,
    soyez bref. »
    Seymour récite :
    « Mon général, depuis
    J – 40 il n’a plus été une seule fois question de la seconde vague de
    débarquement, celle du golfe du Morbihan, de l’embouchure de la Vilaine. »
    Bedell-Smith ne veut pas
    répondre à la légère, il est sérieux :
    « Il y a longtemps
    que ce projet a été rejeté. Il n’avait été envisagé qu’en cas d’échec en
    Normandie. Je ne vois rien en ça qui puisse vous tracasser.
    — Justement, mon
    général. Ce qui me tracasse, c’est la position tactique des parachutistes
    français de Bretagne. Ils semblent s’attendre à un très puissant renfort. »
    Les « huiles »
    échangent des regards intrigués. Les parachutistes français de Bretagne… Personne
    ne les a oubliés, mais ils remplissent leur mission puisque sur le front de
    Normandie aucun renfort n’est parvenu en provenance du sud.
    « Expliquez-vous, Seymour. »
    Donald Seymour retrouve
    son assurance, il a préparé les dossiers, il replonge dans son élément.
    « Voici les
    rapports du général MacLeod, mon général. »
    Bedell-Smith parcourt
    rapidement les feuilles. Sévère, il déclare :
    « C’est aujourd’hui
    que je prends connaissance de communiqués qui datent de six jours ? Convoquez
    MacLeod. Ceci constitue l’ensemble des documents qui vous sont parvenus, Seymour ?
    — Oui, mon général.
    — C’est bon, Seymour ;
    merci. »
    Le lieutenant Seymour
    retourne dans l’oubli. Le rôle qu’il a joué dans la guerre a duré moins de cinq
    minutes.
    Le général MacLeod s’y
    attendait, mais les jours passant, il était convaincu à la longue que l’état-major
    suprême approuvait les manœuvres de Bourgoin. Il s’en étonnait un peu, mais n’étant
    pas dans le secret des dieux, il avait préféré rester passif.
    « C’est
    inimaginable, hurle Bedell-Smith, mais qui, qui a donné l’ordre de ce
    rassemblement insensé ? D’une heure à l’autre les Allemands peuvent
    balayer cette position indéfendable, libérer leurs divisions de Bretagne et
    nous foutre sur les reins en Normandie une offensive de 150 000 hommes !
    Tout ça parce qu’une poignée de parachutistes entraînés à obéir depuis trois
    ans a décidé de faire une petite guerre à part.
    — C’est un concours
    de circonstances, mon général. Bourgoin s’est trouvé devant un fait accompli. Jusqu’à
    présent, toutes les missions de sabotage qui ont été confiées au bataillon
    français ont été remplies, au-delà même.
    — Mais il est vital
    qu’ils continuent, vous le savez ! Transmettez sur l’heure un ordre de
    dispersion. Qu’ils reprennent leurs sabotages par petits groupes. Supprimez
    cette cible ! »
    Deux heures plus tard,
    un message parvenait au P.C. de la Nouette à Saint-Marcel :
    « Éviter à tout
    prix bataille rangée – stop – continuer guérilla à outrance et armement F.F.I. —
    stop – général macleod. »
     

27
    18 juin 1944.3 h 30
    du matin, heure solaire. Deux voitures quittent la Feldgendarmerie de Ploërmel
    pour une patrouille. Paradoxalement, tandis qu’au sein des divers états-majors
    allemands on s’interroge sur l’opportunité d’une attaque, tandis qu’on s’efforce
    d’évaluer la puissance des forces rassemblées au camp de Saint-Marcel, la
    gendarmerie qui aurait dû être la première informée de la concentration ennemie
    a été laissée dans l’ignorance. Les Feldgendarme poursuivent leur travail de
    routine.
    Les chauffeurs des deux
    tractions jaunâtres sont descendus faire tourner les moteurs usés, précédant
    leurs six compagnons qui se brûlent la gorge en ingurgitant rapidement leur
    ersatz de café.
    Dans un fracas pesant de
    bottes, les hommes font gémir l’escalier de bois vermoulu des locaux vétustés
    où sont basés les quatre-vingt-six Feldgendarme de Ploërmel. Sans échanger un
    mot ils s’engouffrent dans les véhicules qui démarrent péniblement et s’engagent
    sur la nationale 166.
    La nuit est encore
    épaisse. Des nappes de brume rasent la route par intermittence et obligent
    fréquemment le chauffeur de

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