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Remède pour un charlatan

Remède pour un charlatan

Titel: Remède pour un charlatan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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d’autre ?
    — Rien.
    — Je connais ces substances, dit Isaac. Elles peuvent tuer lorsqu’elles sont absorbées en quantités suffisantes. Mais ce n’est pas cela qui a provoqué la mort.
    — Qu’a-t-il utilisé, selon vous ?
    — Parfois, nos idées préconçues nous égarent, monseigneur. On m’a demandé d’examiner un jeune homme qui marchait pendant son sommeil et avait des visions et des cauchemars, et pas d’appétit. Puis il est mort, mais d’autre chose. D’une certaine façon, les symptômes sont ceux du poison que l’on nomme belladone.
    — Qu’est-ce donc ?
    — Le suc d’une solanacée, une plante commune. Je pensais qu’on les avait lentement empoisonnés afin que les substances s’accumulent dans leur organisme jusqu’à ce qu’ils ne puissent plus résister. Mais j’étais présent lors de la mort de Lorens Manet, et j’ai pu examiner le gobelet et ses urines. La belladone peut provoquer de terribles visions, mais je pense que quelqu’un a concocté pour Ferran Manet une mixture particulière, qui contiendrait d’autres agents, dont des spasmodiques.
    — Un apothicaire de Gérone ?
    — C’est possible, mais plus certainement d’une autre ville. Je crois que Ferran avait l’intention de tuer ces trois jeunes gens dans le seul but de terroriser Pons. Il ignorait sans doute à quel point leur amitié était secrète.
    — Cet homme mauvais détruisait autrui pour le plaisir de nuire, remarqua Berenguer. Je suppose que la femme qui portait le poison était Marieta. Elle était plus petite que la moyenne, et Ramon ne cessait de répéter que c’était une petite femme…
    Isaac ne répondit qu’au bout d’un instant.
    — Je pense qu’il n’est plus très important de savoir de quoi exactement était composée cette mixture. Cela l’était quand les victimes étaient encore en vie et que l’on pouvait espérer les sauver.
    — C’est vrai. Et je suis heureux que tout soit fini. Mais dites-moi, fit Berenguer en prenant un document sur sa table, connaissez-vous un certain Maymó Momet ?
    — Certainement, Votre Excellence.
    — Que pouvez-vous me dire de la controverse qui porte sur la cour située derrière sa maison ?
     
    Quelques jours plus tard, quand la foire se fut dispersée, que marchands et négociants eurent remballé leurs invendus et compté leurs bénéfices, la troupe de comédiens se trouvait toujours en ville. Ils avaient demandé l’autorisation de représenter un mystère plein de piété et de sagesse et avaient monté leurs tréteaux sur le parvis de la cathédrale.
    La majeure partie de la ville se trouvait là, semblait-il. Les enfants montaient et descendaient en courant les marches de la cathédrale, bousculant les journaliers sortis des tavernes et venus s’installer sur les degrés de pierre. Des femmes se tenaient en groupes circonspects et discutaient de leurs voisines, bien entendu pas aussi circonspectes qu’elles.
    L’évêque travaillait dans son cabinet sur les problèmes qui s’étaient accumulés au cours des dernières semaines, signant des passeports ou réglant des controverses ayant trait à des sujets très divers, de la ligne de démarcation d’une cour appartenant à deux propriétaires aux accusations portées contre un débiteur qui aurait harcelé les deux hommes qui lui avaient prêté de l’argent. Il contempla la pile de pétitions et soupira.
    Isaac était chez lui. Après quelques jours d’un froid mordant, la chaleur était revenue en ville, et il était assis dans la cour, le dos au soleil, Judith auprès de lui.
    — Ma mie, je ne puis vous dire le plaisir que vous m’avez fait en venant chez Rebecca ce soir-là.
    — Je suis allée voir l’évêque parce que cette petite Mauresque m’a dit que vous étiez en danger.
    — Monseigneur n’est-il pas un homme charmant ?
    — Il peut se le permettre. Mais, en effet, il a aussitôt envoyé des hommes, admit-elle avec réticence.
    — Et notre petit-fils est-il aussi beau que le dit sa mère ?
    — Oh, Isaac, vous êtes injuste ! Bien sûr qu’il l’est ! Et il ne peut que l’être. Mais pourquoi Rebecca n’a-t-elle qu’un seul enfant ?
    — Elle est jeune. Elle en aura d’autres.
    — Qu’adviendra-t-il de la maison de Marieta maintenant qu’ils ont pendu Guillem ?
    — Il y aura de longues palabres, sans aucun doute, ma mie, mais je suis certain que les affaires reprendront comme avant. C’est toujours ce qui se passe

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