Retour à l'Ouest
ceci, d’après des documents originaux,
à une époque où Blücher était encore à peu près inconnu).
En 1920, Blücher prend part à la bataille de Perekop qui
décide du sort de la Crimée blanche. En 1925, des agents soviétiques tentent d’établir
l’influence russe en Mandchourie ; un général chinois, acquis à leur cause,
Go-Soun-Lin, conspire contre Tchang So-lin qui a partie liée
avec le Japon, déclenche une sédition, est vaincu, capturé, exécuté sur la
place publique de Moukden, avec sa femme et tous ses proches. Blücher, dans ce
désastre que l’on cachera, sauve ce que l’on peut sauver… En 1927, sous le nom
de Gallen, c’est lui qui dirige l’organisation de l’armée chinoise de Canton, lui
qui donne à Tchang Kaï-chek les lauriers de la campagne du Nord terminée par la
prise de Shanghai.
Mais en 1930-1931, au plus fort de la collectivisation
forcée, pendant les procès des techniciens, dits du
parti industriel
et des vieux socialistes accusés de
fomenter l’intervention parce qu’ils ont prévu la famine, le nom de Blücher est
tout à coup prononcé à mi-voix. On aurait pensé à lui dans les milieux
soviétiques qui songent à écarter Staline, comme à l’un des chefs d’un
gouvernement possible, plus éclairé, plus populaire, que celui du « Secrétaire-Général… »
Il passe pour sympathiser avec la droite du parti, Tomski, Rykov, Boukharine.
On l’envoie alors en Extrême-Orient. Il y dirigera l’organisation
d’un vaste pays entièrement militarisé, qui constitue bien aujourd’hui l’une
des bases militaires les plus puissantes du monde, – vraisemblablement la plus
puissante.
Tous les journaux ont publié au sujet du maréchal Blücher, pendant
l’incident de Tchang-Kou-Feng, des notes d’une inspiration évidemment
officielle dont il importe de souligner la gravité. « Quelle est la
position exacte du maréchal Blücher par rapport au régime stalinien ? »
se demandait
le Temps
– très
bien informé, en général, le 11 août. D’autres feuilles laissèrent entendre que
Blücher agissait de son propre chef… Tous ceux qui connaissent l’extrême
centralisation du système soviétique, savent qu’un Blücher ne fait ni ne dit
jamais rien sans l’ordre ou l’autorisation précise du Bureau politique, c’est-à-dire
de Staline. Sans doute Staline, tout en le faisant agir se réservait-il de le
sacrifier. Car Blücher appartient à la génération révolutionnaire condamnée
tout entière et déjà fusillée dans la proportion des neuf dixièmes. Et il le
sait. De ses plus proches collaborateurs, plusieurs ont disparu l’an dernier. D’imprévisibles
changements au sein du régime pourraient seuls le sauver, non qu’il soit d’une
opposition inexistante, mais parce qu’au milieu des parvenus sans passé dont s’entoure
Staline, après l’extermination du parti de Lénine, il représente avec une
grandeur réelle les hommes extraordinaires de 1917-1927.
Extrême-Orient III. La thèse chinoise *
27-28 août 1938
La thèse chinoise est forte. Reconnaissons même qu’elle ne
saurait l’être davantage. Nous voilà bien avancés ! Car nous savons qu’il
est deux façons d’avoir tort, la pire étant d’avoir raison contre les puissants.
Le Japon est puissant et belliqueux ; le continent chinois vaste, divisé, plutôt
que pacifique. Depuis sa révolution de 1868, le Japon forme un empire militaire
supérieurement organisé pour l’exploitation de son propre peuple et la conquête
des pays voisins. La Chine, par contre, traverse semble-t-il le siècle troublé
qui leur échoit plusieurs fois par millénaires…
M. Jean Escarra expose dans un
copieux chapitre de son livre, au titre ironique,
L’honorable paix Japonaise…
(Grasset), – la longue série d’agressions
dont l’Empire du Milieu est l’objet de la part de l’Empire du Soleil levant. Comme
on pouvait s’y attendre, l’Empire du Matin calme – la Corée, – situé entre le
fauve et la proie a succombé dans ces luttes qu’il ne sera pas inutile de
sommairement récapituler.
M. Jean Escarra, avocat consciencieux du droit offensé,
remonte à plusieurs siècles en arrière. Ne le suivons pas si loin où nous
serions obligés de reconsidérer – selon le mot en vogue – toute la question ;
car la plupart des grands peuples ont été tour à tour conquérants et conquis ;
presque tous, dans les temps modernes, se sont livrés au brigandage
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