Qui ose vaincra
ans, fait aussi des
liaisons au milieu des rafales, tandis que Philippe, qui a onze ans, court dans
le no man’s land voir où en sont les Allemands et revient nous prévenir.
« Les parachutistes
sont extraordinaires de précision, de calme, de sang-froid. Depuis deux ans qu’ils
attendent ce combat, ils n’en perdent pas un instant. C’est autre chose que les
manœuvres d’Écosse : ici on est sûr de soi, on ne rampe pas inutilement. La
moindre feuille est utilisée, on prend en passant quelques F.F.I. à l’abandon
qui n’ont plus de liaison. C’est une véritable guerre de partisans, une
nouvelle chouannerie. Les anciens de Libye retrouvent devant eux les
parachutistes allemands de la fameuse division Kreta qu’ils attaquèrent si
souvent sur les pistes du désert ou sur les aérodromes de la côte méditerranéenne.
La lutte est dure de part et d’autre, on ne fait pas de prisonniers, aussi nous
nous battons avec l’ardeur des désespérés. Pas question de se rendre comme l’ordonnent
les Allemands. Des rafales qui abattent les plus audacieux sont toutes nos
réponses.
« Cependant, peu à
peu, nous faiblissons. La compagnie Larralde a dû se replier. À l’aile gauche
de cette compagnie, le château de Sainte-Geneviève n’est pas encore pris, quoique
les Allemands s’y acharnent. Le sergent Navaille, bien connu des sportifs
amateurs de boxe et de lutte, sait ce qu’est une bagarre. Pendant trois ans il
a souffert dans les prisons allemandes et à Vichy. Sur un toit, tenant à lui
seul une allée qui donne accès au château, malgré ses blessures au cou et au
côté, il tient bon. Malgré son feu précis, quelques Allemands réussissent
pourtant à pénétrer dans la chambre au-dessous de lui. Sans s’affoler, Navaille
dégoupille une grenade, la laisse tomber par la cheminée, et la pièce se trouve
rapidement nettoyée.
« Des chasseurs de
la R.A.F. arrivent et mitraillent les alentours, pendant que nous ne bougeons
pas afin d’éviter les erreurs. Les Allemands sont terrorisés.
« Puis la lutte
reprend avec le renfort de plusieurs équipes venues au secours des points
menacés. Le sous-lieutenant Brès est tué d’une balle dans la tête, caractéristique
du tir très précis des Allemands. Les parachutistes Casa et Malbert meurent
aussi. Le lieutenant Lesecq est sérieusement blessé à la jambe, tandis que le
capitaine Puech-Samson a la cuisse transpercée d’une balle. Le lieutenant de
Camaret, blessé au cou déjà, a le bras droit cassé. Marienne, un immense
bandeau teinté de rouge sur la tête et la figure couverte de sang, se bat « comme
un lion », déclarent à l’unanimité tous les maquisards.
« Le lieutenant
Tisné attaque partout, étonnant de courage, fonce et nettoie tous les taillis
qu’il rencontre. Il faut courir derrière lui pour le voir ; il est
insaisissable et rien ne l’arrête.
« Michel de Camaret
et Roger de la Grandière, vieux compagnons de prison et d’évasion, se
retrouvent à la fête. Le premier, malgré son bandage au bras, attaque partout
où il faut, stimule les jeunes et les emmène avec lui.
« Tous deux, puis
quelques autres, rejoignent le sous-lieutenant Simon qui arrive à cet instant
pour l’attaque de la ferme du Bois-Joly qui sera menée à un train d’enfer. Les
Allemands décimés s’enfuient pendant que Simon tient fortement la position. Puis
ces deux officiers continuent leur route plus au nord, déblaient la région de
Sainte-Geneviève avec leur impétuosité habituelle.
« Sur tout le front,
on entend prononcer un nom : « Marienne. » C’est le type même du
chef parachutiste. Il est partout à la fois, ranimant tous ces jeunes qui se
lassent et faiblissent devant l’acharnement ennemi. Il n’a peur de rien ; debout
en plein combat, présentant son bandeau blanc comme une cible pour les uns, un
panache pour les autres, Marienne est le symbole de cette union de combattants
français qui luttent pour délivrer le sol, cette terre qu’ils veulent garder. Marienne,
seul en jeep, parcourt tout le front, dégage ici, perce là, balaie les troupes
ennemies de ses rafales meurtrières. Dans les arbres, les tireurs d’élite
allemands se camouflent et descendent les nôtres. Marienne les arrose tout en
passant. Les Boches en tombent comme des mouches.
« Puis, comme un
souffle magique, un ordre passe de bouche en bouche, et, comme une traînée de
poudre,
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