Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
Vom Netzwerk:
tête à casser le rythme traînard et régulier de sa
    voiture.
    Huit kilomètres. La
    Chapelle-Caro. Les véhicules empruntent la bretelle qui va leur permettre de
    rejoindre la nationale 164 en direction de Malestroit.
    De là, leurs ordres du
    jour sont de s’engager sur la nationale 776 pendant six kilomètres ; puis
    de prendre sur la droite, vers Saint-Guyomard, la départementale 112 où ils
    rejoindront leur route de départ qui doit les conduire à Elven.
    Passé Malestroit, ils ne
    connaissent plus la route, et le brouillard s’est épaissi. Les vieilles
    tractions avant gémissent en première, mettent près d’une demi-heure pour
    parcourir trois kilomètres. Il est 4 h 5. Les fentes timides des
    codes commencent à se confondre avec la lueur blême qui annonce l’approche du
    jour.
    Sur la droite, les
    Feldgendarme aperçoivent une route secondaire. Ils n’hésitent pas, s’y engagent,
    persuadés qu’ils sont sur leur itinéraire. Une légère brise s’est levée ; en
    quelques minutes elle dissipe la brume. Les formes se précisent, la lugubre
    lande bretonne apparaît, larmoyante sous la rosée de l’aube.
    4 h 20. Les
    deux tractions arrivent au bourg de Saint-Marcel. Instantanément les
    Feldgendarme s’aperçoivent de leur erreur. Ils s’arrêtent, déploient une carte
    sur le capot du premier véhicule, situent leur position, réalisent qu’ils se
    sont engagés à droite sur une départementale pratiquement parallèle à celle qu’ils
    devaient emprunter. Elle rejoint également la 166. Ils décident de ne pas
    rebrousser chemin et de continuer en direction de l’Abbaye.
    C’est la route qui
    traverse en plein cœur le camp géant des parachutistes et des F.F.I.
    Dans cette nuit du 17 au
    18 juin, le lieutenant Pierre Marienne a souffert d’insomnie. Le message du
    général Mac-Leod reçu la veille au soir par Bourgoin l’a profondément troublé. Il
    ne peut se leurrer. Son honnêteté ne lui permet pas de minimiser le rôle
    essentiel qu’il a joué dans le rassemblement de Saint-Marcel. Il sait que
    demain, se conformant aux consignes de Londres, Bourgoin décidera de la
    dispersion des 150 parachutistes et des 3 000 patriotes auxquels il
    ordonnera d’éclater par groupe de trois ou quatre hommes. Ces groupes vont
    devenir pour les Allemands un véritable gibier. Marienne sait que sur les
    patriotes, les neuf dixièmes n’ont aucune expérience militaire et qu’ils vont
    constituer une proie fragile.
    À 4 heures du matin, Marienne
    se lève. Il lace ses chaussures et va se raser à la pompe devant la ferme. Le
    caporal Pams le rejoint. Il porte sur le dos son bazooka anglais, le P.I.A.T. dont
    il se sert avec une habileté d’expert.
    « Tombé du lit, mon
    lieutenant ? »
    Marienne répond d’un
    vague grognement. Pams connaît l’officier, juge plus prudent de poursuivre son
    chemin sans insister.
    « C’est toi qui
    fais l’inspection des avant-postes ? lance Marienne en enfilant sa veste
    camouflée.
    — C’est vous-même
    qui m’avez désigné hier soir, mon lieutenant.
    — Je t’accompagne. »
    Les deux hommes marchent
    dans les sentiers boueux d’un pas égal et régulier.
    « Avec les quatre
    jeeps parachutées avant-hier, on fait les patrouilles à pied, c’est pas logique,
    mon lieutenant.
    — Footing matinal. On
    pense à votre santé, c’est tout. »
    Les deux parachutistes
    échangent quelques mots avec les groupes F.F.I. des avant-gardes. Tout paraît
    normal. Tout semble en ordre. Ils arrivent enfin au poste le plus avancé. Quatre
    patriotes servent un fusil mitrailleur de chaque côté de la route qui vient de
    Saint-Marcel. (Le barrage se trouve en avant du chemin qui mène au château des
    Hardys-Behelec.) À cette position non plus, rien à signaler. Marienne et Pams s’éloignent.
    Maintenant ils marchent sur la route. Il est 4 h 30 exactement
    lorsque le bruit des moteurs qui s’approchent les surprend. Ils se retournent, intrigués.
    Machinalement Pams dispose son bazooka sur la saignée de son bras, prêt à
    intervenir. Marienne sort son Colt et, d’un même bond, les parachutistes
    sautent dans un fossé à l’abri. Ils aperçoivent la première traction qui passe
    le barrage sans encombre, puis la seconde. Alors seulement un patriote bondit
    hors de son refuge, hurlant d’une voix hystérique :
    « Ce sont des
    Boches, nom de Dieu ! Arrêtez-les ! Ce sont des Boches !
    — Le con ! braille
    Pams. Il peut pas tirer au lieu

Weitere Kostenlose Bücher