Qui ose vaincra
de gueuler ? »
La première voiture n’est
qu’à cinquante mètres d’eux. Elle avance très lentement. Pams prépare son engin
antichar.
« Laisse passer la
première, ordonne Marienne. Vérifions quand même. De toute façon, ils n’iront
pas très loin. »
Sans être décelés, les
deux parachutistes reconnaissent sans peine les uniformes allemands. Pams tire
sur le second véhicule qui est atteint de plein fouet. L’obus a déchiqueté les
deux passagers avant, blessé grièvement un troisième à l’arrière. Indemne, le
quatrième parvient à s’extraire de la voiture et bondit à travers champs dans
une course folle. Marienne se précipite à sa poursuite, tire au pistolet sans s’arrêter.
L’Allemand se débarrasse de son casque, de ses armes, de la plaque de la Feldgendarmerie,
de sa vareuse, tout en continuant à courir en zigzag. Marienne vide son
chargeur sans l’atteindre, puis il abandonne la poursuite.
La seconde voiture ne
parcourt qu’une vingtaine de mètres. Un bref combat s’engage entre les F.F.I. et
les Feldgendarme. Un Allemand est tué, les trois autres se rendent.
Cet incident va
bouleverser les plans des états-majors : le général Fahrmbacher ne peut
plus attendre l’arrivée des blindés pour attaquer Saint-Marcel ; les parachutistes
n’auront plus le temps d’exécuter les ordres de dispersion donnés par Londres.
À 6 h 30, l’ordre
d’attaquer le camp parvient à la garnison de la Wehrmacht de Malestroit. À 8 h 15
les premiers éléments allemands arrivent au bourg de Saint-Marcel.
Le lieutenant Henri
Corta a relaté la bataille dans son ouvrage Les Bérets Rouges 1 .
Il y participa. Je choisis de le citer, car nul ne pourrait, sur un combat
acharné, d’une telle confusion, relater les faits mieux qu’un combattant qui
vécut sur le terrain les heures héroïques et tragiques du 18 juin 1944.
« À peine la messe
est-elle terminée que des coups de feu éclatent ; les rafales de F.
M. se succèdent rapidement. Chacun regagne vivement son poste. On explique
au plus vite à ces jeunes gens fougueux comment se servir de leurs armes, et en
avant, en ligne.
« La bagarre est
déclenchée dans le même coin que la dernière fois. Les Boches sont venus en
nombre cette fois, mais croyant sans doute avoir affaire à un petit groupe de
maquisards sans importance, les premières patrouilles arrivent isolées, à la
file indienne, et se font décimer systématiquement. Avec des effectifs plus
nombreux, de l’ordre de deux compagnies, ils occupent le village de
Saint-Marcel et, de là, se dirigent vers le secteur Marienne qui les reçoit
sans faiblir. Les renforts allemands arrivent peu à peu et font une nouvelle
attaque sur la compagnie Larralde, composée en majorité de parachutistes.
« Les Allemands se
font tuer à une cadence vertigineuse. Ils avancent, debout au milieu des champs,
sans comprendre ce qui se passe. À la longue, ils réagissent et constituent un
front, une ligne de bataille qui leur permet d’avoir une idée concrète des
forces en opposition. Ils installent des mitrailleuses et organisent des zones
de feu, tâtonnant de part et d’autre pour trouver le point faible et le forcer.
« Vers 9 h 15,
après plusieurs attaques à la charnière des compagnies Larralde et Marienne, tenue
par le lieutenant Lesecq, l’aspirant Mariani et quelques parachutistes, la
ferme du Bois-Joly est prise par les Allemands. Ceux-ci, du reste très méfiants,
se retirent assez rapidement et s’installent dans les haies et les fossés. La
pression allemande devient de plus en plus forte, ils essaient à tout prix de parvenir
au château de Sainte-Geneviève qu’ils imaginent être le P.C. Cette bâtisse est
toujours occupée par M me Bouvard et ses six enfants qui
attendent dans le jardin que la bagarre s’arrête. Cette lutte étrange prend à
nos yeux une signification extraordinaire : c’est, pour beaucoup des
nôtres, le baptême du feu. Unis dans le combat, les jeunes F.F.I. se battent
aussi la rage au cœur. On voit de magnifiques scènes d’héroïsme. Le fils de M me Bouvard,
Loïc, qui a quinze ans, s’est débrouillé pour avoir une carabine américaine, dont
il ne se séparerait pas pour un empire. Il s’en sert vaillamment au cours de la
tournée des secteurs qu’il fait avec le capitaine Puech-Samson et dont il est l’agent
de transmission. Son petit frère, Guy-Michel, qui a treize
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