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Requiem sous le Rialto

Requiem sous le Rialto

Titel: Requiem sous le Rialto Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Remin
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réfléchissait à la question posée, mais qu’il se demandait quels avantages il pouvait tirer d’une éventuelle complicité.
    — Le comte de Chambord, dit-il enfin, a quitté le palais vers huit heures. Mais j’ignore à quelle heure il est rentré.
    — Et que pensez-vous qu’il fasse lorsqu’il s’absente la nuit ?
    — Je suppose qu’il va voir des femmes, lâcha le père Francesco avec un rire cynique, presque sardonique. Et tout porte à croire, reprit-il, que je ne me trompe pas.
    Il fit un pas en arrière et ouvrit son parapluie avec ostentation.
    — Que comptez-vous maintenant entreprendre, commissaire ?
    — Je vais informer le commandant de police de notre soupçon, répondit Tron. Cette affaire devient excessivement délicate, d’autant que le baron Spaur connaît le comte de Chambord.
    Il inclina le buste tandis que le prêtre hochait la tête en guise de salut, après quoi le commissaire le suivit des yeux jusqu’à ce qu’il eût disparu sous la pluie. Peut-être, pensa-t-il, le père Francesco réfléchissait-il déjà à la somme qu’il pourrait exiger en échange de son silence, au cas où leurs soupçons se vérifieraient. La sainte Église aurait de quoi se réjouir si un ancien éventreur montait un jour sur le trône de France.

41
    — L’idée que le comte de Chambord puisse être l’éventreur est absurde, commissaire.
    Le commandant de police jeta un regard furieux au-dessus de son bureau avant de fourrer une praline dans sa bouche. À côté de l’inévitable boîte de friandises, il avait ouvert à dessein la Gazzetta di Venezia à la page deux. Son humeur laissait à penser qu’il avait déjà discuté longuement avec son épouse de l’article consacré au meurtre en haut du campanile. Bien entendu, Mlle Violetta, comme Tron et Bossi continuaient de l’appeler entre eux, n’avait pas dû être enchantée par la nouvelle, ce que le baron allait certainement lui apprendre d’un instant à l’autre.
    — Je ne vous cache pas, poursuivit Spaur avec une voix d’outre-tombe, que la baronne n’est pas ravie de votre travail en ce moment.
    Et voilà ! Tron toussota pour dissimuler un sourire.
    — Elle a exprimé de sérieuses réserves, ajouta-t-il sur un ton toujours furieux, quant à la façon dont je dirige mes hommes.
    Il déballa une nouvelle praline, laissa tomber le papier par terre sans y prêter attention et soupira.
    — J’ai eu le malheur, hélas, de laisser entendre que l’affaire était pour ainsi dire réglée. Et maintenant, vous débarquez avec cette histoire !
    — Quelle histoire, baron ?
    — Une histoire à dormir debout ! Supposer que le descendant en ligne directe du Roi-Soleil puisse être un meurtrier est tout simplement grotesque.
    Le commandant jeta un coup d’œil sur le cadre contenant la photographie de Mlle Violetta.
    — Le comte de Chambord nous a invités chez lui et a ajouté sur le carton un compliment manuscrit à l’adresse de la baronne. Cela me paraît suffire pour le laver de tout soupçon.
    — Personne n’a prétendu, se risqua à répliquer Tron, que le comte de Chambord est l’assassin. Pour ma part, je tiens cette hypothèse pour invraisemblable. Néanmoins, il reste que, selon toute probabilité, l’homme poursuivi par l’inspecteur a trouvé refuge dans le jardin de son palais. C’est pourquoi il nous faut suivre cette piste.
    — Et ce père Francesco ?
    — Que voulez-vous dire ?
    — Beaucoup de prêtres détestent les femmes, lâcha Spaur. Si on les écoutait, il faudrait décréter le couvre-feu à dix heures du soir et envoyer à l’échafaud toutes les prêtresses de l’amour.
    La main du commandant de police s’abattit sur la Gazzetta , tel le couperet d’une guillotine.
    — Vous avez demandé son alibi à ce père Francesco ?
    Tron secoua la tête.
    — Il ne s’agissait pas d’un interrogatoire, baron, mais d’une conversation à la sortie de la messe. En outre, si votre soupçon était fondé, il aurait donné des signes de nervosité lorsque je lui ai raconté que, hier soir, Bossi avait poursuivi un homme jusqu’à la porte de jardin du palais Cavalli. Cela ne m’aurait pas échappé.
    Spaur réfléchit un instant.
    — Et le nouveau secrétaire particulier du comte ?
    — M. Sorelli est un parent éloigné de la princesse de Montalcino. Nous le fréquentons à titre privé. Vous aurez l’occasion de faire sa connaissance au bal masqué de ma mère.
    — Vous

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