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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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de gueuler ? »
    La première voiture n’est
    qu’à cinquante mètres d’eux. Elle avance très lentement. Pams prépare son engin
    antichar.
    « Laisse passer la
    première, ordonne Marienne. Vérifions quand même. De toute façon, ils n’iront
    pas très loin. »
    Sans être décelés, les
    deux parachutistes reconnaissent sans peine les uniformes allemands. Pams tire
    sur le second véhicule qui est atteint de plein fouet. L’obus a déchiqueté les
    deux passagers avant, blessé grièvement un troisième à l’arrière. Indemne, le
    quatrième parvient à s’extraire de la voiture et bondit à travers champs dans
    une course folle. Marienne se précipite à sa poursuite, tire au pistolet sans s’arrêter.
    L’Allemand se débarrasse de son casque, de ses armes, de la plaque de la Feldgendarmerie,
    de sa vareuse, tout en continuant à courir en zigzag. Marienne vide son
    chargeur sans l’atteindre, puis il abandonne la poursuite.
    La seconde voiture ne
    parcourt qu’une vingtaine de mètres. Un bref combat s’engage entre les F.F.I. et
    les Feldgendarme. Un Allemand est tué, les trois autres se rendent.
    Cet incident va
    bouleverser les plans des états-majors : le général Fahrmbacher ne peut
    plus attendre l’arrivée des blindés pour attaquer Saint-Marcel ; les parachutistes
    n’auront plus le temps d’exécuter les ordres de dispersion donnés par Londres.
    À 6 h 30, l’ordre
    d’attaquer le camp parvient à la garnison de la Wehrmacht de Malestroit. À 8 h 15
    les premiers éléments allemands arrivent au bourg de Saint-Marcel.
    Le lieutenant Henri
    Corta a relaté la bataille dans son ouvrage Les Bérets Rouges 1 .
    Il y participa. Je choisis de le citer, car nul ne pourrait, sur un combat
    acharné, d’une telle confusion, relater les faits mieux qu’un combattant qui
    vécut sur le terrain les heures héroïques et tragiques du 18 juin 1944.
    « À peine la messe
    est-elle terminée que des coups de feu éclatent ; les rafales de F.
    M. se succèdent rapidement. Chacun regagne vivement son poste. On explique
    au plus vite à ces jeunes gens fougueux comment se servir de leurs armes, et en
    avant, en ligne.
    « La bagarre est
    déclenchée dans le même coin que la dernière fois. Les Boches sont venus en
    nombre cette fois, mais croyant sans doute avoir affaire à un petit groupe de
    maquisards sans importance, les premières patrouilles arrivent isolées, à la
    file indienne, et se font décimer systématiquement. Avec des effectifs plus
    nombreux, de l’ordre de deux compagnies, ils occupent le village de
    Saint-Marcel et, de là, se dirigent vers le secteur Marienne qui les reçoit
    sans faiblir. Les renforts allemands arrivent peu à peu et font une nouvelle
    attaque sur la compagnie Larralde, composée en majorité de parachutistes.
    « Les Allemands se
    font tuer à une cadence vertigineuse. Ils avancent, debout au milieu des champs,
    sans comprendre ce qui se passe. À la longue, ils réagissent et constituent un
    front, une ligne de bataille qui leur permet d’avoir une idée concrète des
    forces en opposition. Ils installent des mitrailleuses et organisent des zones
    de feu, tâtonnant de part et d’autre pour trouver le point faible et le forcer.
    « Vers 9 h 15,
    après plusieurs attaques à la charnière des compagnies Larralde et Marienne, tenue
    par le lieutenant Lesecq, l’aspirant Mariani et quelques parachutistes, la
    ferme du Bois-Joly est prise par les Allemands. Ceux-ci, du reste très méfiants,
    se retirent assez rapidement et s’installent dans les haies et les fossés. La
    pression allemande devient de plus en plus forte, ils essaient à tout prix de parvenir
    au château de Sainte-Geneviève qu’ils imaginent être le P.C. Cette bâtisse est
    toujours occupée par M me Bouvard et ses six enfants qui
    attendent dans le jardin que la bagarre s’arrête. Cette lutte étrange prend à
    nos yeux une signification extraordinaire : c’est, pour beaucoup des
    nôtres, le baptême du feu. Unis dans le combat, les jeunes F.F.I. se battent
    aussi la rage au cœur. On voit de magnifiques scènes d’héroïsme. Le fils de M me Bouvard,
    Loïc, qui a quinze ans, s’est débrouillé pour avoir une carabine américaine, dont
    il ne se séparerait pas pour un empire. Il s’en sert vaillamment au cours de la
    tournée des secteurs qu’il fait avec le capitaine Puech-Samson et dont il est l’agent
    de transmission. Son petit frère, Guy-Michel, qui a treize

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