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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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ans, fait aussi des
    liaisons au milieu des rafales, tandis que Philippe, qui a onze ans, court dans
    le no man’s land voir où en sont les Allemands et revient nous prévenir.
    « Les parachutistes
    sont extraordinaires de précision, de calme, de sang-froid. Depuis deux ans qu’ils
    attendent ce combat, ils n’en perdent pas un instant. C’est autre chose que les
    manœuvres d’Écosse : ici on est sûr de soi, on ne rampe pas inutilement. La
    moindre feuille est utilisée, on prend en passant quelques F.F.I. à l’abandon
    qui n’ont plus de liaison. C’est une véritable guerre de partisans, une
    nouvelle chouannerie. Les anciens de Libye retrouvent devant eux les
    parachutistes allemands de la fameuse division Kreta qu’ils attaquèrent si
    souvent sur les pistes du désert ou sur les aérodromes de la côte méditerranéenne.
    La lutte est dure de part et d’autre, on ne fait pas de prisonniers, aussi nous
    nous battons avec l’ardeur des désespérés. Pas question de se rendre comme l’ordonnent
    les Allemands. Des rafales qui abattent les plus audacieux sont toutes nos
    réponses.
    « Cependant, peu à
    peu, nous faiblissons. La compagnie Larralde a dû se replier. À l’aile gauche
    de cette compagnie, le château de Sainte-Geneviève n’est pas encore pris, quoique
    les Allemands s’y acharnent. Le sergent Navaille, bien connu des sportifs
    amateurs de boxe et de lutte, sait ce qu’est une bagarre. Pendant trois ans il
    a souffert dans les prisons allemandes et à Vichy. Sur un toit, tenant à lui
    seul une allée qui donne accès au château, malgré ses blessures au cou et au
    côté, il tient bon. Malgré son feu précis, quelques Allemands réussissent
    pourtant à pénétrer dans la chambre au-dessous de lui. Sans s’affoler, Navaille
    dégoupille une grenade, la laisse tomber par la cheminée, et la pièce se trouve
    rapidement nettoyée.
    « Des chasseurs de
    la R.A.F. arrivent et mitraillent les alentours, pendant que nous ne bougeons
    pas afin d’éviter les erreurs. Les Allemands sont terrorisés.
    « Puis la lutte
    reprend avec le renfort de plusieurs équipes venues au secours des points
    menacés. Le sous-lieutenant Brès est tué d’une balle dans la tête, caractéristique
    du tir très précis des Allemands. Les parachutistes Casa et Malbert meurent
    aussi. Le lieutenant Lesecq est sérieusement blessé à la jambe, tandis que le
    capitaine Puech-Samson a la cuisse transpercée d’une balle. Le lieutenant de
    Camaret, blessé au cou déjà, a le bras droit cassé. Marienne, un immense
    bandeau teinté de rouge sur la tête et la figure couverte de sang, se bat « comme
    un lion », déclarent à l’unanimité tous les maquisards.
    « Le lieutenant
    Tisné attaque partout, étonnant de courage, fonce et nettoie tous les taillis
    qu’il rencontre. Il faut courir derrière lui pour le voir ; il est
    insaisissable et rien ne l’arrête.
    « Michel de Camaret
    et Roger de la Grandière, vieux compagnons de prison et d’évasion, se
    retrouvent à la fête. Le premier, malgré son bandage au bras, attaque partout
    où il faut, stimule les jeunes et les emmène avec lui.
    « Tous deux, puis
    quelques autres, rejoignent le sous-lieutenant Simon qui arrive à cet instant
    pour l’attaque de la ferme du Bois-Joly qui sera menée à un train d’enfer. Les
    Allemands décimés s’enfuient pendant que Simon tient fortement la position. Puis
    ces deux officiers continuent leur route plus au nord, déblaient la région de
    Sainte-Geneviève avec leur impétuosité habituelle.
    « Sur tout le front,
    on entend prononcer un nom : « Marienne. » C’est le type même du
    chef parachutiste. Il est partout à la fois, ranimant tous ces jeunes qui se
    lassent et faiblissent devant l’acharnement ennemi. Il n’a peur de rien ; debout
    en plein combat, présentant son bandeau blanc comme une cible pour les uns, un
    panache pour les autres, Marienne est le symbole de cette union de combattants
    français qui luttent pour délivrer le sol, cette terre qu’ils veulent garder. Marienne,
    seul en jeep, parcourt tout le front, dégage ici, perce là, balaie les troupes
    ennemies de ses rafales meurtrières. Dans les arbres, les tireurs d’élite
    allemands se camouflent et descendent les nôtres. Marienne les arrose tout en
    passant. Les Boches en tombent comme des mouches.
    « Puis, comme un
    souffle magique, un ordre passe de bouche en bouche, et, comme une traînée de
    poudre,

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