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Retour à l'Ouest

Retour à l'Ouest

Titel: Retour à l'Ouest Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Victor Serge
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personne bien informée
que dans le Jehol, la culture du pavot est obligatoire. Un quart de la récolte
est laissé au fermier. Trois quarts sont réservés à l’armée du Kouan-Foung, qui
alimente ainsi le trafic d’opium qu’elle dirige vers la Chine… » Ne nous
indignons pas trop haut. Souvenons-nous plutôt du rôle que l’alcool a joué dans
les colonies des Européens…
    Or, depuis 1925 à peu près, la Chine, bouleversée par une
profonde révolution, est entrée dans une phase de réorganisation. Elle résiste.
Encore quelques années et elle ne sera plus un objet de conquête. La réforme
monétaire de 1935-1936, appuyée par Londres et Washington cause à Tokyo la plus
vive irritation. Il faut intervenir vite « pour maintenir la paix en Extrême-Orient
et empêcher la bolchevisation de la Chine », car telle est la mission du
Japon… Le 7 juillet 1937, des troupes nippones se livrent à des manœuvres de
nuit aux environs de Péï-Ping (Pékin), dans une contrée qu’elles occupent
contre tout droit, essuyant des coups de feu… Voilà le prétexte attendu. Aussitôt
connue cette « scandaleuse agression chinoise » la guerre commence, sans
déclaration de guerre. Tout se tient dans le monde moderne : la guerre
civile en Espagne préoccupe à ce moment la France et l’Angleterre, la
destruction des cadres de l’armée rouge par Staline paralyse l’URSS, les
encouragements de Mussolini et d’Hitler secondent l’entreprise japonaise. C’est
bien l’heure de frapper… Seulement, toute heure passe.

Extrême-Orient IV. Tchang Kaï-chek *
    3-4 septembre 1938
    Le maréchal Tchang Kaï-chek fait aujourd’hui figure de chef
de la résistance nationale à l’agression japonaise. Il exerce en Chine une
semi-dictature au nom des conseils du parti Kuo-Min-Tang – parti de l’indépendance
et de la régénération nationale – et d’une constitution à l’élaboration de
laquelle il a lui-même présidé et qui, d’ailleurs, n’est pas encore entrée en
vigueur. Sa fortune mérite de retenir l’attention ; elle témoigne de la
gravité de revirements politiques sans précédents dans l’histoire.
    Tchang Kaï-chek a cinquante-deux ans. Il apparaît sur la
scène politique à l’époque déjà lointaine où le gouvernement républicain et
révolutionnaire de Canton, formé par des amis du Dr Sun Yat-sen, en lutte avec
celui, conservateur, de Pékin, songe à former une petite armée moderne. Canton
n’a qu’un allié dans le vaste monde et c’est naturellement Moscou, capitale de
tous les opprimés. Des chefs militaires de l’armée rouge arrivés à Canton
fondent en mai 1924, sur le modèle des écoles militaires soviétiques, l’école
des cadets ou aspirants-officiers de Wampoo. Tchang Kaï-chek collabore avec eux.
Peut-être même leur doit-il le début de sa carrière. Les cadets de Wampoo font
merveille en maintes circonstances de guerre civile ; Canton leur doit la
vie et le Kuomintang sa supériorité sur les partis de réaction. À peine cette
jeune force militaire est-elle formée que Tchang Kaï-chek, nullement socialiste,
entend la mettre à la disposition exclusive de la bourgeoisie libérale en
conflit permanent avec le mouvement ouvrier. Il fait, le 20 mars 1926, contre
les syndicats, le parti communiste et les conseillers soviétiques son premier
coup de force, qui échoue. Canton a besoin des Russes.
    La Chine est, à cette époque, tout entière en effervescence.
Les paysans se soulèvent contre leurs exploiteurs féodaux et capitalistes ;
les ouvriers s’organisent, malgré la persécution, dans les ports et les centres
industriels ; les intellectuels sympathisent avec les masses ; la
nation entière se croit sur le point de secouer le joug des étrangers, d’abolir
les traités d’inégalité, de renaître… Quelques-uns des meilleurs élèves de l’Académie
de guerre de Moscou sont envoyés à Canton ; parmi eux Gallen qui se
révélera plus tard comme n’étant autre que le héros des partisans rouges de l’Oural,
Blücher. Gallen organise, prépare, dirige la campagne du Nord, cette marche
victorieuse de la petite armée cantonaise à la conquête de la Chine entière :
les provinces situées au nord de Canton, puis Shanghai, Nankin, Hankéou… Tchang
Kaï-chek est le chef nominal de cette armée, Gallen-Blücher en est le chef réel.
La révolution populaire, celle des paysans, des artisans, des ouvriers lui
procure d’étonnantes

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