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Requiem sous le Rialto

Requiem sous le Rialto

Titel: Requiem sous le Rialto Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Remin
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vous portez garant de lui ?
    Tron sourit.
    — Sans la moindre hésitation, baron.
    — Savez-vous où il se trouvait hier soir à l’heure des faits ?
    — Au palais Cavalli.
    — Vous tenez cette information de lui, n’est-ce pas ?
    Le commissaire acquiesça.
    — Oui, c’est lui qui me l’a donnée.
    — Dans ce cas, il ne reste plus qu’à espérer que vous ne vous trompez pas sur son compte. Quoi qu’il en soit, poursuivit Spaur, on peut dire que mon idée de recourir à un appât a fait progresser l’enquête. Avez-vous prié le père Francesco d’ouvrir grands les yeux ?
    — Je pense, répondit Tron, qu’il se manifestera de lui-même si jamais il remarque quelque chose d’inhabituel.
    — Qu’avez-vous l’intention de faire maintenant, commissaire ? Vous n’envisagez pas, j’espère, d’importuner le comte de Chambord avec vos absurdes suppositions ? Ou même de lui demander s’il a un alibi ?
    — Nous allons placer le palais Cavalli sous surveillance, répliqua le commissaire.
    Spaur fit une grimace.
    — Si Sa Majesté s’absente de temps à autre le soir, c’est à n’en pas douter pour des raisons on ne peut plus bénignes. Elle a bien droit à quelques moments de distraction. Et si elle a le sentiment que le cadre domestique ne lui en offre pas assez, on peut comprendre qu’elle en cherche à l’extérieur.
    — Nous verrons bien ce que le comte entend par distraction.
    — Vous avez vraiment l’intention de le surveiller ?
    — L’inspecteur Bossi ne va pas le quitter d’une semelle.
    — Déguisé en femme ?
    Le commissaire secoua la tête.
    — Non, en civil.
    Soudain, une idée pourtant évidente lui traversa l’esprit. Pour éviter d’attaquer de front, il demanda avec précaution :
    — À ce sujet, j’aimerais savoir à quel titre le comte séjourne à Venise. Sa Majesté réside-t-elle ici en tant que particulier ? Ou jouit-elle du statut de diplomate ? Cela me paraît possible s’il est le prétendant légitime à la couronne de France.
    Spaur agita la main en signe d’agacement.
    — Bien entendu qu’il est le prétendant légitime ! La baronne a interprété le compliment manuscrit comme une marque de faveur du futur roi de France.
    Le commissaire sourit.
    — Dans ce cas, il me semble que…
    Il laissa la phrase en suspens pour laisser à son supérieur l’occasion de tirer les conclusions par lui-même. Cela dura un certain temps, pendant lequel Spaur roula plusieurs fois les yeux. Soudain, il se pétrifia, bouche bée.
    — Mais bien sûr, commissaire ! s’exclama-t-il. Vous avez raison. Cette affaire ne concernerait pas la garde civile, mais la police militaire, laquelle recevrait ses instructions du Ballhausplatz 1  !
    Tron approuva.
    — Et cela signifierait a posteriori, dit-il, que cette affaire n’a jamais relevé de nous.
    Spaur était à présent radieux.
    — Ce qui impliquerait à son tour, enchaîna-t-il, que cette affaire n’entrerait pas en ligne de compte dans les statistiques de la police.
    — Et, ajouta encore le commissaire, la baronne aurait ainsi toutes ses chances d’être reçue à la Hofburg.
    — Excellent ! conclut Spaur en riant. Cela dit, ce retournement ne va guère plaire au commandant de place. À l’avenir, Toggenburg ne manquera pas une occasion de publier dans la presse locale des critiques féroces contre la police de Venise. Auriez-vous cru cela possible, commissaire ?
    Tron ne comprit pas sur-le-champ ce que Spaur voulait dire.
    — Euh, quoi donc ?
    — Que l’éventreur n’était autre que le comte de Chambord ?
    — Je pense qu’il est encore un peu tôt pour l’affirmer de manière catégorique.
    — Comment, un peu tôt ? s’insurgea le commandant en fronçant les sourcils. Ne venez-vous pas de m’expliquer que vous vous portez garant du secrétaire particulier de Sa Majesté et que le comportement du père Francesco met son confesseur hors de cause ? Dans ces conditions, il ne reste plus que le comte de Chambord.
    — J’avais cru comprendre que vous teniez cette hypothèse pour absurde.
    — J’ai dit cela, moi ?
    — Dans mon souvenir, oui.
    Spaur haussa les épaules.
    — Les prémisses ont changé, affirma-t-il. Comme je vous l’ai expliqué, l’affaire demande maintenant à être traitée de Vienne.
    Il goba une nouvelle praline et sourit d’un air content de lui.
    — En tout cas, cette stratégie s’est révélée fort efficace. Sans

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